Étiquettes
argent en politique, Bernie Sanders, Donald Trump, New Hampshire, Primaires 2016, révolution politique

Les électeurs du New Hampshire ont accordé des victoires convaincantes au républicain Donald Trump et au démocrate Bernie Sanders, jetant leur dévolu sur des candidats qui font campagne contre l’establishment. L’un qui se dit trop riche pour être acheté, l’autre qui dénonce l’influence de l’argent en politique.
Une semaine après avoir perdu les caucus de l’Iowa, les deux hommes ont réussi à prendre leur revanche, donnant raison aux sondeurs et excédant même leurs prédictions. Ils ont tous deux devancé leurs rivaux d’environ 20 points de pourcentage.
Leur avance était si grande que les réseaux américains ont rapidement scellé l’issue de la course. CNN a même désigné les gagnants dès 20 h, dans les secondes ayant suivi la fermeture des derniers bureaux de vote.
Chez les républicains, le controversé multimilliardaire, nouveau venu en politique, a remporté 34,5 % des votes, après le dépouillement de 81 % des votes.
« Je veux féliciter les autres candidats, a lancé d’emblée le vainqueur républicain dans son discours de victoire, passant rapidement à un autre sujet après s’être « débarrassé » de cette formalité.
Construction d’un mur à la frontière du Mexique, promesse de mettre le groupe armé État islamique « K.O », plaidoyer pour le port des armes à feu : le flamboyant candidat a livré un discours fidèle à sa rhétorique habituelle.
Écorchant au passage le vainqueur démocrate, il a affirmé que Bernie Sanders voulait « donner notre pays », ajoutant que lui mandaterait des experts en affaires pour négocier de meilleures ententes commerciales.
« Nous battrons la Chine, le Japon, le Mexique – tous ces pays qui prennent notre argent chaque jour », a-t-il lancé. « Le monde va nous respecter de nouveau, croyez-moi! » « Je vais être le plus grand créateur d’emplois que Dieu a jamais créé! », a-t-il dit, reprenant des propos souvent répétés.
Le magnat de l’immobilier a ensuite contesté le taux de chômage officiel de 5,5 %, affirmant qu’il pourrait même atteindre 42 %.
Derrière Trump, John Kasich a recueilli 16,2 % des voix, suivi d’un peloton où les appuis étaient comparables : Ted Cruz – gagnant de l’Iowa -, avec 11,5 %, Jeb Bush, avec 11,1 % et Marco Rubio, avec 10,5 %.
Après le scrutin de l’Iowa, les attentes envers Marco Rubio, qui avait livré une chaude lutte aux deux meneurs, étaient élevées. Les analystes se demandaient même si le New Hampshire lui permettrait de prendre ses distances avec les autres candidats républicains réputés plus modérés.
Mais la mauvaise performance du sénateur de la Floride lors du débat républicain de samedi a sans doute contribué à ses mauvais résultats.
Le jeune politicien a lui-même évoqué cette hypothèse. « C’est ma faute. Ça n’arrivera plus jamais », a-t-il affirmé devant ses partisans.
Les quatre autres candidats ont terminé sous la barre des 10 %.
Le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, qui a terminé sixième, a indiqué qu’il évaluerait ses options pour la suite de la campagne.
La « révolution politique » est commencée, assure Sanders
Bernie Sanders, s’exprimant devant ses partisans après sa victoire au New Hampshire. Photo : PC/J. David AkeDans le camp démocrate, où la lutte se joue désormais à deux, Bernie Sanders a infligé une cuisante défaite à sa rivale, qui avait pourtant remporté cet État en 2008, battant alors Barack Obama.
Le sénateur du Vermont – un État voisin du New Hampshire – recueille 59,9 % des appuis, contre 38,5 % pour Hillary Clinton, après le dépouillement de 81 % des votes.
Lors du lancement de sa campagne, il y a un peu plus de huit mois, il tirait de l’arrière de 40 points de pourcentage sur l’ancienne secrétaire d’État.
Prenant la parole devant ses partisans, celui qui se présente comme un « démocrate socialiste » a dénoncé les injustices sociales et économiques, voyant dans sa victoire le « début d’une révolution politique ».
« Ce soir, nous donnons un avertissement à l’establishment économique et politique de ce pays : le peuple américain n’acceptera pas un système de financement électoral corrompu […] et nous n’accepterons pas une économie truquée », a-t-il soutenu, ajoutant que le message était aussi destiné à l’establishment des médias.
« Les gens veulent du vrai changement », a lancé le politicien, évoquant un salaire minimum de 15 $, la parité salariale, l’université gratuite, l’assurance maladie pour tous et la lutte contre le réchauffement climatique.
Auparavant, Hillary Clinton a rapidement téléphoné à son adversaire pour concéder la victoire.
Dans son discours, celle qui a remporté de justesse les caucus de l’Iowa la semaine dernière s’est de son côté présentée comme celle qui pouvait régler les problèmes, pas seulement les dénoncer. « Les gens ont le droit d’être en colère, a-t-elle déclaré, mais ils veulent des solutions », a-t-elle dit devant ses partisans.
« Je travaillerai plus dur que quiconque pour concrétiser changements qui rendent votre vie meilleure », a-t-elle promis.
L’ancienne première dame a reconnu avoir du « travail à faire » auprès des jeunes, plus enclins à soutenir Bernie Sanders. « Même s’ils ne me soutiennent pas présentement, je les soutiens », a-t-elle déclaré.
Mme Clinton a également tenté de fouetter l’ardeur de ses troupes. « Je sais ce que c’est de trébucher et de tomber. Plusieurs personnes dans tout le pays connaissent ce sentiment. Mais l’important […], c’est de savoir se relever », leur a-t-elle dit.
Un taux de participation élevé
Selon un porte-parole de l’État, le taux de participation, déjà plus élevé que dans plusieurs États, devrait battre un record, malgré la neige et le froid.
Contrairement à l’Iowa, un petit État qui tient des caucus réservés aux électeurs affiliés à l’un ou l’autre des partis, le New Hampshire tient une élection primaire qui est ouverte aux électeurs indépendants. Ces derniers peuvent soit désigner un candidat démocrate, soit choisir un candidat républicain.
La proportion des indépendants est d’ailleurs très importante dans cet État. Près de 883 000 électeurs avaient le droit de vote, soit plus de 230 000 démocrates, quelque 262 000 républicains et près de 390 000 indépendants.
Le New Hampshire procure 23 délégués aux républicains, sur un total de 2472, et 32 aux démocrates, sur un total de 4763.
Les prochains rendez-vous électoraux se dérouleront le 20 février, mais le scrutin organisé par chacun des partis ne se déroulera pas dans le même État. Les démocrates tiendront leurs caucus du Nevada, tandis que les républicains tiendront leur primaire de Caroline du Sud.