Étiquettes

,

Isabelle Ficek / Journaliste et Marie Bellan
  • L'ex-Premier ministre veut insuffler « changement culture » objectif retour au plein-emploi ans.

    L’ex-Premier ministre veut insuffler un « changement de culture » avec pour objectif le retour au plein-emploi en cinq ans. – Photo Jean-François Monier/AFP

L’ex-Premier ministre présente ce jeudi ses mesures pour les entrepreneurs, dont une réduction de l’impôt sur le revenu de 30 à 50 % du montant investi dans les PME.

Changer radicalement l’environnement des entrepreneurs en même temps que développer « l’esprit d’entreprendre ». C’est ce programme en vue de la présidentielle que François Fillon présente ce jeudi à Lyon à un public d’entrepreneurs. « Cela fait trente ans qu’on se plante sur le chômage et on a presque tout essayé, alors il faut changer de logiciel. Je plaide pour une transformation profonde de notre modèle économique et social, déjà esquissée dans mon programme macroéconomique. Aujourd’hui, je veux aller plus loin avec un « new deal » entrepreneurial », explique l’ex-Premier ministre aux « Echos ». « On parle toujours de politique pour les entreprises, mais jamais pour les entrepreneurs. Ils sont mal-aimés alors qu’ils ont besoin d’être soutenus et encouragés », explique le candidat à la primaire à droite qui a trouvé « maladroite » la phrase d’Emmanuel Macron ( « la vie d’un entrepreneur est souvent bien plus dure que celle d’un salarié »), mais « les réactions qu’elle a déclenchées sont symptomatiques d’un état d’esprit à changer ».

Lever les contraintes

Pour ce changement, François Fillon estime qu’il y a « un vrai travail à faire pour lever une à une les contraintes qui pèsent sur les entrepreneurs ». Et d’abord sur leur financement. Un volet de son programme sera spécifiquement consacré à la fiscalité du capital pour laquelle il envisage une sorte de « flat tax » à 30 %, soit, en moyenne, le niveau européen. Mais, afin d’orienter l’épargne vers l’investissement dans les PME, l’ex-Premier ministre prévoit de réduire l’impôt sur le revenu de 30 à 50 % du montant investi dans une PME, jusqu’à un plafond de 1 million d’euros par an. Ceci, couplé au développement des fonds privés d’amorçage, labélisés par bpifrance et abondés par l’Etat. Quant à la transmission des PME familiales – « la transmission, c’est souvent la fin de l’aventure », lâche celui qui a déjà proposé de supprimer l’ISF -, il souhaite instaurer un « sursis d’imposition » lors de la transmission aux descendants. En clair, un « gel des droits de succession tant qu’il n’y a pas cession ».

Alors que François Fillon a déjà proposé, dans le volet compétitivité de son programme, une baisse des charges patronales « quel que soit le niveau de salaire », il avance aussi, pour encourager la croissance des PME, un contrat de travail avec des modalités de rupture prédéfinies ainsi qu’un référendum d’entreprise en cas de blocage du dialogue social. Enfin, pour limiter les risques pesant sur les chefs d’entreprise, François Fillon envisage de limiter au cas de fraude le champ du droit pénal qui leur est applicable.

Pour encourager ceux qui souhaiteraient devenir entrepreneurs, le député de Paris veut permettre l’intéressement au capital des employés de PME sans risque de requalification et avec exemption de charges sociales. Malgré les assouplissements de la loi Macron, le risque de requalification en « salaire déguisé » reste élevé selon lui.

Enfin, dans le « changement de culture » qu’il voudrait insuffler, François Fillon vise l’introduction de l’entrepreneuriat dans les programmes du secondaire et le développement des Junior-Entreprises dans les universités. Loin de vouloir supprimer le statut d’autoentrepreneur créé par Hervé Novelli – « un succès historique, une réforme majeure, pas parfaite mais qui préfigurait le début d’une nouvelle organisation du travail » -, il proposera de le renforcer.

Ces mesures s’entendent bien sûr avec la suppression de la durée légale du travail de 35 heures, François Fillon souhaitant ensuite laisser la négociation sur le temps de travail aux entreprises. « La plupart de mes concurrents à droite restent dans une logique étatique, ils l’aménagent, l’assouplissent, mais il y a toujours une corde de rappel. Moi, je vais au bout de la logique de la libération de l’économie », avance-t-il. Avec pour objectif le retour au plein-emploi en cinq ans.

http://www.lesechos.fr/