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état de l’UE, enchevêtrement des crises, Jean-claude Juncker, le droit d’asile, nouvelles réformes, Schengen
Le président de la Commission européenne est prêt à relever les défis. Il implore les États de prendre conscience de la gravité de l’enchevêtrement des crises, qui mettent en péril l’UE.
Le pessimisme gagne Bruxelles sur l’avenir de l’Union européenne All rights reserved
« Le cortège des problèmes non résolus est long et de nouveaux problèmes vont s’ajouter. »
Ces mots donnent le ton de la première déclaration officielle de l’année du président de la Commission européenne. C’est un Jean-Claude Juncker morose et sans illusions sur l’état de l’UE, qui s’exprime face aux journalistes, ce vendredi 15 janvier.
Le compte à rebours est lancé
Le Luxembourgeois va jusqu’à évoquer des “ruptures” et des “cassures” au sein de l’édifice. Une manière de faire référence aux divergences de plus en plus profondes entre l’Est et l’Ouest, sur les questions migratoires, ou entre le Nord et le Sud sur la politique économique.
Jean-Claude Juncker évoque une situation unique de “poly-crises”, dans laquelle chaque dossier influe l’autre, comme l’euro et Schengen.
“À quoi cela sert d’avoir une monnaie commune si on ne peut pas voyager librement sur ce continent ? ”
Les autres éléments destabilisateurs ne manquent pas : risques de sortie de l’UE du Royaume-Uni (Brexit), référendum néerlandais qui pourrait faire écrouler l’accord d’association avec l’Ukraine, coups de boutoirs du gouvernement polonais contre l’état de droit, ou inefficacité du mécanisme de répartition des réfugiés dans l’UE (300 personnes sur les 160 000 prévues).
Mais celui qui qualifie l’Europe « d’amour de sa vie”, n’est pas du genre à capituler sans se battre.
“Je ne me résigne pas, je ne baisse pas les bras”, lance-t-il.
Dans les étages de la Commission européenne, l’état d’esprit est le même.
“Le compte à rebours a commencé, lâche une source haut placée. Le prochain sommet sera déterminant. ”
“Moins d’arrogance, plus de performance”
Les 17 et 18 février, les chefs d’État et de gouvernement se retrouvent à Bruxelles. Le référendum britannique est censé occuper les discussions, mais la rencontre a toutes les chances de déborder sur d’autres sujets.
Le calcul de la Commission est simple : si d’ici le mois de mai, l’Allemagne n’a pas rouvert ses frontières, elle se trouvera en infraction avec les règles de Schengen.
Or, avec un million de personnes arrivées en 2015, et les événements de Cologne du Nouvel an, impossible pour la chancelière allemande d’annoncer un retour à la normale, si le flux de réfugiés ne diminue pas.
Jean-Claude Juncker annonce que la Commission européenne proposera de nouvelles réformes pour Schengen et le droit d’asile.
Mais il rappelle aussi que certains États refusent toujours d’appliquer des décisions déjà prises. Une référence aux pays de l’Est comme la Pologne, la Hongrie ou la Slovaquie, qui rechignent à accueillir les réfugiés, malgré le mécanisme de relocalisation.
“Quand dans son discours, Juncker parle de moins d’arrogance et plus de performance, il fait référence aux dirigeants européens et à la théâtralisation des sommets”, souffle le même responsable européen préférant garder l’anonymat.
En 2015, pas moins de 12 réunions des chefs d’État et de gouvernement ont été organisées, soit le triple par rapport aux circonstances normales. Avec pourtant, très peu de résultats de concrets, et quoi qu’il en soit, pas toujours mis en application.
D’où le constat cinglant du président de la Commission envers lui-même et ses homologues à la tête des Vingt-Huit.
« Ma génération n’est pas une génération de géants, mais de faibles héritiers [ … ]. Que laisserons-nous ? »
Bienvenue en 2016.