Le Nobel de la paix récompense la société civile tunisienne

Étiquettes

,

© Martin Bureau / MARTIN BUREAU, AFP

En récompensant le Quartette pour le dialogue national tunisien, le comité norvégien veut contribuer à la démocratisation du pays en soulignant l’importance du dialogue entre religieux et laïcs, dans une région où les révolutions ont pour la plupart échoué

Le comité Nobel de la paix, qui siège à Oslo, a décerné son prix 2015 au Quartette pour le dialogue national tunisien. Ce nom ne dira pas grand-chose au grand public. Il s’agit d’une coalition formée de représentants de la société civile (syndicats ouvriers et patronaux, juristes et organisation des droits de l’homme) qui a favorisé la reprise du dialogue en vue du vote d’une nouvelle Constitution, début 2014, alors que le pays menaçait de sombrer dans la violence suite à plusieurs meurtres de personnalités de gauche.

Ce prix a une forte dimension politique. Alors que l’Egypte est revenue à la case départ, que la Libye cherche à se reconstruire et que les massacres se poursuivent en Syrie, la tentation est grande de conclure à l’échec total des printemps arabes. Ce discours, entretenu par des nombreux Etats autoritaires, Russie en tête, a le vent en poupe, y compris en Europe.

En attribuant sa récompense aux Tunisiens – car c’est l’ensemble du pays qui pourra s’en prévaloir- le comité norvégien prend le contre-pied des thèses en vogue sur l’incompatibilité de la démocratie en terres musulmanes. La Tunisie fut le déclencheur des mouvements de révolution. C’est aussi, à ce jour, la seule transition réussie dans la région d’un pouvoir dictatorial vers une société plurielle et démocratique.

La société civile, «cruciale dans la démocratisation d’un pays»

«Le cours des événements en Tunisie depuis la chute du régime de Ben Ali en janvier 2011 est unique et remarquable pour plusieurs raisons, souligne le comité Nobel de la paix. Il montre tout d’abord que les islamistes et les mouvements politiques laïcs peuvent travailler ensemble et parvenir à des résultats au mieux des intérêts nationaux. […] La transition tunisienne montre deuxièmement que les institutions et les organisations de la société civile peuvent jouer un rôle crucial dans la démocratisation d’un pays.»

Conscient des défis auxquels sont confrontés les Tunisiens, le comité Nobel de la paix espère que cette distinction sera un encouragement pour que la paix continue à servir d’exemple. Le monde arabe en a en effet grand besoin. Ce prix tombe à point nommé pour redonner quelque peu confiance à une société civile qui avait de bonnes raisons de se sentir délaissée par la communauté internationale.

http://www.letemps.ch/monde

 

 

Les commentaires sont fermés.