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A 10 mois de la primaire qui désignera le représentant de la droite et du centre pour l’élection présidentielle de 2017, LCP vous propose un premier état des lieux du rapport de forces qui se met en place à l’Assemblée Nationale. Si certains députés ont déjà choisi leur camp, la majorité reste prudente, toutes les candidatures n’étant pas encore officielles…

Au palais Bourbon, la question commence à se poser chez les députés de droite : « Et toi, pour qui tu roules ? » L’année 2016 signe le coup d’envoi de la campagne pour la primaire chargée de désigner le candidat de la droite et du centre à l’élection présidentielle de 2017.

Avoir des parlementaires à ses côtés, c’est l’assurance de bénéficier de précieux relais pendant la campagne. Des relais politiques, car l’élu prêchera la bonne parole dans sa circonscription et mobilisera ses troupes ; médiatiques aussi, car les soutiens pourront parcourir à loisir les plateaux de télévisions et les radios pour répandre la bonne parole. Mais pour certains, l’aide des députés revêt un intérêt plus prosaïque encore. En effet, pour être investi, un candidat doit être soutenu par vingt parlementaires. Un couperet qui pourrait dissuader bien des velléités…

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Fillon rencontre une fois par mois députés et sénateurs

Parmi les candidats déclarés, il y a ceux qui veulent faire des parlementaires un appui de taille. François Fillon est de ceux-là. Depuis sa candidature malheureuse à la tête de l’UMP en 2012, le député de Paris cultive ce réseau. Une fois par mois, il rencontre sénateurs et députés séparément. À ce jour, à l’Assemblée, ils sont une soixantaine de députés à répondre présent. Avec, à chaque fois, un même casse-tête qui fait sourire ses équipes : trouver une salle « assez grande » pour les accueillir… Enfin, chaque mardi à 9 heures, une quinzaine de parlementaires se réunissent autour de lui pour discuter des questions d’actualité.

Hervé Mariton fait lui aussi son possible pour séduire les parlementaires. Député de la Drôme depuis 1993, il espère récolter les parrainages nécessaires parmi les 50 parlementaires qui l’avaient soutenu lorsqu’il ambitionnait de devenir président de l’UMP, en 2014. Pour l’instant, seuls les députés Philippe Gosselin et Etienne Blanc se sont publiquement engagés à ses côtés. Chaque mois se tiennent une réunion du comité d’organisation et une autre du comité stratégique. « Sur la cinquantaine de parlementaires qui m’ont soutenu, une trentaine sont encore régulièrement présents » évalue-t-il. Il estime à quinze environ le nombre de parlementaires les plus fidèles.

« Pas la priorité d’Alain Juppé »

Pour l’heure, Alain Juppé fait encore office de « mauvais élève » au Palais Bourbon. Il faut dire que l’ancien Premier ministre et maire de Bordeaux n’est plus présent au Parlement depuis 2004 et qu’il n’a pas profité de ces douze dernières années pour inviter les parlementaires à découvrir les bons vins dans son fief… Officiellement, dit-on, « ce n’est pas la priorité d’Alain Juppé » qui privilégie les rencontres avec les Français et la création de comités de terrain. Occasionnellement, ses fidèles soutiens, les députés Benoist Apparu et Edouard Philippe, lui organisent un déjeuner ou un café, en tête à tête, avec de jeunes députés de droite qui « montent ».

Alain Juppé peut néanmoins se targuer du soutien officiel d’une dizaine de députés. Un chiffre qui reste faible par rapport à d’autres concurrents comme François Fillon. Ses conseillers assurent que ce n’est pas un problème et pronostiquent un ralliement « naturel » des députés, le temps venu, en direction du grand favori des sondages…

Sarkozy pourrait attendre septembre pour se déclarer

S’il n’est pas encore officiellement candidat, Bruno Le Maire devrait rapidement se dévoiler. Le député de l’Eure, surnommé « Monsieur 30 % » en référence à son score face à Nicolas Sarkozy pour la présidence de l’UMP en 2014, ne fait plus semblant : oui, il se « prépare » à la campagne pour la primaire. En attendant sa déclaration officielle de candidature, il réunit chaque semaine 10 des 25 parlementaires qui lui sont proches, dans une salle de l’Assemblée nationale au 101, rue de l’Université, ou dans une salle du 126. Sa garde rapprochée évalue son comité de soutien à une soixantaine de parlementaires (députés et sénateurs).

Pas de précipitation en revanche du coté de Nicolas Sarkozy. Son plus gros atout ? La maîtrise du temps. Le président des Républicains pourrait même en théorie attendre septembre 2016 pour officialiser sa candidature. A ce stade, les seules rencontres ont lieu lors des réunions de groupe, des bureaux politiques ou au comité exécutif du parti. Au siège des Républicains, on confirme l’information de l’Opinion selon laquelle Brice Hortefeux a réuni mardi matin une quarantaine d’élus pour préparer la candidature de Nicolas Sarkozy. Parmi eux, on compte plusieurs députés comme Eric Ciotti, David Douillet, Guillaume Larrivé, Damien Meslot, Philippe Meunier ou encore Claude Greff. Pas question, pourtant, de parler de « soutiens officiels » : le calendrier impose une formule plus adéquate, à savoir « des responsables politiques engagés à ses cotés »…

Aujourd’hui, la majorité des députés refuse d’afficher publiquement un quelconque soutien. Prudence est mère de sûreté : la plupart préfèrent attendre. Sans compter que des inconnues demeurent : de Nathalie Kosciusko-Morizet à Jean-François Copé en passant par Nadine Morano et Jean-Frédéric Poisson, la liste des candidats à la primaire est loin d’être exhaustive. A condition, bien sûr, d’obtenir les parrainages nécessaires…

Par Germain Andrieux et Camille Vigogne Le Coat ; infographie Jean-Philippe Gauchet.

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