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Les frappes aériennes russes en Syrie mercredi sont parties pour durer. Loin d’être une intervention momentanée, la campagne va durer « trois à quatre mois » et s’intensifier, a promis vendredi 2 octobre Alexeï Pouchkov, le président de la commission des affaires étrangères de la chambre basse du Parlement russe, la Douma.

« Il y a toujours un risque d’enlisement, mais à Moscou on parle de trois à quatre mois d’opérations », a assuré sur Europe 1 M. Pouchkov. Il a souligné : « C’est l’intensité [des tirs] qui est importante », opposant la méthode russe à l’intervention de la coalition menée par les Etats-Unis qui a, selon lui, « fait semblant de bombarder Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] pendant une année » sans résultats.Les frappes russes du 30 septembre 2015 en Syrie.

Les frappes russes continuent de laisser circonspects les Occidentaux, qui s’interrogent sur le réel objectif du président russe Vladimir Poutine : vaincre les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) ou renforcer le régime du président syrien, Bachar Al-Assad ?

« Une nouvelle escalade » selon les Occidentaux

Vendredi, la Turquie, la France et les pays participant à la coalition contre l’EI ont d’ailleurs appelé la Russie à cesser immédiatement ses attaques contre l’opposition syrienne et à se consacrer à la lutte contre les djihadistes opérant en Syrie.

Dans un communiqué commun, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, la Turquie et les alliés arabes du Golfe estiment que l’intervention russe constitue « une nouvelle escalade » dans le conflit de nature à alimenter l’extrémisme :

« Nous exprimons notre profonde préoccupation face au déploiement militaire russe en Syrie et en particulier face aux attaques depuis hier de l’armée de l’air russe sur Hama, Homs et Idlib qui ont fait des victimes civiles et n’ont pas visé Daech. »

« Jusqu’ici, les Russes ont plutôt concentré leurs frappes sur l’opposition modérée que sur Daech et Al-Qaida. Les renseignements dont nous disposons l’attestent », a insisté le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, dans une interview au Monde. M. Poutine a, lui, estimé jeudi que les affirmations selon lesquelles des civils avaient été tués dans des frappes aériennes russes constituaient une « attaque médiatique ».

S’allier avec Assad, « une impasse »

Les zones d'influence des principales forces

D’après une source de sécurité syrienne, les avions de Moscou ont ciblé à Idlib et Hama « l’Armée de la conquête », une coalition regroupant le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida, et des groupes islamistes, qui combat à la fois Damas et l’EI.

Or l’EI est absent à Idlib depuis janvier, sa présence est marginale à Hama, et à Homs il ne se trouve que dans la région désertique et à Palmyre.

Sur le plan diplomatique, l’intervention russe en Syrie devrait être au menu de la visite à Paris vendredi du président russe, qui, avant de participer à un sommet sur l’Ukraine, va s’entretenir avec François Hollande à partir de midi. Mais les deux chefs d’Etat ont des points de vue opposés sur le sort à réserver à Bachar Al-Assad, que Moscou soutient.

M. Fabius a ainsi répété dans Le Monde la position de la France et souligné que « s’allier avec [Bachar Al-Assad], comme le suggèrent certains, ce serait perpétuer la guerre civile » :

« Au-delà de l’aspect moral – n’oublions pas que Bachar Al-Assad est responsable de 80 % des morts et des réfugiés –, cette perspective serait une impasse, et le départ d’Assad est au contraire une nécessité, au nom même de l’efficacité. Le chaos et le désespoir provoqués par Assad sont en effet les aliments les plus puissants de Daech. »

http://www.lemonde.fr/proche-orient/