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La Table de l’unité démocratique a décroché 99 sièges, soit une majorité des trois cinquièmes

 

 Katell Abiven – Agence France-Presse à Caracas
Des électeurs entrent dans un bureau de vote à Caracas sous une affiche représentant Hugo Chavez (à droite) et le président sortant Nicolas Maduro.
Photo: Fernando Llano Associated Press Des électeurs entrent dans un bureau de vote à Caracas sous une affiche représentant Hugo Chavez (à droite) et le président sortant Nicolas Maduro.
L’opposition vénézuélienne a remporté dimanche la majorité parlementaire pour la première fois en 16 ans, ont annoncé les autorités électorales, au terme d’un scrutin marqué par l’exaspération populaire face à la crise économique ayant vidé les supermarchés.
La Table de l’unité démocratique (MUD), vaste coalition d’opposition, a décroché 99 sièges, soit une majorité des trois cinquièmes, contre 46 pour le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) du président Nicolas Maduro, a annoncé la présidente du Conseil national électoral, Tibisay Lucena, précisant que certains sièges restaient encore incertains, en attendant que s’achève le décompte des voix.

L’annonce des résultats officiels, après plusieurs heures de retard, a été accueillie dans certains quartiers de Caracas par des cris de joie et des pétards.

Immédiatement après, Nicolas Maduro est apparu, le visage grave, lors d’une allocution télévisée. « Nous sommes venus avec notre morale, avec notre éthique, pour reconnaître ces résultats adverses, pour les accepter et pour dire à notre Venezuela que la Constitution et la démocratie ont triomphé », a-t-il déclaré.

L’opposition était depuis plusieurs mois largement favorite pour ces élections, profitant du mécontentement populaire dans un climat de crise économique provoquée par la chute des cours du brut, dans ce pays aux plus importantes réserves pétrolières au monde.

Tournant historique

Sa victoire marque un tournant historique depuis l’arrivée au pouvoir du chavisme en 1999, même si plusieurs analystes préviennent que Nicolas Maduro pourrait tenter de limiter les pouvoirs du Parlement pour contrecarrer cette victoire, au risque de susciter des protestations.

« Même s’il s’agit d’élections législatives, elles sont très importantes », souligne l’analyste vénézuélien Nicmer Evans : « elles entraîneront une recomposition des forces politiques et permettront que la volonté de sanction [pour le gouvernement] s’exprime. »Pour le politologue John Magdaleno, le scrutin peut instaurer un « contre-poids » dans un État dont les pouvoirs « sont totalement contrôlés » par le chavisme.

Dans l’un des pays les plus violents au monde, marqué en 2014 par des manifestations ayant fait officiellement 43 morts, les risques de troubles étaient élevés.« Ce que diront les autorités électorales sera parole sainte », a promis Nicolas Maduro, appelant à « voter en paix », même s’il a refusé toute mission d’observation internationale du scrutin.

Malgré les craintes de violence, la journée électorale, pour désigner les 167 membres du Parlement monocaméral, s’est déroulée dans le calme et les bureaux de vote ont fermé à 19 h — une heure après l’horaire prévu pour permettre aux derniers arrivés de s’exprimer —, le Conseil national électoral saluant la « participation très élevée ». Cette décision immédiatement été critiquée par l’opposition.

Dans ce pays qui compte les plus importantes réserves pétrolières de la planète, la chute des cours du brut génère des pénuries au quotidien et une inflation galopante (200 % selon les économistes). Le mécontentement populaire a finalement profité à la Table de l’unité démocratique (MUD), vaste coalition de l’opposition largement favorite.