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Le vice-président de la Commission européenne chargé de la zone euro estime que « la France ne délivre pas les efforts structurels qui lui avaient été réclamés par le Conseil de l’UE ».
Faut-il un stimulus budgétaire général au sein de la zone euro pour relancer la croissance, comme de nombreux économistes le demandent ?
Regardons déjà la situation de notre économie. Le tableau d’ensemble s’améliore progressivement. La reprise économique est là, même si ce n’est pas encore au rythme que nous souhaitons. La croissance devrait être de 2 % cette année dans l’UE, et elle devrait même être de retour en Grèce au deuxième semestre. Je précise que cette prévision intègre déjà le ralentissement constaté dans les pays émergents, et en particulier la Chine. Dans ce contexte, les Etats qui ont une marge de manœuvre budgétaire sont bien sûr invités à l’utiliser pour stimuler l’économie et l’investissement. Mais tous les pays en situation de déficit excessif ou ayant une dette trop importante doivent avant tout faire attention à la soutenabilité de leurs finances publiques, condition sine qua non d’une reprise économique durable. Au final, nous nous attendons à ce que l’impact de la politique budgétaire soit neutre cette année dans la zone euro.
Dans ce contexte, est-ce que la situation de la France vous inquiète ?
Nous attendons des Etats qu’ils restent fidèles à leurs engagements et fassent les ajustements budgétaires nécessaires. C’est d’autant plus vrai qu’il n’y a pas de dégradation des prévisions économiques qui servirait de justification pour demander plus de temps. Concernant spécifiquement la France, le pays a eu des performances budgétaires meilleures qu’attendu l’an dernier, avec un déficit à 3,8 % du PIB contre 4 % prévu. Cette année, il devrait être en dessous du niveau de 3,4 % qui lui était assigné. Et on s’attend à ce qu’il continue sur cette voie l’an prochain. Mais nous l’avons déjà dit : si la France atteint bien ses objectifs nominaux – ceux qui priment dans le cadre du Pacte de stabilité –, elle ne délivre pas les efforts structurels qui lui avaient été réclamés par le Conseil de l’UE.
Cela aura-t-il des conséquences pour 2017, année d’échéances électorales ?
C’est un sujet de préoccupation. Si la France veut atteindre son objectif d’un déficit en dessous des 3 % du PIB l’an prochain, elle devra agir sur le structurel. En clair, le pays devra faire plus d’efforts structurels en 2017 pour corriger son déficit excessif. Cela aurait été plus facile si plus d’efforts avaient été réalisés en 2015 et 2016.
Quand vont débuter les négociations sur un allégement du fardeau de la dette grecque ?
Nous devons d’abord conclure la première revue des réformes menées par Athènes depuis la signature du nouveau plan d’aide en août dernier. Il est certain que cela va prendre du temps, compte tenu des dossiers : la réforme des retraites, mais également les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs de surplus budgétaires en 2016, 2017 et 2018. Il faut aussi mettre en place le fonds de privatisation. Par ailleurs, l’environnement économique pour les entreprises reste un sujet de préoccupation et le gouvernement doit tout faire pour donner un cadre prévisible.
Bruxelles s’est montrée offensive cette semaine contre l’évasion fiscale. Quelles sont les prochaines étapes ?
Fin janvier, nous ferons des propositions législatives afin de traduire dans le droit européen le plan BEPS de l’OCDE limitant l’optimisation fiscale des multinationales. Nous voulons pousser pour inscrire le principe d’imposition effective des multinationales. Il y aura également un plan d’action pour la TVA, qui visera notamment à formaliser le fait que l’imposition doit se faire dans le pays de consommation et non d’origine. Nous allons également proposer des mesures contre la fraude à la TVA.
Les relations entre membres de la zone euro et la Grande-Bretagne sont au cœur des négociations pour éviter le Brexit…
Je ne crois pas que ce soit l’élément le plus problématique, et les difficultés devraient être résolues. Les membres de la zone euro peuvent faire preuve de transparence et d’ouverture pour leurs futures initiatives, sans que cela confère un droit de veto à la Grande-Bretagne. Quant à savoir s’il faut arrêter de présenter l’euro comme la monnaie de l’UE, je crois que c’est un problème plus symbolique que concret. Rien ne peut forcer le Royaume-Uni à adopter l’euro.