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François Schaller

A quinze mois des élections présidentielles en France, la perspective d’un second mandat de François Hollande devient moins effrayante vue de Suisse. N’a-t-il pas montré qu’il savait aussi s’entourer? L’opposition donne surtout la même impression chaotique et décourageante qu’aux Etats-Unis. Avec Hollande, on sait au moins à quoi s’attendre.

Les chances du président paraissent pourtant toujours aussi minces si l’on s’en tient aux indicateurs habituels: cote de popularité très médiocre, inversion de la courbe du chômage non réalisée alors qu’il en a toujours fait une condition de candidature.

Les nouvelles mesures annoncées hier pour l’emploi ont surtout des airs de routine réchauffée après une pleine année consacrée à la sécurité. Il s’agit comme toujours de demi-mesures assez techniques et coûteuses. Deux milliards d’euros cette fois-ci. Comment est-ce possible que l’on continue, ou que l’on recommence à donner de l’argent aux entreprises qui recrutent? Quel est le sens pour l’Etat d’acheter de l’emploi? Surtout lorsqu’il n’en a absolument pas les moyens? Hier, la Cour des comptes précisait que la dette de l’assurance chômage menaçait le système social en France: près de 30 milliards d’euros de pertes accumulées pour assurer des niveaux de prestation bien trop peu incitatifs par rapport au travail. Si au moins la tendance semblait maîtrisée. En fait, les demandeurs d’emploi indemnisés ont augmenté de 750.000 personnes en cinq ans, avec une indemnisation moyenne en hausse de près de 8%. Une vraie politique keynésienne de relance.

On peut compter quinze mesures anti-chômage annoncées ces quatre dernières années. Au final, elles n’ont eu à peu près aucun effet mesurable. Tout ce qui a été décrété du côté de la formation vient rappeler que cet aspect du problème est important, mais que les programmes pour chômeurs ont partout dans le monde des rapports coûts/efficacité très médiocres.

Les événements tragiques qui ont secoué la France l’an dernier auront de nouveau distrait les Français de leur vraie priorité dans la durée: la libéralisation approfondie de leur marché du travail. Et ce genre de révolution, comme l’Allemagne l’a montré, gagne à venir de gauche. Le plus déprimant, c’est de se dire que l’occasion est peut-être déjà galvaudée.

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