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Par Patrick Déniel 

 Alors que Carlos Ghosn et Emmanuel Macron bataillent sur la gouvernance, le syndicat dénonce l’état de l’outil de production et le déséquilibre de l’Alliance au détriment du constructeur français.


Crédits Pascal Guittet

« C’est au détriment de Renault et de ses salariés que l’Alliance est déséquilibrée ! ». C’est le message que tenait à faire passer le délégué syndical central de la CGT de Renault Fabien Gâche ce mardi 10 novembre lors d’une conférence de presse. Celle-ci intervenait suite aux passes d’armes de ces derniers jours entre Carlos Ghosn et Emmanuel Macron sur la place de l’Etat au capital du constructeur et le possible rééquilibrage de l’Alliance Renault-Nissan au profit du constructeur nippon.

« Nous sommes opposés à une fusion. Nous ne sommes pas contre une Alliance mais il ne faut pas que ce soit au détriment de l’un des deux partenaires, explique le responsable syndical. Aujourd’hui, le gouvernement ne se préoccupe que de la question financière et soutient l’orientation de Carlos Ghosn concernant l’intégration opérationnelle. Il est sourd à la réalité de l’entreprise. C’est irresponsable et cela risque d’être lourd de conséquence ».

« Sovietisation » de l’organisation du travail

Pour la CGT, Renault a été « vidé de sa substance ». En même temps qu’il a construit l’Alliance, « Carlos Ghosn a méthodiquement dévitalisé Renault au point de mettre en péril l’existence même de l’entreprise », dénonce le syndicat, citant les « investissements à minima, la suppression de milliers d’emplois, l’externalisation, la précarisation, la mise en concurrence exacerbée ». « Dans l’ingénierie, c’est Nissan qui pilote de plus en plus les projets Renault, insiste le syndicat. En tout cas qui décide de l’exécution ou non des projets par les équipes de Renault ».

Le secteur de la production est également très touché, insiste le syndicat. Sur les cinq sites de montage, alors que le nombre de véhicules produits cette année devrait revenir à celui de 2010 (soit 630 000 véhicules), les effectifs d’ouvriers sont passés de 12 470 à 8 470 personnes en CDI fin 2014.

Les effectifs des techniciens et agents de maîtrise sont passés de 4 417 à 2 997 personnes, tandis que les cadres sont passés de 645 à 544 personnes. Le groupe fait dans le même temps un appel massif aux intérimaires. Le syndicat dénonce une « soviétisation de l’organisation du travail ».

« 80 % d’intérimaires à Flins »

« Flins, souvent cité en exemple, fonctionne avec 80 % d’intérimaires, quand certains constructeurs considèrent qu’au-delà de 9% c’est problématique. 80 % des voitures qui y sont produites nécessitent des retouches, affirme Fabien Gâche. Le directeur de l’usine lui-même en appelle aux syndicats, faute d’être entendu par la direction. Au Mans, il n’y a pas eu depuis longtemps d’investissements sur les machines qui datent des années 80. Dans certains secteurs de production, on atteint 20 ou 30 % de rebut. Alors on embauche des intérimaires pour trier les pièces… Résultat, nous avons plus de 100 000 disques de frein de retard sur le Captur. Nous sommes actuellement incapables de livrer la demande, et nous atteignons des délais de plus de six mois selon les modèles ».

http://www.usinenouvelle.com