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Interview au Parisien

FRANCOIS FILLON. Je ressens d’abord une immense tristesse vis-à-vis des familles qui ont perdu leurs proches. Je ressens de l’admiration pour les forces de l’ordre qui ont été exemplaires. Et je ressens une très grande colère contre les totalitaires islamiques qui nous ont déclaré la guerre et qui doivent s’attendre maintenant à payer le prix de leur crime.

C’est-à-dire ?

Pour ceux qui en doutaient encore, nous sommes entrés dans une forme de conflit mondial. J’ai soutenu l‘engagement militaire contre l’État islamique. A partir du moment où on a décidé d’aller sur le terrain de la guerre, j’exige que nous nous donnions les moyens de gagner cette guerre. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Il faut notamment intensifier les attaques contre Daech en Syrie ?

Ce n’est pas avec quelques bombardements aériens qu’on éradiquera l’État islamique. Mais en décrétant une mobilisation mondiale, sans tabou, sans posture. C’est-à-dire en utilisant tous les moyens et sans faire le tri de nos alliés, y compris le régime de Bachar-el-Assad. Et je pense aussi qu’il faudra une intervention au sol. Le mieux étant qu’elle soit conduite par les force des pays de la région.

Sur le plan de la sécurité intérieure, que peut-on faire de plus ?

Mon épouse est Britannique. Etudiante à Londres, elle a connu la guerre avec l’IRA (Ndlr, l’Armée républicaine irlandaise). A cette époque, on ne rentrait pas dans un cinéma sans être fouillé. Il y avait des mesures de sécurité, une façon de vivre, des habitudes qui avaient été prises et qui était liées à cet état de guerre. Nous devons nous aussi nous habituer à cela.

Comment voyez-vous renforcement du dispositif de sécurité ?

D’abord par le renforcement des services de renseignement. C’est fondamental. Car objectivement, comment une opération de cette envergure-là à pu passer complètement inaperçue ? Et il y a aussi des mesures exceptionnelles à mettre en place pour écarter un certain nombre d’individus connus. On devrait pouvoir les assigner à résidence, restreindre leur possibilité de déplacements…

La gauche serait prête à entendre cela ?

Le consensus ne peut plus être purement symbolique. On ne va pas faire une marche pacifique pour impressionner les gens de l’État islamique. On est dans une guerre avec eux. Elle est en train de prendre l’aspect de la guerre totale, on doit donc appliquer des mesures exceptionnelles.

Comme les Américains avec le patriot act ?

On n’a pas besoin d’instruments législatifs supplémentaires. Les mesures que je propose, notamment les expulsions des étrangers et les mesures administratives à l’égard des Français considérés comme dangereux, peuvent être prises dans le cadre de notre législation, notamment dans le contexte de l’état d’urgence.

La campagne des régionales et suspendue. Faudrait-il repousser la date des élections ?

Sûrement pas ! Un pays démocratique qui bougerait la date de ses élections parce que les islamistes l’ont décidé perdrait toute crédibilité.

Et la Cop 21 ?

Non plus. Si la cinquième puissance du monde n’est pas capable d’organiser un évènement international parce qu’elle se trouve sous le coup d’une attaque terroriste, c’est un signe terrible de faiblesse. Je propose en revanche que ce rendez vous mondial soit aussi consacré à la lutte contre le terrorisme islamique.

Paris est candidate aux JO : ce serait un geste symbolique de la part des pays étrangers de se prononcer pour cette candidature ?

Bien sûr. Ce serait un geste fort de solidarité et de confiance.

François Hollande réunit le congrès lundi, qu’en attendez-vous ?

Qu’il dise qu’il va changer de stratégie au Proche-Orient, renforcer la sécurité intérieure, dialoguer vraiment avec l’opposition sur la construction d’une politique d’unité nationale. Ce qui a manqué après les attentats de janvier, c’était une écoute de l’opposition et de ses propositions.

Interview au Parisien