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Interview à Nice Matin
La France est en guerre et frappe Daesh sur ses terres, est-ce la bonne méthode ?
Il faut dire la vérité. Quand on fait la guerre on s’expose a des représailles. Je suis favorable aux frappes françaises car on ne peut pas laisser se développer un totalitarisme islamique qui peut incendier une partie du monde. L’axe du fanatisme court du Pakistan jusqu’au Nigéria. Les erreurs de la diplomatie américaine, européenne et française ont permis depuis trois ans à ce monstre de se développer et d’acquérir la puissance qui est la sienne aujourd’hui. Nous n’avons aucune chance de gagner cette guerre avec pour seule stratégie celle des bombardements aériens.
Faut-il des troupes au sol ?
Il faut accentuer l’effort militaire. Si mes chiffres sont exacts, la totalité des frappes françaises depuis le début des opérations représente moins d’une journée de frappes russes depuis qu’ils sont rentrés en guerre en Syrie. Il faut que cet effort aérien soit coordonné avec ceux qui se battent sur le terrain. Qui ? Les Kurdes, les Iraniens, les Russes et l’armée nationale syrienne… Sans coordination militaire avec tous ces combattants pour reprendre le territoire occupé par l’EI, on y sera encore dans dix ans.
Il faut donc « travailler » avec des gens considérés comme infréquentables il y a peu ?
C’est nécessaire. Il faut privilégier la sécurité de la France et de l’Europe en abattant ceux qui combattent sur notre sol et qui menacent tout le proche orient. Si on ne soutient pas l’engagement russe c’est que l’on se résigne à l’idée que l’État islamique va prendre Damas, puis le contrôle total de la Syrie.
Chez Les Républicains vous n’avez pas tous la même vision du dossier. Vous êtes ainsi en opposition à Nicolas Sarkozy sur la question de Bachar Al Assad …
J’ai le sentiment que les événements actuels me donnent plutôt raison. La stratégie du ni-ni : ni Bachar el-Assad, ni Etat Islamique est sans issue. Je suis convaincu que Bachar el-Assad n’a pas d’avenir à long terme à la tête de la Syrie, compte tenu du sang versé, mais l’urgence est militaire. Il s’agit de gagner un combat vital. On ne le gagnera pas sans une coopération avec les forces syriennes sur le terrain. Je trouve que le gouvernement français fait preuve d’hypocrisie. Car pour bombarder la Syrie depuis le Charles de Gaulle, je n’imagine pas que les avions français s’engagent sans prévenir, en amont, les défenses syriennes.
Il y a une ambiguïté gouvernementale selon vous ?
Il y a une contradiction : François Hollande ne peut pas vouloir une coalition internationale et ne pas s’en donner les moyens. J’ai demandé qu’on lève cette contradiction avec deux actes. Le premier, c’est l’ouverture d’un poste diplomatique à Damas permettant de renouer des relations techniques avec les services syriens. Le second, c’est la levée des sanctions économiques à l’encontre de la Russie.
Le discours de Hollande au congrès ?
La réunion du Congrès a démontré l’unité de la nation et la solidité de la démocratie. Elle fut digne. Sur le fond, il y a incontestablement un revirement de François Hollande. En politique étrangère, il contredit tout ce qu’il dit depuis trois ans. Je l’ai interpellé à maintes reprises sur la nécessité d’une coalition internationale avec la Russie. Il m’a répondu « jamais ». Quand je l’ai interpellé sur la coopération avec le régime syrien il a toujours répondu « non ». Même déni sur les questions de sécurité intérieure.
La réforme de la Constitution ?
Nous ne la réclamions pas et elle ne me paraît pas, à priori, nécessaire. Je ne vois pas en quoi la Constitution empêche aujourd’hui le gouvernement d’agir.
Les moyens accrus dans la police, la douane, sont-ils suffisants ?
Plus de moyens est nécessaire. Les effectifs de police et des forces de sécurité ont diminué depuis longtemps. Les 35 heures ont réduit leur capacité d’action. Et la crise financière de 2008 nous a contraints à diminuer les effectifs. J’en assume ma part de responsabilité.
C’était une erreur ?
Au regard de la situation actuelle, oui. Mais à l’époque l’ennemi s’appelait la crise financière. Il n’y avait pas de menace terroriste de la puissance de celle qu’on affronte aujourd’hui. A l’avenir, il faut continuer à diminuer la dépense publique, mais l’effort ne doit pas porter sur les forces de sécurité ni sur les armées. La défense est une priorité. Des pays comme l’Allemagne ont choisi une certaine forme de neutralité militaire et ils espèrent qu’elle les mettra à l’abri des attentats. La France n’est pas neutre.
L’Allemagne ne joue pas le jeu ?
Elle a fait le choix de la prudence pour des raisons historiques. Les Allemands pensent que la France et le Royaume-Uni ont seuls vocation à défendre l’Europe. Cette position n’est plus tenable.
Le Parisien a révélé hier que certains des salariés de la RATP étaient fichés « S », c’est normal ?
Ce laxisme n’est plus acceptable ! Il faut arrêter l’angélisme concernant le croisement des fichiers. Sur les questions de sécurité, il faut un travail en commun entre la police, la justice, et les organisations de transports.
François Hollande privilégie le pacte de sécurité au pacte de stabilité, c’est la bonne option ?
Selon mes estimations, en 2016, les efforts annoncés en matière de sécurité coûteront moins de 500 millions d’euros. Franchement, sur le budget de l’État, ces dépenses supplémentaires ne devraient pas remettre en cause le pacte de stabilité.
Vous sous-entendez que le gouvernement s’abrite derrière la situation ?
Je crains que François Hollande ne se dise qu’il a une occasion de s’affranchir des contraintes budgétaires au nom des impératifs de sécurité.
Où trouver l’argent ?
Je lui propose plusieurs pistes, réintroduire le jour de carence des fonctionnaires qu’il a supprimé. Réformer ou supprimer l’aide médicale d’État qui a dépassé 1,2 milliard d’euros cette année. Revoir sa promesse de création de 60 000 postes dans l’Éducation nationale. Il y a des solutions pour garantir notre souveraineté financière qui contribue à notre indépendance nationale !
Elections régionales
Christian Estrosi est-il le bon candidat pour faire face au Front national ?
La région PACA a besoin d’un républicain solide, efficace et expérimenté. Christian Estrosi a tout mon soutien car il est le meilleur pour cette région et il est un rempart contre le Front national.
Le Front national peut-il gagner en PACA ?
Je ne le crois pas. Au second tour les citoyens ne laisseront pas des équipes extrémistes et si peu compétentes prendre le contrôle de leur région.
L’actualité terroriste peut-elle influer sur le scrutin ?
C’est possible. Il ne faut pas céder à la peur et à la démagogie. Le rôle du responsable politique est de se battre pour des valeurs. La gauche a échoué et l’extrême droite n’a pas de projet. Christian Estrosi est le seul à pouvoir développer la région et contribuer à l’autorité de la République.
