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      Guillaume de Calignon 

 

  • Les incertitudes croissance renforcent

    Les incertitudes sur la croissance se renforcent

Ralentissement chinois et tensions géopolitiques font peser un risque.
Les économistes restent toutefois confiants dans la reprise de 2016.

Risques géopolitiques, attentats, ralentissement chinois, crise des producteurs de matières premières suite à l’effondrement des cours : les raisons de s’inquiéter pour la croissance mondiale en général et la croissance française en particulier ne manquent pas. Certes, Manuel Valls a redit mercredi que « nous avons retrouvé notre croissance, avec 1,1 % en 2015 et une perspective de 1,5 % prévue pour 2016 ».

Mais certains économistes sont plus nuancés : «  Il existe des risques substantiels que la croissance soit inférieure aux prévisions du gouvernement cette année, principalement liés à un ralentissement notable au quatrième trimestre 2015, estime François Cabau, économiste chez Barclays. Ce ralentissement serait temporaire car les indicateurs d’activité restent bien orientés. Néanmoins, 2016 est une année préélectorale, où le lancement de grandes réformes sera délicat. » D’autres, comme les économistes du Crédit Agricole, de Natixis (qui prévoient une croissance de 1,2 %) ou ceux de COE-Rexecode (qui tablent sur 1,3 %) sont plus pessimistes.« Jusqu’à présent, les raisons de l’amélioration du taux de marge des entreprises sont circonstancielles : montée en puissance du Cice et baisse du prix du pétrole expliquent cette amélioration. Celle-ci est donc réversible. Les chefs d’entreprise le savent très bien et cela ne les incite pas à prendre des risques. C’est pourquoi la transmission des profits en investissements ne se fait pas en totalité », décrypte Axelle Lacan, économiste chez COE-Rexecode. Pour Patrick Artus, chef économiste de Natixis, «  la France continue à avoir un problème d’offre. Quand la demande augmente, cela ne se traduit pas par une hausse de la production mais par des importations plus importantes. Or, on ne voit rien dans les annonces de François Hollande qui puisse débloquer la situation. Les entreprises vont investir dans la productivité, pas dans les capacités », affirme-t-il. Bref, l’Hexagone ne possède toujours pas de moteur intrinsèque.

Des raisons d’espérer

Du côté de la demande, les signes d’amélioration sont désormais clairs puisque la consommation a grimpé de l’ordre de 1,6 % en 2015 grâce à la chute du prix du pétrole. Mais il n’est pas sûr que cela dure encore longtemps. « La consommation des ménages devrait progresser plus faiblement qu’en 2015 : l’effet positif de la baisse du prix du pétrole sur le pouvoir d’achat s’estompera tandis que la hausse des revenus d’activité restera bridée par un taux de chômage élevé, qui ne devrait que se stabiliser », estime Axelle Lacan.

Il existe toutefois de nombreuses raisons d’espérer. «  L’économie de la zone euro va plutôt bien. L’Espagne continue son redressement et l’Allemagne devrait connaître une croissance proche de 2 %, tirée par l’afflux de migrants », explique Patrick Artus. «  L’arrivée massive de migrants va obliger le pays à augmenter sa dépense publique de 15 milliards d’euros cette année, soit 0,4 point de PIB », note-t-il encore. Or, toute accélération de l’activité allemande – notre premier partenaire commercial – est bonne à prendre pour l’Hexagone.

« Il n’y a pas de raison de croire que la croissance sera sensiblement inférieure à 1,5 % cette année car les éléments positifs restent très forts », estime pour sa part Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Les taux d’intérêt sont historiquement bas, la dépréciation de l’euro devrait soutenir les exportations, le prix du baril de pétrole est inférieur à 35 dollars, ce qui assure une bonne progression du pouvoir d’achat sur la première moitié de l’année.

Enfin, le secteur de la construction se redresse, même si ce retour à meilleure fortune est lent. Ce sont autant de facteurs qui soutiendront l’économie française en 2016. Et la moindre ouverture de l’économie française en direction des pays émergents lui permettra d’amortir les soubresauts de l’économie mondiale. « Les exportations vers la Chine représentent moins de 1 % du PIB. Donc si celles-ci baissent de 10 %, l’impact ne sera que de 0,1 point sur le PIB français », rappelle Julien Marcilly, chef économiste de la Coface.

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