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Discours prononcé ce soir à Montluçon, en Auvergne.

Mes amis,

Nous sommes rassemblés pour soutenir Laurent Wauquiez aux élections régionales dans un contexte dramatique.

130 personnes sont mortes sous les balles des terroristes, 352 ont été blessées dont plusieurs dizaines sont encore entre la vie et la mort.

Nous avons le cœur serré et beaucoup d’entre vous ont peut-être hésité à venir à cette réunion publique.

Mais nous sommes là !

Nous sommes là parce que les terroristes n’imposeront pas la peur. Parce que nos morts nous interdisent de nous taire.

S’il est normal que la vie démocratique reprenne ses droits, nous devons nous unir avec les familles des victimes, avec ceux qui cherchent encore dans les hôpitaux leurs proches disparus.

Un peuple civilisé laisse parler son cœur.

Un peuple civilisé s’unit à la douleur des familles ; il respecte leur deuil, leur souffrance.

Un peuple civilisé oppose aux terroristes une foi inébranlable dans la liberté, la tolérance, le respect de la personne humaine.

Un homme qui a perdu son épouse dans les massacres a publié une lettre poignante aux assassins. Il leur écrit :

Vendredi soir, vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils, mais vous n’aurez pas ma haine. Si ce dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur. Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus forts que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas de temps à vous consacrer car je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a dix-sept mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours et puis nous allons jouer comme tous les jours, et toute sa vie, ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre ».

Ce mari, ce père, donne une leçon de courage et d’humanité aux barbares mais aussi une leçon de dignité à ceux qui croient pouvoir profiter des évènements pour faire prospérer leurs calculs politiques.

Bien sûr, la cohésion nationale ne signifie pas le silence démocratique : nous avons droit à la critique et aux propositions, mais chacun doit se comporter avec le sens de l’honneur.

Notre démocratie joue gros.

Elle doit, d’un côté, se défendre contre des adversaires qui veulent sa peau, et, de l’autre, elle doit préserver son âme.

Ce ne sont pas une dizaine d’assassins qui vont détruire la société de liberté et de respect de la personne pour laquelle nos ancêtres se sont battus et sont mort par milliers.

Pour la préserver, nous qui demandons au peuple français d’être grand dans l’épreuve, il nous est interdit d’être petits dans le débat public.

Parmi tous les morts figurent beaucoup de jeunes.

C’est la jeunesse qui était d’abord visée : ses espoirs, sa gaîté, sa curiosité, son goût des rencontres, tout cela est insupportable aux totalitaires islamiques. Une certaine idée du bonheur devait être massacrée, et c’est ce que les tueurs ont fait !

Mais le pire parmi le pire, c’est que le carnage fut commis par des jeunes Français comme s’il s’agissait de bien signifier à cette jeunesse généreuse que son ennemi est là, parmi elle, bien décidé à transformer ses 20 ans en enfer.

Pour chaque victime, nous prenons la parole pour défendre la vie qu’elle aimait !

Cette vie où l’on déambule dans Paris, où l’on se retrouve au concert, à la table d’un bistrot entre amis.

Cette vie à la française où le débat et l’humour sont permis ; où les femmes sont belles et pas recouvertes de noir.

Cette vie où l’on peut croire en Dieu où ne pas y croire.

Cette vie où l’on s’exprime par son vote et non par les armes.

Cette vie où les mots de liberté, d’égalité et de fraternité ont encore un sens.

Oui, pour cette vie-là qui a été volée à des innocents, nous prenons la parole et nous allons nous battre !

Devant chaque assassin qui cherche à nous épouvanter, opposons notre sang froid.

Devant chaque assassin qui nous croit faible, opposons l’efficacité de nos forces de sécurité à qui nous ne rendrons jamais assez hommage.

Aux policiers, gendarmes et militaires qui risquent leur existence pour sauver la nôtre, nous disons « merci ».

Devant chaque assassin qui méprise notre pays, nos valeurs, notre démocratie, opposons notre fierté d’être français. Cette fierté, c’est la fierté d’une nation qui a 2000 ans d’histoire, qui vient de loin et qui en a vu d’autres.

Nous allons résister et nous devons vaincre.

La victoire ou la défaite se jouent d’abord au Proche-Orient, puisque c’est là que se situe l’Etat Islamique qui donne ses ordres, finance sa propagande et ses réseaux, forme les apprentis djihadistes, chasse sur les routes de l’exode des millions de réfugiés qu’il nous est impossible d’accueillir.

Lorsqu’on fait la guerre, il faut se donner tous les moyens de la gagner !

Depuis la naissance du monstre qu’est l’Etat Islamique en Irak et au Levant je n’ai cessé de réclamer une coalition mondiale, intégrant la Russie, l’Iran et le régime syrien d’Assad.

J’ai été longtemps seul, accusé de soutenir des dictateurs, jusque dans ma propre famille politique.

Je n’ai aucune sympathie pour les dictateurs mais je vois monter une terrible menace pour le monde : une nouvelle folie totalitaire. Après le nazisme qui voulait dominer le monde et imposer la supériorité d’une race sur toutes les autres, après le communisme qui voulait façonner par la force l’homme à l’image d’une créature idéale, voilà le totalitarisme islamique qui veut asservir le monde au nom d’un Islam dévoyé.

Ce totalitarisme islamique a déjà réussi à déstabiliser un immense territoire qui s’étend du Pakistan en Asie au Nigéria en Afrique.

Il a entrepris d’éliminer les chrétiens d’Orient et d’égorger tous les musulmans qui ne se plient pas à son idéologie de mort.

Ce monstre n’était encore qu’une flammèche il y a 18 mois. Nous aurions pu l’étouffer dans l’œuf en unissant nos efforts.

Au lieu de cela nous avons préféré engager un bras de fer avec la Russie, lui imposer des sanctions qui ruinent nos agriculteurs, gaspiller des centaines de millions qui auraient pu être utile pour nos services de sécurité ou nos armées en refusant de vendre à Moscou des navires de guerre construit par nos ouvriers à Saint Nazaire.

Nous nous sommes opposés jusqu’à la dernière minute à tout accord avec l’Iran sans qui il ne saurait avoir de solution en Syrie.

Nous avons armé des forces qui s’opposent au régime syrien sans voir que cela ne pouvait que profiter à l’Etat Islamique et à ses complices.

Nous avons systématiquement refusé toutes les propositions de coopération émanant des services de renseignement syrien sur les djihadistes français, nous privant ainsi d’informations précieuses qui auraient renforcé notre capacité à déjouer les attentats.

Le résultat est terrible : nous avons désormais en face de nous un Etat islamique, de fait, disposant de moyens considérables, d’armes, de combattants qui n’a plus rien à voir avec l’organisation terroriste du début.

Je refuse de l’appeler « Daech » qui n’est que l’acronyme arabe de l’Etat Islamique en Irak et au Levant. C’est encore une manière de ne pas nommer notre adversaire, de ne pas en prendre la dimension, de faire croire aux français que c’est une organisation terroriste comme les autres, alors qu’il est aux portes de Damas et à portée de canons de Bagdad, prêt à réaliser son rêve de califat.

Les seules forces qui peuvent l’empêcher d’accomplir ce cauchemar sont les courageux Kurdes que l’armée turque d’Erdogan bombarde, les iraniens avec lesquels nous refusons de parler et l’armée nationale syrienne que nous combattons !

Notre seule contribution à la lutte contre l’Etat Islamique a été pendant un an quelques bombardements effectués par nos courageux pilotes de l’armée de l’air et de la marine qui ont eu pour effet d’accroitre notre exposition au terrorisme sans porter de coups décisifs à l’ennemi.

Cette stratégie qui est aussi celle des Etats Unis s’est révélée un désastre.

Il est temps d’en changer !

Maintenant que le sang a coulé dans nos rues, la France semble enfin décidée à le comprendre.

Mais il faudra plus qu’un discours à Versailles pour m’en convaincre.

Je réclame des preuves de la mise en œuvre de ce virage stratégique :

L’ouverture sans délai à Damas d’un poste diplomatique permettant d’établir une relation avec les autorités syriennes.

La levée des sanctions économiques contre la Russie. Comment croire que nous pourrions demain combattre côte à côte avec des russes auxquels nous imposerions en même temps des sanctions ?

Je me félicite que le Président de la République ait enfin compris qu’il s’était fourvoyé dans une voie sans issue mais je suis en colère devant ce temps perdu, devant ces victimes innocentes, devant cette impuissance coupable.

La semaine prochaine, à l’Assemblée nationale, je voterai avec Laurent et mes amis Républicains pour la poursuite de nos opérations militaires en Syrie, mais François Hollande doit savoir que ce vote n’est pas sans critiques pour le passé, ni exigences pour l’avenir.

Contre le totalitarisme islamique, le combat est également national.

Ça n’est pas à nous qu’il faut expliquer que la liberté et la sécurité vont de pair. Contrairement à certains, nous n’avons jamais versé dans l’angélisme.

Notre pays doit se défendre et pour cela il faut dire la vérité et assumer les actes qui vont avec.

La vérité, c’est que nous sommes en guerre et je n’ai personnellement pas attendu la tragédie de vendredi dernier pour le dire.

La vérité, c’est que les risques de représailles sont là. Nul n’est à l’abri et tout n’est malheureusement pas fini avec l’assaut réussi à Saint-Denis.

La vérité, c’est que l’adversaire vit parmi nous et que l’islamisme est le foyer de son idéologie.

La vérité, c’est que certains de nos concitoyens préfèrent mourir pour un califat intégriste que de vivre dans la patrie des droits de l’Homme.

Face au péril, pas de naïveté !

Il fallait l’état d’urgence et nous l’avons voté sans hésiter. Maintenant, les actes doivent suivre.

Il faut renforcer nos moyens policiers et militaires.

Il faut contrôler nos frontières nationales aussi longtemps que la menace durera.

Il faut pouvoir perquisitionner partout où il y a des indices et des risques.

Il faut réinvestir les quartiers où les armes pullulent.

Il faut pouvoir arrêter, interroger les suspects, condamner sans délais les coupables et leurs complices.

Il faut déchoir de leur nationalité ceux qui menacent la France, expulser les étrangers qui n’ont rien à faire chez nous.

Il faut faire taire ces attardés qui expliquent à notre jeunesse que les violons et les guitares sont impies, que chanter et danser peut nous transformer en singe ou en porc !

Comme l’a réclamé courageusement l’imam d’Alfortville « il faut nettoyer les mosquées salafistes ».

Ça ne dépend pas seulement de l’Etat.

Il revient à nos concitoyens musulmans de se soulever contre ceux qui instrumentalisent leur foi.

Il leur appartient de dénoncer le moindre écart aux valeurs républicaines, car c’est aussi une bataille idéologique et spirituelle qu’il faut livrer tous ensemble et sans état d’âme.

Notre nation connait le prix sanglant des guerres de religion, et le combat pour la laïcité ne date pas d’aujourd’hui.

Lorsque j’étais ministre de l’Education, j’ai fait appliquer l’interdiction du port du voile à l’Ecole, et, en tant que Premier ministre, celle de la burqa.

L’Etat a autrefois exigé de la religion catholique qu’elle respecte les valeurs de la République. Au nom de quoi devrions-nous exonérer la religion musulmane de cette exigence ?

Ces jours-ci, on parle beaucoup de la République. C’est abstrait.

Moi, je dis la « République française » !

Quelles que soient nos religions, nos origines, dans la République française personne n’a le droit de penser que sa foi ou sa coutume sont supérieures à la Loi.

La France n’est pas n’est pas une addition de communautés et de clans, c’est une nation qui a une histoire, une culture, un drapeau et chacun doit les respecter.

Face aux terroristes, nous ressentons-tous un besoin de fraternité.

Mais la fraternité se construit aussi quotidien !

Comment être fraternel, quand dans votre cité les voyous font fuir les honnêtes gens ? Désolé, mais Madame Taubira n’est pas à la hauteur de l’exigence d’autorité qui émane du pays.

Comment être fraternel si nous ne savons pas intégrer et assimiler les étrangers qui nous rejoignent légalement ? Il est temps de réduire l’immigration à son strict minimum et de préciser à ceux que nous avons choisi d’accueillir, ce que nous attendons d’eux.

Comment être fraternel, lorsque l’Ecole n’est plus capable d’amener chaque adolescent vers le meilleur de lui-même.

2 millions de jeunes français ne sont ni à l’école, ni en formation, ni dans l’emploi. C’est une bombe à retardement pour l’avenir de la nation.

Que manque-t-il à notre système éducatif ?

L’autorité, car l’Ecole de la République est le contraire de l’école de la rue.

L’autonomie pour un pilotage par des chefs d’établissements ayant le pouvoir de choisir leurs enseignants, d’adapter leur projet éducatif aux réalités du terrain.

Une concentration des efforts éducatifs autour de la transmission des savoirs fondamentaux et des vertus civiques.

Une plus grande ouverture sur le monde professionnel car l’alternance et l’apprentissage sont les meilleurs outils pour lutter contre le chômage des jeunes.

On parle ces jours-ci d’une réhabilitation du service militaire…

Mais c’est avant l’âge de 18 ans qu’il faut éduquer et faire partager des valeurs… Bref, c’est à l’Ecole et au Collège qu’on doit apprendre à respecter les règles !

Et s’il faut pour cela des symboles, je propose de développer l’uniforme à l’Ecole, qui rappellera que chacun est l’égal de l’autre.

Mais à côté de l’Ecole, je veux rappeler le rôle de la famille.

L’Etat ne peut pas s’occuper de tout. C’est aux parents de dire à leurs enfants où est le bien et où est le mal.

C’est à eux d’expliquer que l’élève n’est pas l’égal de son professeur. C’est à eux de faire en sorte qu’à 20 heures, leurs fils et filles soient à la maison et pas dans la rue.

C’est à eux de surveiller ce que leurs adolescents regardent sur le net.

C’est à eux de faire aimer la France.

Oui, mes amis, face au fanatisme, le combat est global : il est politique, militaire, sécuritaire, culturel, éducatif car c’est toute notre nation qui doit faire bloc et se retrouver un horizon commun.

Oh je sais bien que ce n’est pas notre taux de chômage, ni le niveau de nos impôts ou de nos déficits qui ont armé les assassins, mais je sais aussi qu’une nation résiste d’autant mieux qu’elle sent sa force d’avenir en elle.

Il est urgent de donner aux Français ce qui leur manque : je veux parler de la chance de vivre dans un pays qui avance, qui crée des emplois, des richesses, des opportunités, qui offre aux plus modestes d’entre nous le pouvoir de monter les échelons de la réussite.

Désindustrialisation, chômage de masse, dette étouffante, fuite des talents, voilà la rançon de nos hésitations depuis trop d’années. Et tout ceci a été aggravé par la politique calamiteuse menée depuis 2012.

Trop de promesses, trop d’impôts et pas de réformes de fond ont tout enrayé.

Dans cette région, Laurent Wauquiez a entendu, tout comme moi, la détresse des Français.

Sur le plan économique et social, notre pays se traine et dans chaque profession, dans chaque famille, il y a un doute terrible sur la capacité à aller au bout de nos rêves.

Il faut totalement rénover notre système.

En 1789, la République française, fut une révolte. Aujourd’hui encore, il y a des bastilles qui doivent tomber.

Et elles doivent tomber, là où la rigidité du code du travail exclut ceux qui cherchent un travail ; là où l’excès de fiscalité décourage les talents ; là où la barrière des réglementations bloque l’innovation ; là où l’opium des déficits nous endort ; là où le nivellement par le bas noie le mérite de ceux qui n’ont, dans leurs mains, que leur audace.

Partout ces jours ci, la Marseillaise est chantée et je vois des drapeaux tricolores.

Les terroristes pensaient que nous étions incapables de sursaut. J’ai lu le récit de ces Français, qui, sur les lieux des attentats, ont été braves.

Au Bataclan, certains couvraient de leurs corps leurs voisins, d’autres protégeaient ou secouraient les victimes. Et puis, nous avons vu de quoi sont capables nos policiers, nos pompiers, nos médecins.

Nous ne sommes pas des anonymes. Nous sommes la France !

Notre vieux et magnifique pays est notre chair à tous car nous sommes les héritiers d’une histoire étonnante qui a fait de nous l’une des grandes puissances du monde.

Avec Laurent Wauquiez qui mérite votre confiance, dans cette région qui doit être l’une des composantes du redressement français, nous allons résister, nous allons nous battre, et nous allons vaincre.

Vive la France et vive la République.