« A chaque crise, nous crions l’Europe ! L’Europe ! Comme s’il s’agissait d’une formule magique capable à elle seule de conjurer le sort. Des remises en cause ? Aucune. Schengen ne fonctionne pas. On continue ! ». Nicolas Sarkozy. Photo © AFP
Attentats. Dans un discours prononcé en Alsace à Schiltigheim, l’ancien chef de l’Etat a salué les mesures initiées par le gouvernement après les attentats du 13 novembre, tout en regrettant que certaines décisions n’aient pas été prises plus rapidement, et en appelant à un retour « aux valeurs de la France de toujours ».
« J’approuve l’Etat d’urgence, j’approuve la déchéance de nationalité pour les binationaux qui trahissent la France, j’approuve l’assignation à domicile, j’approuve les pouvoirs exceptionnels donnés au gouvernement, aux Préfets, aux autorités administratives, à la police, à la gendarmerie, pour débusquer les assassins ». Dès les premiers instants de son discours, le président des Républicains, venu soutenir le candidat aux régionales en Alsace Philippe Richert, donne un satisfecit aux mesures exceptionnelles déployées par le gouvernement. Même si, à ses yeux, elles auraient mérité d’être mises en pratique bien plus tôt.
« Je veux dire avec gravité que nous avons déjà trop attendu pour mettre en place l’état d’urgence, trop attendu pour donner à la police et à la gendarmerie les moyens de démanteler les trafics d’armes de guerre ». Et d’achever son propos sur une véritable volonté d’aller de l’avant. « N’attendons plus », arguant que le temps jouait en faveur des terroristes. « Nous n’avons pas le temps. Car qui oserait prendre le risque de dire qu’il n’y a plus de risque ? C’est mon rôle de chef de l’opposition et mon devoir d’ancien chef de l’Etat de le dire ».
Entre les lignes de son discours, l’ancien président de la République a toutefois mis en garde François Hollande : « Je sais l’ampleur des responsabilités que le Chef de l’Etat doit assumer et la difficulté de décider […], seul face à sa conscience. Quiconque chercherait à instrumentaliser à des fins électorales la terrible menace qui pèse sur notre pays, les victimes innocentes […] ne serait pas digne de la confiance des Français», a-t-il déclaré.
Plus loin dans son discours, Nicolas Sarkozy a clairement visé une partie de la majorité et du gouvernement : « C’est mon rôle de dire à ceux qui exercent les plus lourdes responsabilités […] Il ne serait pas digne, ni à la hauteur des événements de chercher à tendre l’opposition dans des pièges» . Face à ce risque, le patron des Républicains a adressé un message clair aux parlementaires de son parti : « C’est aussi mon devoir de dire à l’opposition républicaine […] que l’honneur lui commande de ne pas se préoccuper des pièges que l’ou pourrait vouloir lui tendre ».
«Nous sommes à un tournant de notre histoire »
Adoptant ensuite une posture encore plus solennelle, l’ancien président de la République estime que « la France est à un tournant de son histoire » avant de fustiger l’affaiblissement de la République et la stigmatisation de certaines catégories de population qui la composent. « Ceux qui défendaient la famille étaient qualifiés de petits bourgeois. Ceux qui disaient qu’un pays a besoin de frontières étaient pétainistes. Ceux qui évoquaient l’immigration comme un problème étaient racistes. Ceux qui appelaient à un Islam de France et qui dénonçaient les dangers du communautarisme étaient islamophobes ».
Et de s’en prendre vertement ensuite aux dérives de la politique européenne, malgré son attachement, chevillé au corps, à l’idéal européen. « Européen je suis, européen je finirai mais trop longtemps, nous avons rêvé de cette Europe idéale et nous nous réveillons brusquement avec une autre ». Et de pointer les incohérences de la politique menée à Bruxelles. « A chaque crise, nous crions l’Europe ! L’Europe ! Comme s’il s’agissait d’une formule magique capable à elle seule de conjurer le sort. Des remises en cause ? Aucune. Schengen ne fonctionne pas. On continue ! »
« La crise des réfugiés déstabilise l’Europe »
L’ancien chef de l’Etat appelle alors de ses vœux à une profonde mutation de l’Europe. « Le moment est venu de refonder l’Europe, d’avoir les débats que nous n’avons pas su avoir et de tirer les leçons de l’histoire récente au regard de ce qui s’est passé en 2008 au moment de la crise financière, de ce qui s’est passé avec la crise grecque, de ce qui se passe avec la crise des réfugiés, avec le terrorisme ».
Un terrorisme que Nicolas Sarkozy exhorte à regarder droit dans les yeux. « Nous devons faire la guerre à l’Etat islamique, en l’appelant d’abord par son nom, par tous les moyens de la guerre sinon le chaos gagnera encore du terrain, la crise des réfugiés déstabilisera l’Europe et le terrorisme continuera de s’abreuver à cette source empoisonnée ».
Et de conclure son discours en appelant à un retour aux « valeurs de la France de toujours » tombées en désuétude, voire même reniées à ses yeux. « C’est sur ces valeurs dont nous nous sommes écartés que nous allons devoir reconstruire l’école, les institutions, la société, la justice, le droit, la société, la politique », arguant Il n’y a plus « d’identité française dans une société devenue multiculturelle ».