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Raymond Barre aura laissé une forte empreinte à Bruxelles puis à Matignon. Un parcours politique fait de rectitude et de souci de la gestion publique. Une fourmi face à la cigale qui a inspiré les 35 heures en duo avec Madame Aubry. Si au FMI, il existe des DTS ( droits de tirage spéciaux ), il est avéré que DSK aura tiré sur la corde budgétaire de notre pays sans doute ni états d’âme. L’essentiel était de «faire gagner Lionel» en 2002 ce qui n’est pas de l’économie mais du triste velouté politicien au goût connu. Et tant pis pour la dette, engagements hors-bilan compris.
Réputés moins intelligents que DSK, un certain René Monory ou Pierre Bérégovoy auront libéralisé les prix (1978 ) et dynamiser l’épargne ( 1978 et 1983 ): autant de vrais chantiers d’envergure dont DSK ne saurait se targuer. Alors à quoi sert l’intelligence si elle n’est qu’astuce voire rouerie et non mise au service d’une ambition opérationnelle pour le pays?
Le bilan ministériel appelle donc à la prudence tout autant que le bilan de l’écriture. Etre économiste, c’est nécessairement transmettre: la longévité dans les librairies et dans les bibliothèques du Traité d’Economie Politique de Raymond Barre en fournit l’illustration éclatante. Privé de sa féconde collaboration avec Denis Kessler, DSK n’a pas eu la plume alerte ou inspirée à l’opposé d’Edmond Malinvaud, de François Morin ou même de Jacques Attali. Non, le Professeur Strauss-Kahn n’a pas laissé derrière lui un «Laubadère «, un «Hauriou» du droit constitutionnel, un «Burdeau» de la science politique, un «Odent» du contentieux administratif, un «Walliser» des sciences économiques.
Le brio intellectuel ne dispense pas du travail en amont et l’art de parler sans notes ne vaut que si les propos ont une trame et non un continuum faussement articulé.
Le premier Président Didier Migaud ( Cour des comptes ), le Professeur Bernard Debré, le prix Nobel Jean Tirole, Jean-François Dehecq ( Président d’honneur de SANOFI ) sont unanimement reconnus pour leur compétence. DSK, qu’on le veuille ou non, qu’on l’apprécie ou non, ne laisse pas ce sillon pur mais une image mitigée. Celle d’un excellent bretteur, celle d’un homme de réseaux ( voir son «carnet d’adresses «au FMI ) bien davantage que celle d’un homme de dossiers requérant un savoir-faire. D’ailleurs, la composition de ces équipes de proches collaborateurs est révélatrice: la France lui doit ainsi d’avoir mis sur rampe de lancement ce «cher» Monsieur Moscovici, lui aussi pétri d’une compétence que l’Histoire a déjà jugée.
On ne prête qu’aux riches, dit-on.
Mais alors pourquoi avoir été frayer dans le fonds «LSK» alors que Matthieu Pigasse ( Banque Lazard Frères ) a été un des subordonnés de DSK? Décidément, cet homme n’aime pas la ligne droite. Il est à l’économie ce que Bernard Darniche et sa véloce Alpine étaient aux lacets des routes du Tour de Corse.
Extraits de l’article de : DSK est-il vraiment un bon économiste ?
Par Jean-Yves Archer à lire sur http://www.lefigaro.fr/vox/economie/