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Discours au Conseil national Les Républicains :

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Conseil National Les Républicains

13 Février 2016

Intervention de François Fillon

Seul le prononcé fait foi

Mes chers amis,

Notre conseil national a pour objet de débattre de notre ligne politique…
C’est une bonne chose, sous réserve de ne pas oublier qu’une ligne politique est le résultat d’un projet pour la France, pas le fruit d’une synthèse molle entre nous.
La synthèse, c’est pour les démocraties tranquilles et les pays riches. Nous n’en sommes plus là.
Notre nation s’enfonce et elle est au bord de la révolte.
Le jour où la Banque Centrale Européenne arrêtera de faire tourner la planche à billets et où nos taux d’intérêts remonteront, alors on arrêtera de donner des leçons à la Grèce car nous serons comme Athènes, à genoux devant le FMI, à genoux surtout devant les Français qui réclameront des comptes.

François Hollande joue les pères d’une nation qu’il appauvrit par son impuissance et qu’il divise par ses manœuvres politiciennes.
Plutôt que de remanier son gouvernement il aurait dû depuis longtemps remanier sa politique.
Il dit vouloir réformer jusqu’au bout, mais il n’a jamais commencé.
Il renvoie aux électeurs le soin de lui dire s’il faut faire ou non l’aéroport de Notre-Dame des Landes. Y-a-t‘il encore un Chef et un Etat ?
Son bilan est calamiteux.
Champion des impôts, champion du chômage, champion de la dette, champion des apparences avec Macron en tête de gondole qui parle mais n’agit pas, mais aussi champion des promesses abattues par la réalité.
La Cour des comptes vient de préciser que le «contrat de génération» qui était en première page du programme Hollande était un échec.
S’il n’y avait que cet échec !

Comme vous, j’ai rencontré des agriculteurs performants qui travaillent 80 heures par semaine et qui ne peuvent pas se verser de salaire à la fin du mois, et on s’étonne ensuite que le monde agricole soit à bout de nerfs !
J’ai vu des entrepreneurs et des artisans qui paient tellement de cotisations, d’impôts et de taxes que leur revenu est inférieur au SMIC.
J’ai vu dans nos cités, des habitants au bord de l’explosion.
La France est bloquée et la paupérisation s’étend.
Le président de la République a récemment décrété « l’urgence économique ».
Des mots, encore et toujours des mots…
En fait d’urgence on va réfléchir au code du travail, on va multiplier les primes à l’embauche, on va relancer l’apprentissage après l’avoir cassé, on va recycler pour la énième fois les vieilles recettes éculées qui n’ont jamais fonctionné…
François Hollande est impopulaire, mais cela serait excusable s’il l’était pour avoir dit la vérité et pour avoir vraiment réformé.
Ce serait pardonnable si tout notre continent était en panne économique, mais voilà, nos partenaires redémarrent, l’Allemagne et le Royaume-Uni sont en plein emploi et leur croissance est largement supérieure à la nôtre.
Nous sommes à la traîne et ce faisant, le gouvernement français, non seulement ne pilote plus l’Europe, mais il fait, par son impéritie, le jeu de tous ceux qui accusent Bruxelles de tous nos problèmes.

François Hollande n’a aucune vision de l’Europe.
Au début de son mandat, il a lâchement accusé Berlin d’être un frein à la croissance européenne, alors que c’était lui, le frein.
Sur la question des réfugiés, il a laissé Angela Merkel agir seule au lieu de mesurer toute l’ampleur du problème qui percute les règles de Schengen.
Face à la menace du Brexit, on est dans les petits arrangements, au lieu de refonder l’Europe autour des grandes priorités de notre temps.
Une monnaie puissante capable de nous affranchir de la tutelle exorbitante du dollar ; une politique de l’énergie pour ne pas être totalement dépendant des Russes ; une politique de frontières et d’immigration communes ; une défense collective pour endiguer les menaces ; une grande stratégie pour l’innovation et le numérique qui ferait des Européens la 1ère puissance technologique du monde.
Je veux « l’Europe mais avec la France debout » disait Philippe Séguin. Cher Philippe, aujourd’hui l’une et l’autre sont à terre et j’enrage de voir la civilisation européenne douter de son sort au milieu des orages.

J’accuse François Hollande et sa diplomatie de ne pas s’être donné tous les moyens de détruire l’Etat islamique.
Il aura fallu trois ans pour comprendre qu’il fallait frapper les fanatiques en Syrie, trois ans pour comprendre qu’il faudrait une vraie coalition internationale pour abattre leur bannière noire.
Maintenant, la Russie agit seule avec l’Iran, et, les bras ballants, nous attendons l’issue des évènements.

Depuis deux mois, le gouvernement nous fait débattre de la déchéance de nationalité et de l’état d’urgence qui existent déjà dans nos lois, et il nous impose et nous implore de réviser la Constitution.
Chacun de vous a son avis sur la question – et il est respectable.
Vous connaissez le mien : je l’ai exprimé selon ma conscience.
Comme vous tous, je suis évidemment favorable à la déchéance de nationalité des terroristes. Pas de pitié pour les sans pitiés, mais je ne suis pas aux ordres de François Hollande et de ses improvisations.
Ce que je n’accepte pas, c’est qu’on touche à notre Constitution pour rien, pendant qu’on occulte les vrais problèmes.
Les vrais problèmes, c’est l’efficacité de notre lutte contre l’Etat islamique en Syrie ; c’est le renforcement de nos dispositifs de sécurité et de renseignement qui ont montré des failles ; c’est le combat contre le salafisme qui ronge l’islam en France ; c’est la bataille contre le chômage de masse qui mine notre jeunesse.

Ma ligne politique est très claire : il faut impérativement battre la gauche et il faut changer ce système économique et social qui nous tue à petit feu.
Avec vingt ans de croissance molle, 6 millions de Français qui pointent à Pôle emploi, 2000 milliards de dettes, c’est bien plus qu’un problème de gauche ou de droite, c’est le problème de tout un système qui est usé jusqu’à la corde !
Durant des décennies, on a laissé entendre que l’Etat pouvait tout et que les citoyens lui devaient tout ; on a préféré le traitement social du chômage plutôt que d’assouplir le marché de l’emploi ; on a choisi les impôts plutôt que la réduction des dépenses publiques ; on a cultivé la précaution plutôt que le risque : voilà le système et son poison dont il faut vite nous soigner.

Pour cela, il faut changer de logiciel.
On ne va pas relancer la France avec de l’argent public, les caisses sont vides ! On ne va pas colmater les brèches avec des impôts et des règlements, les Français n’en peuvent plus !
Reste une solution, la plus efficace et la plus belle : faire confiance à la liberté, qui est la première valeur de notre devise et l’étincelle du progrès.
Aujourd’hui, malgré leurs efforts, les Français voient leur existence coincée alors que la vie est faite pour être vécue à fond, avec l’espoir de saisir ses rêves.
On a tout nivelé, tout encadré, au nom d’un misérabilisme mou.
«Tu as 20 ans, tu veux créer ton entreprise ? Remplis le formulaire en trois exemplaires avant de rêver !»
«Tu veux travailler le dimanche ? Demande la permission aux syndicats !»
«Tu veux travailler plus, gagner plus, transmettre à tes enfants le fruit de tes efforts ? Pense d’abord aux impôts !»
Comment voulez-vous, dans ces conditions, stimuler les Français ?
J’en suis pourtant certain : donnez-leur la liberté d’oser, et vous verrez que leur audace les mènera très haut !

Notre priorité doit être de créer une France productive, une France du plein emploi où chacun se sent la capacité de prendre l’initiative.
Certains pensent qu’on a tout essayé contre le chômage : c’est faux ! Assez de verbiage, il faut Faire.
Nous devons baisser le cout du travail, donner aux entrepreneurs la liberté de négocier le temps de travail avec leurs salariés et il faut le faire vraiment sans leur fixer de contraintes à l’avance.
Nous devons généraliser l’apprentissage, réformer l’assurance chômage et instaurer la dégressivité des allocations.
Je veux, avec vous, moins de charges, moins d’impôts, plus de confiance pour ceux qui font tourner les moteurs de l’économie française.
Je veux remettre nos finances publiques en ordre car les déficits vampirisent nos capacités d’investissement : pour cela il faut réduire le nombre de fonctionnaires, passer aux 39 heures dans les fonctions publiques, fusionner les départements et les régions, aller vers la retraite à 65 ans…
Tout cela est radical parce que la situation est radicalement bloquée.
Les socialistes prétendent défendre le « modèle social », mais de quel modèle parlent-ils ? Le conservatisme est antisocial.
Soyons, mes amis, le parti des jeunes qui se cassent les dents sur la rigidité du code du travail.
Soyons le parti des chômeurs qui préfèrent bosser le dimanche plutôt que de pointer à Pôle emploi le lundi.
Soyons le parti des ouvriers qui préfèrent travailler un peu plus que de ne plus travailler du tout.
Soyons le parti des entrepreneurs, des artisans, des agriculteurs, qui prennent des risques.

Nous devons libérer notre force productive et il faut l’autorité républicaine.
Ces derniers mois, on parle beaucoup de la République. C’est abstrait. Moi, je dis la « République française » !
Dans la République française, l’Ecole transmet aux enfants le respect des autres et celui de son pays. Qu’à la suite des attentats, les minutes de silences aient pu être perturbées, est une honte !
Que dans certains de nos quartiers, des adolescents s’interpellent en fonction de leurs origines est inadmissible. «Gaulois», «feujs», «beurs», «black», cette régression tribale est contraire à l’idée que je me fais de la France unie.
S’il faut rappeler que nous sommes tous Français et tous égaux, eh bien, rétablissons l’uniforme à l’Ecole, imposons une morale civique qui ne soit pas un bavardage, restaurons l’autorité et soutenons les enseignants qui ne tremblent pas.
Ceci est bien plus crucial et urgent que la suppression de l’accent circonflexe.

Dans la République française, les derniers arrivants ont des devoirs avant de réclamer tous les droits.
Nous devons réduire l’immigration à son strict minimum, en l’organisant par quotas, en fonction de nos besoins économiques et de nos capacités d’intégration.
Nous devons conditionner les aides sociales à une certaine durée de présence en France ; il faut préciser à ceux que nous avons choisi d’accueillir ce que nous exigeons d’eux : un travail, la volonté de s’approprier notre langue et nos règles communes.
Chacun a ses différences, mais la fraternité ne va pas sans communion nationale !

Dans la République française, la laïcité ne recule pas.
Comme l’a demandé courageusement l’imam d’Alfortville « il faut nettoyer les mosquées salafistes ».
Ce que l’Etat a autrefois exigé de la religion catholique, il doit l’exiger aujourd’hui de la religion musulmane.
Mais la fermeté ne dépend pas seulement de l’Etat.
Il revient à nos concitoyens musulmans de se soulever contre ceux qui instrumentalisent leur foi car c’est aussi une bataille idéologique et spirituelle qu’il faut livrer tous ensemble.

Nous débutons un siècle difficile qui défie notre force d’âme.
Je vous l’assure, si en 2017 nous prenons fermement les choses en mains, si nous sommes mandatés par les Français pour appliquer un projet sans concession parce que nous aurons eu le courage d’être élus pour cela, alors, je vous le certifie, notre pays peut effectuer son retournement en deux ans, se redresser en cinq ans, et en l’espace de dix ans, la France peut être la première puissance européenne.
Ils sont des millions, ces Français dévoués et ingénieux, prêts à se retrousser les manches.
Je ne vois dans leurs yeux ni lâcheté, ni résignation, mais bien une force qui attend son heure.
Alors, tous ensemble, allons au-devant de ce rendez-vous décisif pour la France.