
Malgré les risques que le projet représente pour la Grande Barrière de corail, l’Australie a autorisé mardi un imposant projet d’expansion portuaire qui servira à exporter des dizaines de millions de tonnes de charbon chaque année.
Après des années de débats, le gouvernement australien a finalement autorisé l’agrandissement des infrastructures portuaires dans le secteur d’Abbot Point, situé au nord-est du pays. Grâce au feu vert de Canberra, le port permettra à terme l’exportation de 120 millions de tonnes de charbon chaque année.Le projet va de pair avec le gigantesque projet minier Carmichael Coal Mine, de la multinationale indienne Adani. Plus de 60 millions de tonnes de charbon doivent être tirées du sol chaque année, et ce, sur une période de près d’un siècle. La mine servira surtout à répondre à la demande croissante de l’Inde.
Quant au port, son approbation survient après des débats sur les impacts redoutés sur la Grande Barrière de corail, un site naturel unique au monde. Contrairement à ce qui était prévu au départ, l’Australie a ainsi décidé de ne pas autoriser le promoteur à draguer les fonds marins pour ensuite relarguer la matière tout près du parc marin protégeant en théorie la Grande Barrière des risques de dommages environnementaux.Lors de la construction du port, qui sera situé à 20 kilomètres du récif, les fonds marins dragués devront être retirés de l’eau et envoyés dans un site situé sur la terre ferme. Selon le gouvernement australien, cela permettra d’éviter les risques pour la Grande Barrière de corail.
Pour les écologistes, le feu vert est toutefois une très mauvaise nouvelle. Il s’agit en fait d’une décision « irresponsable pour le récif, illogique et non nécessaire », selon Greenpeace. Qui plus est, le groupe estime que la filière du charbon est condamnée au recul, au fur et à mesure que les politiques de lutte contre les changements climatiques se mettront en place.Selon la WWF – Australie, les eaux d’Abbot Point abritent par ailleurs des espèces fragiles, comme des dugongs, des tortues de mer ou des dauphins, tandis que les marais avoisinants sont utilisés par les oiseaux migrateurs. Selon le groupe, le dragage des fonds marins représente en soi une menace sérieuse pour la Grande Barrière de corail.
Coraux en péril L’état de santé de la Grande Barrière ne cesse de se détériorer. Selon les résultats d’une étude américaine publiée en 2013, elle a perdu la moitié de ses coraux en à peine trois décennies.
Les écosystèmes du récif présentent « une tendance à la dégradation de leur état en raison d’une qualité de l’eau qui reste mauvaise et des effets cumulatifs du changement climatique et d’une augmentation, en fréquence et en intensité, des événements [météorologiques] extrêmes », selon un rapport publié par Canberra.D’autres menaces risquent fort de nuire au retour des coraux. Toute la zone maritime souffre de plus en plus des impacts de l’acidification des océans, un phénomène directement lié à l’accroissement constant des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Une situation que le charbon contribue d’ailleurs à aggraver.
La Grande Barrière abrite une très grande biodiversité. Celle-ci couvre une superficie de 348 000 kilomètres carrés, au nord-est de la côte australienne. Inscrite sur la liste du patrimoine mondial en 1981, elle abrite 400 espèces de coraux, 1500 espèces de poissons et 4000 espèces de mollusques.