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Je sursaute, car en 2011 vous disiez : « Je n’ai rien à voir avec les fachos de Riposte laïque » : visiez-vous, par hasard, mes articles dans cette revue, et comment conciliez-vous ces deux prises de position ?
Élisabeth Badinter, comme vous je suis juive, comme vous je suis universaliste, comme vous féministe, et comme vous je n’ai pas la foi. J’ai a priori une grande sympathie pour vos idées féministes et de soutien aux homosexuel(le)s, pour des livres tels que L’Amour en plus ou Je meurs d’amour pour toi… Mais je suis plus à gauche que vous en matière de féminisme : c’est dans le programme du Parti communiste pour les droits des femmes que je me reconnais. C’est-à-dire pour le droit à la contraception et à l’IVG, contre la GPA et pour l’interdiction de l’achat de prostitution. Vous défendez la prostitution et la GPA…
Je pense que vous êtes enfermée dans un point de vue « bourgeois », « libéral » qui vous aveugle sur des situations d’exploitation telles la prostitution et la GPA, comme il vous aveugle sur les intérêts mercantiles de ceux de votre entourage qui martèlent la propagande : « Critique de l’islam, amalgame islam-islamisme = racisme. »
Élisabeth Badinter, quand défendrez-vous enfin les tenants de la thèse selon laquelle la doctrine de l’islam lui-même – et non seulement une dérivée nommée islamisme – est barbare, contre les accusations de racisme et haine que vos amis portent contre eux ?
Précisons : je ne vous demande pas d’adopter cette thèse, je n’affirme pas que ses tenants détiendraient la vérité définitive, je dis uniquement que ses tenants ne sont ni racistes ni haineux ni légitimateurs de haine du seul fait qu’ils la pensent et la disent exacte.
Vous défendiez la laïcité et vous opposiez au voile à l’école dès 1989. Je défendais les prisonniers d’opinion, y compris religieuse, depuis la fin des années 70, et dès 2003 je participais à des publications féministes affirmant « ni intégrisme ni racisme », « ni voilées ni exhibées » ou « sexy si je veux quand je veux », dénonçant l’ambiguïté du mot « islamophobie » et proposant le terme de « musulmanophobie » pour désigner précisément la haine contre les personnes musulmanes. Simplement, à la différence de vous, j’ai lu…
Élisabeth Badinter, quand enverrez-vous à tous les parlementaires – comme votre père l’a fait avant-guerre pour Mein Kampf – le Coran, la Sunna, la Sira d’Ibn Ishaq, ainsi qu’un manuel de droit musulman expliquant les principes d’interprétation de la loi islamique ? Et quand consentirez-vous à lire vous-même ces ouvrages de base ?
Élisabeth Badinter, quand, en tant que grande figure de la « communauté juive », du « judaïsme français », défendrez-vous les Français patriotes contre les accusations de racisme, comme l’avaient fait Raymond Aron (lors de la parution du livre L’Idéologie française) ou le rabbin Léon Ashkenazi ? Ce dernier écrivait, manifestement au sujet de certains parmi les immigrés musulmans : « Aujourd’hui des “étrangers” se prétendent être les vrais possesseurs de notre pays [la France] et nous désign[ent] comme des intrus […] sans détours [ils] se proclament souvent nos ennemis et le prouvent par leurs actes » ?
Et quand comprendrez-vous aussi que la prise en considération du seul point de vue des anticatholiques sur « les religions », jugées expéditivement toutes aussi barbares les unes que les autres, est une attitude dont le manque d’empathie pour le peuple français dans son ensemble est insupportable et représente, pour un juif français, un manque de reconnaissance déplacé ?