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Annick Hovine 

Belgique Pour le ministre Madrane, c’est l’incohérence des pays occidentaux qui conduit les jeunes à ne plus croire en la démocratie. « Prenons l’Arabie saoudite. On s’y précipite lors de missions économiques pour y conclure des contrats alors qu’on sait bien que c’est un des pays qui ont un double jeu sur les questions liées à l’islam. Le péché originel, en Belgique, a été de confier les clés de l’islam en 1973 à l’Arabie saoudite pour s’assurer un approvisionnement énergétique », dit il. « Sans doute qu’à l’époque, cela se justifiait après le choc pétrolier. Mais le résultat, c’est que la pratique de l’islam apaisé qui était celle des personnes qu’on a fait venir du Maroc dans le cadre d’un accord bilatéral, a été infiltré par du wahhabisme, du salafisme ».On constate que l’immigration marocaine à l’étranger est beaucoup plus touchée par ce phénomène, poursuit Rachid Madrane. « C’est cela qu’on paie aujourd’hui. On est face à des stratégies et à des positionnements incohérents et on tient nous-mêmes des discours incohérents.

L’influence du wahhabisme est-elle encore présente aujourd’hui sur l’islam en Belgique? « Il faut que les musulmans s’interrogent sur la manière dont le culte s’organise dans les pays qui ne sont pas musulmans. C’est très difficile parce qu’il n’y a pas de clergé, d’autorité légitime audible, reconnue par l’ensemble de la communauté musulmane et qui serait l’interlocuteur des autorités. La Belgique a essayé d’organiser le temporel, les bâtiments, les mosquées… Mais il y a un islam clandestin, très minoritaire, avec des pratiques rigoristes qui posent question en Occident mais aussi dans les pays arabes et musulmans », répond le ministre Madrane.

« C’est pour ça que le monde musulman doit se questionner aujourd’hui. Ce sont des courants dangereux, sectaires, qu’il faut éradiquer. Le monde musulman se trouve face à ce défi. Il y a une nouvelle génération de musulmans qui prônent un islam plus progressiste mais qui disent aussi; ce qu’on souhaite, pour les générations à venir, ce sont des imams formés ici, qui s’expriment en français, en néerlandais… Je pense que c’est une nécessité. Il y a encore en Belgique des gens qui ont une pratique rogoriste de l’islam et dont il faut se méfier. »

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