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Bernie Sanders, Hillary Clinton, lobbyistes, proximité avec l’industrie financière, Wall Street
Bernie Sanders, le challenger de la favorite côté démocrate, a attaqué frontalement la candidate en l’accusant d’être trop proche des milieux financiers. Il a promis de mettre au pas, non seulement Wall Street, mais aussi la Fed.
C’est la première fois que Bernie Sanders attaque sa rivale Hillary Clinton aussi frontalement. Dans un discours enflammé prononcé mardi à New York, le candidat à l’investiture démocrate, nettement plus à gauche que cette dernière mais qui l’avait plutôt ménagée jusqu’ici, a vivement critiqué ses liens avec le secteur bancaire. « Mon adversaire affirme qu’en tant que sénatrice, elle a dit aux banquiers de réduire la voilure et d’arrêter de faire n’importe quoi. Mais pour moi c’est aux politiciens de l’establishment de faire le nécessaire. La réalité, c’est que le Congrès ne régule pas Wall Street, c’est Wall Street et ses lobbyistes qui régulent le Congrès », a-t-il lancé, avant de présenter son plan destiné à casser en deux les banques dites « too big to fail ». A ses yeux, Hillary Clinton a « tort » de d’opposer à la restauration du Glass-Steagall Act, qui séparait les activités de banques de détail de celles de banque d’investissement jusque dans les années 1990.
Bernie Sanders a aussi pointé ceux qui profitent de « généreux émoluments » que les banques sont prêtes à payer pour un simple discours en public. Une allusion à peine déguisée à sa rivale, qui a amassé des centaines de milliers de dollars en intervenant dans des conférences ou événements organisés par les banques ou les grandes entreprises. Hillary Clinton a tenté à plusieurs reprises de répondre à ces accusations de proximité avec l’industrie financière, sans parvenir à les éteindre vraiment. Elle se défend en expliquant qu’elle entend concentrer ses efforts sur le « shadow banking », le secteur non bancaire qui s’est développé depuis la crise et qui porte aujourd’hui une partie des risques du système financier.
Bernie Sanders, qui évoque souvent Wall Street et les inégalités dans ses discours, a donc promis de transformer en profondeur l’industrie bancaire pour mieux la réguler. Mais il a aussi proposé des mesures plus grand public, comme de plafonner à 2 dollars les commissions empochées par les banques lors des retraits d’argent aux distributeurs, ou de réduire les taux d’intérêts sur les cartes de crédit, qui dépassent souvent 20 %. Pour aider les ménages les plus vulnérables, il s’est aussi engagé à permettre à la Poste de proposer des services bancaires de base.
Bernie Sanders a enfin promis de réformer la Réserve fédérale s’il était élu à la Maison blanche. Pour lui, la banque centrale américaine ne devrait pas verser d’intérêts aux institutions monétaires qui placent leur argent dans ses coffres, mais ce sont ces dernières qui devraient au contraire lui payer une commission pour pouvoir le faire. ll a aussi indiqué qu’il interdirait aux dirigeants du secteur financier de siéger au Conseil d’administration de la Réserve fédérale, dont les membres sont nommés par le président des Etats-Unis.
Bientôt un nouveau patron pour le laboratoire Valeant
Le laboratoire pharmaceutique canadien Valeant va finalement nommer un nouveau directeur général, alors que son actuel patron, Michael Pearson, est en congé maladie depuis la fin décembre. Ce dernier a été hospitalisé à la suite d’une « pneumonie sévère », et ses responsabilités devaient temporairement être assumées par un triumvirat composé du directeur juridique, d’un membre du conseil d’administration et du directeur financier. Michael Pearson est l’artisan de l’ascension rapide de Valeant, passé en moins de dix ans d’un petit groupe à un géant mondial grâce à des acquisitions.
Le groupe Valeant est toutefois dans l’oeil du cyclone depuis plusieurs mois. Le laboratoire, dont les produits vedette sont notamment l’antibiotique Xifaxin, ou l’Addyi qui a été présenté comme le « Viagra féminin », a essuyé avec son directeur général un feu nourri de critiques à l’automne pour avoir augmenté très fortement les prix de certains médicaments, et pour ses liens étroits avec le réseau de pharmacies Phildor, qui a utilisé des méthodes agressives pour surmonter les réticences des assureurs à rembourser des médicaments. Valeant fait l’objet d’enquêtes du gouvernement et du Congrès sur ses pratiques tarifaires et mène lui-même une enquête interne sur ses liens avec le réseau de pharmacies Philidor Rx Services. Le laboratoire s’est par ailleurs vu reprocher d’avoir tiré sa croissance à coups d’acquisitions et de hausses de prix.