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e canal diplomatique, Etats-Unis, Golfe Persique, Iran, la communication

Golfe Persique. Interceptés par les Gardiens de la révolution, dix marins américains ont été libérés. L’épisode révèle les remous que continue de provoquer à Téhéran l’accord sur le nucléaire iranien. Il montre aussi que le canal diplomatique entre les deux capitales fonctionne
La nouvelle n’aurait pas pu arriver à un pire moment. Quelques heures avant le dernier discours de Barack Obama sur l’état de l’Union, dix marins américains à bord de bateaux de guerre rapides ont été interceptés par les forces navales des Gardiens de la révolution, les forces d’élite du régime. A quelques jours de la mise en œuvre de l’accord historique sur le programme nucléaire iranien, l’affaire aurait pu tourner au fiasco. Les républicains y ont rapidement vu une preuve que l’accord en question, auquel ils ont toujours été opposés, était une grave erreur. Or les dix marins ont été libérés dans les vingt-quatre heures.
L’épisode, aussi dramatique fut-il quant à ses enjeux, met en lumière deux faits majeurs. L’accord de Vienne, conclu le 14 juillet par six puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni, France et Allemagne) avec la République islamique, continue de faire des remous en Iran. Les Gardiens de la révolution n’ont pas cherché à résoudre discrètement la violation «involontaire» des eaux territoriales iraniennes par des marins américains. Ils avaient intérêt à en faire grande publicité. L’agence Fars News, proche des pasdaran, a d’ailleurs d’emblée parlé «d’arrestations» alors que d’autres médias iraniens parlaient de «sauvetage».
Les Gardiens de la révolution ont beaucoup à perdre de l’accord sur le nucléaire auquel ils sont opposés: ils pourraient perdre les avantages que le régime des sanctions leur a procurés. Pour Hassan Rohani, l’affaire était aussi un test majeur. Le président iranien compte sur la levée des sanctions pour accomplir sa promesse: restaurer l’économie de la République islamique.
Le second aspect qui ressort de cette mini-crise est diplomatique. Dès l’annonce de l’interception des marins américains, le secrétaire d’État John Kerry a appelé son homologue iranien Mohammad Javad Zarif pour trouver une solution rapide. Tous deux avaient un intérêt manifeste à coopérer. Une telle option aurait été impensable voici quatre ans. Même si les Etats-Unis et l’Iran connaissent toujours de très profonds différends, la communication entre les deux pays fonctionne, malgré plus de trente-cinq ans de rupture diplomatique. C’est sans doute, hormis d’empêcher l’Iran d’acquérir la bombe, le principal bénéfice de l’accord du 14 juillet.