Lors de leur réunion de groupe mardi à l’Assemblée nationale, les parlementaires Les Républicains se sont divisés entre partisans et opposants à la révision constitutionnelle. Les élus ont notamment assisté à une passe d’armes musclée entre Nicolas Sarkozy et François Fillon.
« François, j’ai lu ce que tu as déclaré. J’aurais préféré que tu viennes le dire au bureau politique, où nous en avons débattu deux heures et où tu n’étais pas. » Quand Nicolas Sarkozy a pris la parole mardi matin, l’ambiance était tendue au sein du groupe des parlementaires LR, plus divisés que jamais sur la révision constitutionnelle depuis que François Fillon a pris officiellement position contre. D’entrée, le patron des députés Christian Jacob, Eric Woerth, Eric Ciotti et Jean-Francois Copé ont plaidé pour le « oui ». « Il faut voter pour et laisser les socialistes se débrouiller entre eux », a lâché Jean-Francois Copé, selon un participant. « Cela ne sert à rien, bien sûr. Et, dans l’idéal, il ne faudrait pas changer la Constitution. Mais les Français ne comprendraient pas qu’on vote ‘contre' », a jugé Eric Woerth. « Comment donner l’impression qu’on mégote? », a lancé Eric Ciotti.
Un « oui » à la révision constitutionnelle également défendu par Bruno Le Maire : « Hollande s’est mis dans une impasse. Laissons-le dedans. » Dans son laïus, l’ancien ministre a listé les trois raisons de son choix : « D’abord, un individu qui s’attaque à ce que nous sommes comme français ne mérite pas d’être français. De plus, en votant contre, on offre une porte de sortie à Hollande. Enfin, le débat public doit porter le plus vite possible sur des vrais sujets de préoccupation des Français. »
La révolte du camp des « contre »
« Je suis pour la déchéance, nous sommes tous pour mais ce texte ne changera rien », a répliqué François Fillon. « Le Parlement peut se ridiculiser à ce jeu. Je n’ai pas envie de jouer à cela », a-t-il estimé avant d’ajouter à l’adresse de Bruno Le Maire : « L’argument selon lequel il faut voter ‘pour’ pour en sortir vite est particulièrement absurde! Cela ne tient pas debout. »
Une rhétorique reprise par Nathalie Kosciusko-Morizet, également opposée « depuis le début », a-t-elle insisté : « Il y a un meilleur moyen d’en sortir (plus vite) : voter ‘contre’ dès mercredi. Cela mettra fin au débat. » Et l’élue parisienne de compléter : « Autre argument : on nous dit que les Français sont ‘pour’. Il faut y regarder de plus près. Dans un sondage récent, ils préféraient surtout l’indignité nationale. Et moi, je crois qu’ils sont surtout pour qu’on sorte de ce débat absurde. »
Prenant la parole après eux, Nicolas Sarkozy s’est placé sur le terrain de la sécurité. « Il y aura de nouveaux attentats. On nous demandera des comptes » et les arguments des constitutionnalistes seront « balayés », a-t-il mis en garde. Le président du parti s’est ensuite adressé à NKM et Patrick Devedjian : « Que ceux qui ont toujours été ‘contre’ votent ‘contre’, comme en bureau politique, d’accord. » Et de viser François Fillon : « Mais que ceux qui ont soutenu (l’extension de) la déchéance par le passé changent d’avis, ça non! » Dès lors, « je souhaite que vous votiez ‘oui' », a-t-il conclu. Reste à savoir s’il sera suivi mercredi.