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Depuis des années, les opposants à la sortie des banques centrales du cadre démocratique soulignent que cela tend souvent à leur faire servir les intérêts des banques privées. Nouvel exemple très choquant avec les révélations du Financial Times sur des rencontres très troublantes.

Suspicion de délits d’initiés

Il faut remercier la Tribune pour la publication de cette information, qui apporte de l’eau au moulin de tous ceux qui se sont émus de la nomination d’un ancien cadre dirigeant de BNP Paribas à la tête de la Banque de France. Déjà, en mai, « Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, avait révélé ‘par erreur’ des informations importantes sur les rachats de titres qui ne devaient être connues que le lendemain du public ». Le Financial Times rapporte également une rencontre en septembre, avec UBS, un jour avec une annonce importante, et une autre rencontre du même Benoît Coeuré avec un fond la veille de l’annonce du détail des rachats d’actifs en mars. Bien sûr, on peut penser que ces contacts ne sont pas anormaux et aucune preuve de communication illégale n’a été identifiée, pour le moment.

Pour la Tribune, « en rencontrant des grands banquiers pendant la tenue des réunions, les membres du directoire de la BCE ne peuvent s’empêcher de faire naître la suspicion (…) la Banque d’Angleterre interdit ce type de rencontres avec les acteurs du marché trois jours avant les réunions de politique monétaire. La BCE, de son côté, impose une « période de silence » pour les membres du directoire d’une semaine, mais uniquement vis-à-vis de la presse et de l’opinion. Apparemment, pas vis-à-vis des banquiers. Ceci rajoute à la suspicion ». Le quotidien économique critique aussi le fait que la BCE « reste son propre législateur » et ne se soumette pas à un minimum de transparence, et ose même poser la question de son indépendance dans la crise grecque et quelles ont été ses réelles intentions.

Oligarchie contre démocratie

Cette question est sans doute celle qui fait le plus mal si on considère le bilan de la BCE. D’abord, il ne faut pas oublier qu’elle a laissé se constituer une énorme bulle financière, avec une masse monétaire en hausse totalement déconnectée de l’économie réelle au début des années 2000, notamment dans certains pays d su sud la zone euro, comme l’Espagne. Mais outre cette très mauvaise gestion des vagues spéculatives récentes, le bilan de la BCE est aussi entaché par sa gestion des crises récentes. Comme le note la Tribune, elle privilégie le soutien aux institutions financières, comme avec l’injection de 1000 milliards d’euros. Quand au Japon, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou en Suède, les banques centrales ont acheté des titres d’Etat en masse, la BCE s’est concentrée sur les actifs financiers privés.

Son comportement pendant la crise Grecque a également été très politique, poussant une ligne Allemande, ce qui ne devrait pas être le cas d’une telle institution. D’ailleurs, le problème de cette pseudo indépendance, c’est qu’elle vaut surtout démocratiquement. Oui, la BCE est indépendante de la démocratie. D’ailleurs, elle l’est tellement qu’elle pousse toujours la même politique, sans jamais se remettre en cause, ni même pouvoir être remise en cause, une forme de dictature monétaire pseudo-éclairée, qui sert principalement les intérêts des banquiers, comme par hasard si nombreux dans ses rangs. Bref, les conflits d’intérêts sont patents et il est établi que cette indépendance relative est scandaleuse démocratiquement. Malheureusement, le thème est encore trop peu présent dans le débat politique.

Merci donc aux média qui démontrent les abus de pouvoir et les comportements critiquables des institutions comme la BCE, qui semblent pourtant intouchables dans la zone euro. Merci de montrer que cela pousse à des comportements qui devraient être le signal d’alerte pour les faire revenir dans un cadre démocratique, à savoir national seulement, et répondant aux représentants du peuple.

 

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