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Par Pauline Ducamp 

Citroën a dévoilé le 7 décembre la eMéhari, une décapotable de plage qui reprend l’esprit de la Méhari et la nouvelle image de la marque aux chevrons. Or c’est Bolloré qui a conçu la base technique du véhicule, Citroën a surtout saisi l’occasion de l’adapter pour exister, en attendant de renouveler sa gamme à partir de 2016.

Présenter une décapotable à vitres escamotables en décembre, même s’il fait très doux, c’est à coup sûr l’occasion de se faire remarquer. Citroën a donc osé en dévoilant le 7 décembre la eMéhari, version moderne et électrique de LA Méhari, son véhicule de plage des années 70.

Et pour se démarquer définitivement, « la voiture plaisir« , comme l’appelle la directrice générale de Citroën Linda Jackson, n’a pas été présentée en bord de mer, mais sur le toit du centre R&D de PSA à Vélizy (Yvelines). Un journaliste avait pour l’occasion osé le short de bains et les tongs.

Pas de Cactus M de série

Une image fun, c’est exactement ce que recherche Citroën avec la eMéhari. « Ce véhicule est une opportunité pour reprendre l’esprit Méhari présenté au salon de Francfort en septembre avec le concept Cactus M et le décliner sur le marché », précise Xavier Peugeot, directeur produit de Citroën. La eMéhari enterre au passage le Cactus M. « Cela colle avec notre nouveau positionnement de marque« , ajoute la directrice générale de Citroën Linda Jackson.

La séparation avec DS il y a un an et demi lui demande en effet régulièrement d’expliquer ce positionnement, difficile à comprendre entre marque grand public façon Renault et marque attractive financièrement, façon Kia. « La séparation avec DS est une opportunité, poursuit Xavier Peugeot. Citroën ne deviendra pas le parent pauvre de PSA. La marque se démarquera par sa créativité, son audace, mais sera positionnée au cœur du marché. Ce ne sera pas du low-cost !« .

Basée sur Bolloré

Pour l’audace et la créativité, d’accord. Depuis le lancement du Cactus en mars 2014, Citroën construit une identité stylistique sur des concepts innovants (le crossover agressif AirCross, le crossover décapotable Cactus M) et ou un véhicule de niche comme la eMéhari.

Mais la décapotable n’est en fait pas 100% Citroën, c’est une version revisitée de la BlueSummer de Bolloré. Le design a été entièrement revu, la face avant rappelle le Cactus. « Bolloré travaillait sur la BlueSummer, nous sur le Cactus M, se souvient le directeur du design de Citroën Alexandre Malval. Tout est allé très vite, en mars nous avons signé un partenariat pour produire quelques BlueSummer, en juillet le design de la eMéhari était figé et voilà la version définitive, à peine huit mois plus tard« .

Citroën ne produira, ni ne vendra plus la BlueSummer. Désormais, la dernière née des voitures électriques françaises, c’est la eMéhari.

Fabriqué à Rennes

Certains process de fabrication ont aussi été repensés, car la décapotable sera produite entièrement à la main. Citroën a du s’adapter aux choix techniques de Bolloré car il a conservé toute l’architecture de la plate-forme et des batteries lithium-métal-polymère intégrées dans le plancher. « La eMéhari est une opportunité stimulante dans le travail sur la fabrication locale à l’usine de Rennes (Ille-et-Vilaine), souligne un ingénieur de Citroën. Nous avons réinventé par exemple l’assemblage des sièges ou des optiques qui est en général sous-traité. Les fournisseurs sont pour la plupart situés en Bretagne. Les designers ont aussi du s’adapter au thermoformage plastique de la carrosserie, déjà présent sur la Méhari à l’époque« .

Les pré-séries de la eMéhari sortent actuellement de Rennes. Linda Jackson ne donne pas de chiffre précis, mais la production moyenne devrait être d’une quinzaine d’exemplaires par jour. De quoi conserver des savoir-faire, mais pas faire tourner une usine.

Bolloré propriétaire de la batterie

Xavier Peugeot a aussi raison quand il refuse le terme low-cost. Le prix estimé devrait, bonus déduit, atteindre les 15 000 euros. La batterie sera louée mensuellement au client. « Nous avons conservé le choix de Bolloré, propriété de Bolloré, explique Jérémie Maestracci, directeur de la Business Unit Véhicule électrique de PSA. Comme le gain d’usage du véhicule électrique se fait surtout sur l’usage, nous proposerons essentiellement la voiture via un loyer mensuel ».

Vite et pas cher

La eMéhari ne répond cependant pas au positionnement cœur de marché de Citroën. Elle s’inscrit dans une gamme additionnelle de voitures qui rappelle l’esprit Citroën, mais permet surtout au constructeur d’exister ces derniers temps, à moindres frais et rapidement.

A court terme, le business model de la eMéhari se défend. Cependant,entre les difficultés financières de PSA et la séparation avec DS, Citroën apparait en ce moment comme le parent pauvre que refuse d’incarner Xavier Peugeot, avec une gamme de modèles hétérogènes.

« Dans les trois prochaines années, Citroën lancera trois modèles mondiaux, qui renouvelleront notre cœur de gamme, feront des volumes, détaille Linda Jackson. C’est ça, la «core model strategy » de Carlos Tavares dans Back in the Race. Citroën ne sera pas un constructeur de niche, mais disposera à horizon 2020 de sept modèles mondiaux qui ciblent des gisements de croissance« .

La eMéhari sera la grande nouveauté des salons de Genève en mars et Pékin en avril 2016. Le Mondial de Paris en octobre pourrait signer l’acte de naissance du nouveau Citroën, avec le premier modèle de la nouvelle gamme.

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