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Trudeau juge que la France comprend son retrait des frappes aériennes contre le groupe EI

Christian Rioux
Philippe Couillard, Denis Coderre, Anne Hidalgo, Manuel Valls, Sophie Grégoire et Justin Trudeau étaient réunis devant le mémorial du Bataclan.
Photo: Christophe Ena Associated Press Philippe Couillard, Denis Coderre, Anne Hidalgo, Manuel Valls, Sophie Grégoire et Justin Trudeau étaient réunis devant le mémorial du Bataclan.

L’image avait quelque chose d’historique. Dans la capitale française assiégée, alors que s’ouvre la conférence de Paris sur le climat (COP21), les premiers ministres québécois et canadien, encadrant leur homologue français, Manuel Valls, sont venus déposer dimanche matin des fleurs devant le Bataclan. C’est dans cette salle de spectacle qu’ont péri le 13 novembre dernier 90 des 130 victimes des attentats de Paris. Il y avait là aussi le maire de Montréal, Denis Coderre, et la mairesse de Paris, Anne Hidalgo.

Dans la foule, on reconnaissait des gens d’affaires, quelques élus français, dont le député socialiste Patrick Bloche, mais aussi plusieurs artistes québécois, comme le metteur en scène René Richard Cyr et la comédienne Gabrielle Lazure.Le silence était poignant lorsque Véronique Dicaire a entonné a cappella Quand les hommes vivront d’amour, une chanson que, ironie du sort, Raymond Lévesque avait justement composée à Paris en 1956 pour exprimer son chagrin à l’égard de la guerre d’Algérie. Attendue depuis deux jours, la venue de Justin Trudeau n’a été confirmée qu’à la toute dernière minute. À la Délégation générale du Québec à Paris, qui jouit d’un statut diplomatique autonome en France, on précise que c’est Justin Trudeau qui a souhaité participer à cet hommage québécois planifié de longue date.

« C’est un geste très apprécié des Français, j’en suis certain, disait l’impresario Gilbert Rozon. Et je trouve que c’est une belle initiative, très touchante. Ça m’a ému. C’est comme une pause dans le temps, un arrêt sur image, une prise de conscience. » Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a affirmé que ce geste symbolique « réitère toute notre solidarité à l’égard du peuple français. Nous sommes tous unis pour dire non à la violence, à la barbarie et à l’intimidation », a conclu le premier ministre.Hollande touché

Cet hommage a eu l’heur de plaire au président François Hollande qui, entre le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et le président chinois, Xi Jinping, recevait le nouveau premier ministre canadien à dîner. « Je suis très sensible à ces marques, à ces messages, à ces symboles », a déclaré le président en évoquant cet hommage rendu le matin même. François Hollande a rappelé qu’il était au Canada quelques jours après l’attentat terroriste qui avait frappé le parlement canadien.Accueillant Justin Trudeau à l’occasion de la COP 21, François Hollande n’a eu que de bons mots pour saluer les positions canadiennes sur la réduction des gaz à effet de serre, « qui se trouvent être les mêmes » que celles de la France, dit-il. Mais il est resté presque silencieux sur l’autre grand sujet de discussion : le retrait en mars prochain du Canada des frappes aériennes visant le groupe armé État islamique contre lequel François Hollande veut construire une grande coalition internationale.

Selon le ministre des Affaires étrangères du Canada, Stéphane Dion, les alliés du Canada, dont la France, n’auraient pas été irrités par le retrait canadien des frappes aériennes. « C’est un peu délicat de parler au nom des autres pays, dit-il, mais si vous les interrogez, il est très probable qu’ils vous diront qu’ils comprennent très bien que nous ne nous retirons pas de la coalition. Nous allons être plus efficaces au sein de la coalition. Au lieu de livrer 2 % des frappes, on va pouvoir concentrer nos ressources là où on est le plus efficaces pour compléter le travail des autres, notamment des Américains et des Français. » Comme Justin Trudeau l’avait promis en campagne électorale, le Canada va rappeler ses six chasseurs à la fin mars et concentrer ses efforts sur la formation militaire.Le président français a été moins affirmatif, soulignant tout au plus que « le Canada a réaffirmé un certain nombre de principes qui, pour nous, sont essentiels, c’est-à-dire la solidarité dans l’action contre le terrorisme, chacun y apportant ses moyens ».

Si Justin Trudeau a donné du « François » à son hôte, celui-ci est demeuré nettement moins familier, même s’il est venu l’accueillir à pied au milieu de la cour de l’Élysée. Interrogé à sa sortie, Justin Trudeau a affirmé que « dans les conversations avec le président, il a été très rassuré et content du fait que je continue à être très impliqué dans la coalition contre [le groupe] État islamique et que nous allons continuer de contribuer d’une façon importante, même si ce n’est pas par des frappes aériennes ».Autres visites

Dans l’après-midi, Justin Trudeau a aussi rencontré la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, Michaëlle Jean. Le premier ministre canadien est accompagné de ses homologues du Québec, de l’Ontario, de la Saskatchewan, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique.Pendant ce temps, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, s’est entretenu avec des jeunes de l’Office franco-québécois pour la jeunesse et de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys qui ont participé à un sommet de la jeunesse organisé par l’ONU avant la COP 21.

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