Étiquettes
conférence de Genève, La Syrie, La Turquie, présence des Kurdes du PYD
Interrogé par CNN, le Premier ministre turc a confirmé que la Turquie refuserait la présence des Kurdes du PYD, le parti de l’union démocratique, qu’Ankara considère comme un groupe terroriste. La Russie, quant à elle, insiste pour qu’il soit convié aux discussions.
Le Premier ministre Ahmet Davutoglu répond aux questions de Christiane Amanpour sur CNN, le 25 janvier 2016.
L’objectif des négociations, fixé par la feuille de route entérinée le 18 décembre par la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’Onu, est de permettre la formation d’un gouvernement d’union nationale dans les six mois et la tenue d’élections générales dans les dix-huit mois.
La Turquie met son veto au PYD
Mardi matin, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a martelé une fois encore qu’il n’était possible de parvenir à un accord de paix si les Kurdes ne participaient pas à la conférence. Leur exclusion serait « injuste » et « contre-productif », a-t-il jugé, avant de fustiger l’attitude « capricieuse » de certains pays.

La Turquie refuse catégoriquement d’entendre parler du PYD et de son co-président, Salih Muslim. En effet, Ankara considère le PYD comme la branche syrienne du PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan, une organisation qualifiée de terroriste par l’Union européenne et les Etats-Unis, qui lutte depuis trente ans contre l’Etat turc.
« Nous voulons que les Kurdes syriens soient à la table des négociations. Sans les Kurdes syriens, la table ne serait pas complète », a indiqué Davutoglu avant de déclarer net : « Mais pas les YPG ». Les YPG, les unités de protection du peuple, le bras armé du PYD, avancent pourtant sur le terrain, soutenus par les bombardements de la coalition et de la Russie.
« Personne ne peut persuader la Turquie que ces gens sont en faveur de la paix », a poursuivi le Premier ministre. Une position que ne partagent pas les Etats-Unis. En visite à Istanbul, le vice-président Joe Biden a bien pris soin de distinguer le PKK du PYD.
Mevlüt Cavusoglu, le ministre des Affaires étrangères turc, a parlé d’un « boycott » en cas de participation du PYD. « Est-ce qu’une organisation terroriste peut représenter le peuple ? Est-ce qu’al Qaïda et al Nosra auraient pu être présentes à la table ? », s’est-il indigné.
« Si Muslim est un terroriste, pourquoi a-t-il été accueilli à Ankara ? », a demandé Kemal Kiliçdaroglu, le chef de l’opposition kémaliste, faisant référence à sa venue en octobre 2014 pour rencontrer les autorités turques en plein drame qui se jouait à Kobané.
Salih Muslim : « le PYD est le garant de la laïcité »
« Si certaines parties qui sont efficaces dans le dossier syrien ne sont pas autour de la table, il va se passer la même chose que ce qu’il s’est passé à Genève 2 », a rappelé Salih Muslim, en référence aux négociations de 2014 qui avaient capoté. « Les négociations et la solution politique échoueront. Donc nous sommes favorables à ce qu’il y ait tout le monde autour de la table », a-t-il ajouté.
De leur côté, les Kurdes contestent la présence du groupe rebelle l’Armée de l’islam (Djaïch al Islam). « Leur mentalité est la même que celle du Front al Nosra et de Daesh. Ils veulent clairement établir un Etat islamique », a dit Muslim, qui a présenté le PYD comme le garant de la laïcité lors des négociations.
« Les obstacles à la tenue de la conférence n’ont pas encore été levés. Les bombardements russes de zones civiles doivent cesser et les sièges ou blocus doivent être levés », a estimé de son côté Georges Sabra, numéro deux de la délégation du Haut comité de l’opposition.
« Je peux déjà vous le dire, et ne soyez pas surpris, il y aura beaucoup de gesticulations, beaucoup d’allers et retours en raison d’une bombe ou d’une attaque [sur le terrain]. (…) Cela va probablement se produire et il ne faudra pas que cela nous déprime ou nous impressionne », a prévenu l’émissaire de l’Onu, Staffan de Mistura. « L’important, c’est de rester sur notre dynamique », a-t-il ajouté.