Adrien Lelievre
+ VIDEO L’ancienne ministre du Logement de François Hollande invite les parlementaires à s’opposer à cette mesure « historiquement portée par l’extrême droite ».
L’extension de la déchéance de nationalité aux binationaux nés en France ne passe décidément pas chez les écologistes. Cette mesure controversée, qui figurera dans le projet de loi constitutionnelle voulu par François Hollande et sera débattue au Parlement début 2016, a été vivement critiquée par Cécile Duflot ce jeudi matin au micro de France Inter.
« La déchéance de nationalité est un symbole désastreux pour les binationaux », a estimé l’ancienne ministre du Logement de François Hollande, visiblement très remontée. « Il faut se réveiller : nous sommes comme la grenouille dans l’eau qui se réchauffe petit à petit », a-t-elle poursuivi, jugeant ce dispositif « pas efficace » et « funeste ».
Rappelant que « la déchéance de nationalité est une mesure historiquement portée par l’extrême droite », la co-présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale a ainsi appelé les parlementaires à la rejeter lors des prochains débats au Parlement.
Alors que la droite semble avoir été prise en porte-à-faux par le maintien de cette mesure et évoque un « couac » , Cécile Duflot s’est émue que la décision gouvernementale, jugée « symbolique » par Manuel Valls, puisse avoir des motivations politiques. « On ne fait pas de la tactique avec la République », a-t-elle déclaré. « La dignité du politique, c’est d’avoir des convictions. »
Cécile Duflot « Je n’aurais jamais imaginé… par franceinter
Condamnations d’Eva Joly et de Daniel Cohn-Bendit
En écho aux propos de Cécile Duflot, Eva Joly a jugé sur Europe 1 que François Hollande avait commis « une forme de forfaiture » hier. Le Président de la République va « perdre son âme et les élections en 2017 », a prédit l’ancienne candidate d’EELV à l’élection présidentielle de 2012.
De son côté, Daniel Cohn-Bendit a qualifié d’ «erreur morale » cette mesure. « François Hollande doit se présenter aux primaires de la droite. Il est le parfait président de la droite », a lancé celui qui avait mené la campagne d’EELV lors des élections européennes de 2009.
A gauche, Jean-Luc Mélenchon s’est montré lui aussi très remonté contre le projet de réforme constitutionnelle, accusant dans un communiqué « l’équipe Hollande-Valls » d’avoir « consommé sa propre déchéance morale » en reprenant une idée « proposée d’abord par Jean-Marie Le Pen puis Nicolas Sarkozy ». Le porte-parole du partie de gauche fustige le manque de dissuasion de cette mesure : « Penser que cette mesure puisse dissuader quelqu’un prêt à se faire sauter lui-même est ridicule. »