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Louis Hausalter
Le chef de l’Etat se rend vendredi sur le porte-avions déployé au large de la Syrie. Un déplacement très politique, à deux jours du premier tour d’un scrutin qui s’annonce comme une sévère sanction pour la gauche.
François Hollande sur le Charles-de-Gaulle, le 15 août 2014. SIPA

François Hollande est le président d’un pays « en guerre », comme il l’affirme lui-même. C’est pourquoi il effectue vendredi un déplacement surprise sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, déployé depuis quelques jours au large de la Syrie pour participer aux opérations contre le groupe Etat islamique. Le programme est soigneusement détaillé dans le dossier de presse fourni par l’Elysée : briefing avec le commandant du porte-avions, rencontre et échanges « à chaud » avec les pilotes de retour de mission, allocution devant le personnel. Le tout sous les caméras très officielles du ministère de la Défense, les chaînes d’information n’ayant pas été conviées à l’avance pour de compréhensibles raisons de confidentialité.

Les mauvaises langues diront que le président « en guerre » est aussi en campagne. Deux jours avant le premier tour des élections régionales, voilà un coup de com’ pour le moins opportun. D’autant que François Hollande n’est jamais aussi populaire que lorsqu’il s’affiche en chef de guerre contre le terrorisme. Sa cote a explosé dans tous les baromètres depuis les attentats du 13 novembre. Même s’il semble que l’impact sur les électeurs de gauche soit égal à zéro : les candidats socialistes aux régionales ne progressent pas dans les sondages, bien au contraire.

A l’Elysée, on balaie évidemment auprès de Marianne toute volonté de faire un coup politique : « C’est la tradition que le président chef des armées se rende sur le théâtre des opérations engagées. Il était déjà allé soutenir les troupes au Mali et en République centrafricaine. » Quant au timing, cela ne dépend pas (que) de l’Elysée, mais des opérations sur place, assure-t-on : « On cherchait le bon moment pour le faire. Compte-tenu des mouvements du Charles-de-Gaulle, c’était la bonne fenêtre de tir. »

Après les attentats, Sarkozy s’agaçait à l’avance de voir Hollande « plastronner sur le Charles-de-Gaulle ».Il n’empêche : s’il en est un qui doit enrager dans son coin, c’est Nicolas Sarkozy. Dans des propos rapportés par le Canard enchaîné du mercredi 25 novembre, l’ex de l’Elysée tempêtait contre des coups de com’ à venir de la part de son adversaire de 2012 : « Il va tout nous faire, jouer au chef de guerre jusqu’en 2017, plastronner sur le “Charles-de-Gaulle”… » Histoire de « faire de belles images », pestait le patron de Les Républicains.

Sarkozy oublie un peu vite que lui aussi n’a pas manqué de « faire de belles images » pendant son quinquennat, en paradant à deux reprises sur le pont du Charles-de-Gaulle. En juin 2010, pour rassurer l’équipage sur l’utilité du coûteux bâtiment de la Marine nationale, puis en août 2011, pour saluer l’action du porte-avions lors des opérations qu’il avait lui-même lancées en Libye. Que son successeur le fasse à son tour, c’est de bonne guerre, et c’est le cas de le dire.

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