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Hélène Buzzetti – et  Marie Vastel
Justin Trudeau et sa conjointe Sophie Grégoire accueillent avec amusement leur fille à Rideau Hall. M. Trudeau est arrivé à pied à la résidence du gouverneur général pour son assermentation à titre de premier ministre du Canada, entouré de ses ministres désignés.
Photo: Fred Chartrand La Presse canadienne Justin Trudeau et sa conjointe Sophie Grégoire accueillent avec amusement leur fille à Rideau Hall. M. Trudeau est arrivé à pied à la résidence du gouverneur général pour son assermentation à titre de premier ministre du Canada, entouré de ses ministres désignés.

C’est dans une ambiance de fête des grands jours, avec un public devenu paparazzi, que le nouveau premier ministre Justin Trudeau a dévoilé son cabinet mercredi, à Ottawa. Un conseil des ministres qui fait la part belle aux femmes, aux nouveaux venus en politique et aux Québécois. Le Parlement ne sera convoqué que début décembre, mais d’ici là, l’équipe Trudeau promet dès les prochains jours d’agir pour les communautés autochtones, l’aide à mourir et l’accueil de réfugiés.

Le nouveau leader du gouvernement aux Communes, Dominic LeBlanc, a annoncé d’entrée de jeu que le Parlement reprendrait ses travaux le 3 décembre. Le premier ministre prononcera son discours du Trône le lendemain.Comme promis en campagne, sa première mesure législative sera celle modifiant la grille fiscale pour réduire les impôts des revenus de 45 000 $ à 90 000 $ et augmenter ceux des gens qui gagnent plus de 200 000 $. Un transfert fiscal de 3 milliards, calculent les libéraux. Et une somme que devra débourser le « 1 % des plus riches contribuables » afin de soulager d’autant la classe moyenne.

Suffit d’une motion de voies et moyens pour y parvenir. « Avec une telle motion, le ministère des Finances peut procéder au changement d’impôt dès le 1er janvier », a expliqué M. LeBlanc.Le groupe de nouveaux ministres a du pain sur la planche, les libéraux ayant été élus en promettant une foule de changements.

À ce chapitre, la ministre des Affaires autochtones, Carolyn Bennett, a promis d’agir sur la commission d’enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées « dès que possible ». Mais les consultations ne sont pas pour demain. Mme Bennett veut d’abord mener des préconsultations avec les familles et des légistes, « afin de s’assurer qu’on s’y prend bien ».Les libéraux ont en outre promis d’accueillir 25 000 réfugiés d’Irak et de Syrie d’ici la fin de l’année. Est-ce faisable ? Oui, a certifié John McCallum, le nouveau ministre de l’Immigration et de la Citoyenneté — rebaptisé pour y inclure les Réfugiés. « Ça reste notre objectif. On va travailler très fort pour le réaliser », a-t-il indiqué. Il oeuvrera pour ce faire avec les provinces, des organisations non gouvernementales et des institutions internationales. « Il y a un grand nombre de gens qui aimeraient nous aider. »

Le temps file aussi pour répondre au jugement de la Cour suprême sur l’aide médicale à mourir. Ottawa doit légiférer d’ici février. La ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, a promis des nouvelles « dans les prochains jours ». Plusieurs s’attendent à ce que le fédéral demande un délai supplémentaire à la Cour.La parité, telle que promise

Le premier cabinet Trudeau compte 31 personnes, en incluant le premier ministre, dont 15 femmes. La parité, promesse électorale du chef libéral, est donc atteinte. Et les postes réservés aux femmes, bien qu’ils ne soient pas de nature économique, restent de très grande importance.« C’est un grand plaisir de présenter un conseil des ministres qui ressemble énormément au Canada », a lancé M. Trudeau à sa sortie de Rideau Hall. Quand on lui a demandé ce qu’il répondait à ceux qui estiment que la parité à tout prix peut compromettre la qualité d’un cabinet, il a lancé : « On est en 2015 ! »

Ainsi, Marie-Claude Bibeau décroche le Développement international, et Chrystia Freeland, le Commerce international. Jody Wilson-Raybould, ancienne chef autochtone de Colombie-Britannique qui a été procureure de la Couronne, est la première autochtone à s’occuper de la Justice. Mélanie Joly atterrit au Patrimoine. Judy Foote, une ancienne ministre terre-neuvienne, obtient les Services publics et l’Approvisionnement, nouvelle appellation des Travaux publics. Jane Philpott, une médecin ayant oeuvré en Afrique, obtient la Santé. Catherine McKenna devient ministre de l’Environnement et du Changement climatique, ce second titre étant un ajout au libellé habituel. De la même manière, la scientifique Kirsty Duncan devient ministre en titre de la Science. Ce poste était auparavant réservé à un ministre d’État, donc junior.Du sang neuf et de l’expérience

Le Québec obtient six postes au cabinet. Jean-Yves Duclos devient le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social. Ce ministère semble être le fruit d’une division du ministère du Développement social. Mais M. Duclos semblait toujours incertain des tâches qui lui reviendront. « J’en ai certaines idées, mais je préfère avoir les bonnes avant d’en parler », a-t-il affirmé à sa sortie de la rencontre des ministres, un événement auquel les médias n’étaient plus invités depuis l’arrivée de Stephen Harper au pouvoir.Un autre ministère a été divisé entre deux ministres : celui des Transports est maintenant séparé de celui des Infrastructures. De même, si Mme Duncan est ministre en titre des Sciences, il y a encore un ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, auparavant appelé de l’Industrie.

Bien que vingt postes aient été réservés à des élus nouveaux ou n’ayant pas d’expérience de cabinet, Justin Trudeau a confié à des élus d’expérience certains ministères-clés. Ralph Goodale est à la Sécurité publique, John McCallum à l’Immigration, Scott Brison au Conseil du trésor, et Carolyn Bennett aux Affaires autochtones.Le très puissant ministère des Finances, lui, est confié à un nouveau venu de la politique, mais vieux routier de l’entrepreneuriat, Bill Morneau. Et c’est au très éclectique Jim Carr, un hautboïste-journaliste-politicien provincial, que M. Trudeau confie les Ressources naturelles. Il sera très accaparé par les débats sur les pipelines.

Le très gros ministère de l’Industrie rebaptisé sera dirigé par le sikh Navdeep Bains, un ancien député qui revient à la Chambre après avoir codirigé la campagne libérale en Ontario. Autre novice, le vétéran sikh Harjit Sajjan dirigera la Défense nationale. Les Infrastructures reviennent à Amarjeet Sohi. Enfin, les Institutions démocratiques, un poste qui risque d’être sollicité avec les réformes qu’envisage M. Trudeau, revient à Maryam Monsef, réfugiée et première députée d’origine afghane.