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Guillaume de Calignon
L’absence de réformes réellement ambitieuses est pointée du doigt.
« Une politique de rustines, c’est utile mais cela ne peut être que transitoire. Il faudrait pour cela se placer dans une perspective de réforme globale à moyen terme. Et force est de constater que ce n’est pas le cas. » Alain Trannoy, professeur à l’Ecole d’économie d’Aix-Marseille, fait partie de ceux qui critiquent le plan de lutte contre le chômage du chef de l’Etat. Non que celui-ci soit fondamentalement mauvais, mais il paraît insuffisant au regard de l’ampleur du chômage.
VIDEO Analyse de Stéphane Carcillo, professeur affilié au département d’économie de Sciences Po Paris
D’autres sont plus critiques. « La mauvaise formation des chômeurs est un problème structurel auquel le chef de l’Etat répond de manière événementielle », considère Gilbert Cette, professeur d’économie à l’Université de la Méditerranée Aix-Marseille II. « Pour le régler, l’effort doit être continu, se faire dans la durée. Il vaut mieux adapter la formation professionnelle, réfléchir sur l’Education nationale et sur la façon dont elle gère les décrocheurs », estime-t-il. « Faute d’une réforme de fond de la formation professionnelle, qui a avorté en 2014, le gouvernement remet au pot. C’est un aveu d’impuissance », selon Alain Trannoy.
« Tôt ou tard, il faudra réformer le SMIC »
Gilbert Cette, qui a pourtant travaillé sur le programme économique du candidat Hollande en 2012, juge aussi sévèrement la prime de 2.000 euros accordée aux entreprises de moins de 250 salariés pour l’embauche d’un salarié payé moins de 1,3 fois le SMIC. « Si le gouvernement décide d’aider les entreprises à embaucher jusqu’à 1,3 fois le SMIC, c’est bien que le coût du travail au niveau du salaire minimum est trop élevé. Donc tôt ou tard, il faudra réformer le SMIC », estime l’économiste. Sans compter qu’il s’agit de « la énième aide ponctuelle de ce genre », qui crée un effet d’aubaine pour les chefs d’entreprise et, de nouveau, un effet de seuil au-delà duquel il sera moins intéressant d’embaucher un salarié, pointe Alain Trannoy. Et d’ajouter : « Face à 3,5 millions de chômeurs et à la désespérance sociale qui se mue en désespoir politique, il est difficile de comprendre pourquoi les gouvernements ne tentent pas de nouvelles solutions. »
VIDEO Analyse de Stéphane Carcillo, professeur affilié au département d’économie de Sciences Po Paris