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Yves Bourdillon 
  • Un sommet demi teinte l’Ukraine Paris

    Un sommet en demi teinte sur l’Ukraine à Paris – Alexei Druzhinin/AP/SIPA

Le sommet quadripartite (France, Russie, Allemagne, Ukraine) à Paris s’est achevé vendredi soir sans avancée significative dans le processus de Minsk visant à rétablir la paix en Ukraine orientale et à permettre une levée des sanctions occidentales contre Moscou.

Certes, l’Elysée a fait état de « progrès », Angela Merkel, la chancelière allemande, a évoqué lors d’un point de presse commun en soirée une « tonalité positive » et « de l’espoir malgré des retards » et les quatre chefs d’Etat de gouvernement se sont félicités que le cessez le feu soit enfin respecté pleinement depuis début septembre.

Ils ont cité en outre l’accord pour un retrait des armes lourdes signé mercredi entre Kiev et les forces séparatistes appuyées par des unités russes dans l’est du pays. Mais ils ont reconnu qu’il était à peu près impossible de constater l’aboutissement du processus de Minsk d’ici la fin de l’année, condition sine qua non pour une levée progressive des sanctions contre la Russie au premier trimestre 2016.

Des élections le 18 octobre

La principale pierre d’achoppement, l’organisation d’élections locales le 18 octobre décidée par les séparatistes de Donetsk, et le 1er novembre par ceux de Lugansk, n’a pas été levée. François Hollande a estimé que ces élections devaient « respecter la loi électorale ukrainienne », c’est à dire être organisée en accord avec Kiev, ce qui repousserait leur organisation à 2016. Il est donc à peu près certain, a reconnu François Hollande, que des élections locales conformes ne pourront être organisées avant la date prévue dans les accords de Minsk de février dernier.

Paris et Berlin attendent une application pleine et entière des accords de Minsk à la date fatidique du 31 décembre avant de proposer à leurs partenaires européens une telle levée des sanctions. Mais les impatiences sont plus grandes au sein du gouvernement allemand, dont le numéro deux, le social-démocrate Sigmar Gabriel, affirme que l’Occident a besoin du Kremlin dans d’autres crises, notamment en Syrie.

Tête à tête sur la Syrie

Un dossier qui s’était invité au sommet de Paris , même si les conseillers de François Hollande s’appliquaient à affirmer que la crise syrienne ne peut et ne doit se mêler à l’ukrainienne. Un entretien en tête à tête entre François Hollande et Vladimir Poutine avant le sommet a d’ailleurs été consacré intégralement à la question des raids russes en Syrie, et le président français a insisté sur les trois conditions exigées par Paris ; pas de « dégâts collatéraux », en clair pas trop de bavures, des raids russes visant exclusivement l’Etat islamique, alors que jusqu’à vendredi matin ils frappaient surtout les groupes djihadistes rivaux de l’EI, et un processus de transition aboutissant au départ de Bachar el Assad.

Angela Merkel a insisté sur le fait que l’EI est « l’ennemi commun que nous devons frapper ». Rien ne prouve que Vladimir Poutine, qui n’a pas participé au point presse avant de repartir à Moscou, soit prêt à ne frapper que l’EI, même si ses avions ont réellement frappé des cibles de ce dernier à Raqqa vendredi matin.

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