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Afep, assurance-chômage, dégressivité des allocations, Emploi, UNEDIC
Derek Perrotte
L’Afep dévoile ses préconisations pour réformer les règles de l’Unédic. Au menu : forte dégressivité des allocations et moins de droits entre 50 et 55 ans.
Plus question de reculer devant l’obstacle. A l’aube de l’ouverture de la négociation sur l’Unédic, lundi prochain, la puissante Association française des entreprises privées (Afep), qui regroupe les plus importants groupes, appelle à une profonde refonte des règles d’assurance-chômage pour répondre à une « double urgence » : « économique », avec 10,6 % de chômeurs, et « financière », avec une dette cumulée de 30 milliards d’euros qui « met en jeu la soutenabilité du système ». « Il faut redresser l’Unédic en instaurant une dynamique incitant au retour à l’emploi », insiste Pierre Pringuet, le président de l’Afep. Celui-ci exclut, au nom de « la politique globale de compétitivité qu’il faut poursuivre », une hausse des cotisations, « déjà les plus élevées d’Europe ».
Une « dégressivité forte » des allocations
Dans ce contexte, les pistes de l’Afep pour redresser les comptes du régime, que dévoilent « Les Echos », ne reposent que sur une baisse des droits des chômeurs, jugés parmi les plus généreux d’Europe. Première mesure choc : instaurer, pour les nouveaux entrants, une « dégressivité forte » des allocations, avec « un nombre limité de marches mais de taille importante ».
Cibler les seniors
L’Afep ne formalise pas d’objectif chiffré d’économies mais vise incontestablement haut. D’où sa volonté de compléter l’effort par d’autres mesures fortes, en particulier sur les seniors. En octroyant jusqu’à trente-six mois d’indemnisation aux plus de 50 ans (contre vingt-quatre mois pour les autres), l’Unédic « n’encourage pas à la reprise d’activité ». L’Afep recommande dès lors de relever ce seuil à 55 ans, ce qui économiserait 450 millions d’euros. Cette piste, recommandée par tout le patronat, par la Cour des comptes et « non taboue » pour la CFDT, sera clairement au menu des futures négociations. Plus que les droits dégressifs, dont le Medef se sert en réalité comme d’un chiffon rouge.
A défaut, l’Afep évoque d’autres pistes plus paramétriques d’économies, comme un abaissement de vingt-quatre à dix-huit mois de la durée maximale d’indemnisation. Mais, analyse-t-elle, cela risque d’engendrer « des effets de report budgétaire sur les dépenses de solidarité financées par l’Etat » (ASS et RSA). Pour cette raison, l’Afep penche plus pour un coup de rabot général, en passant à un ratio « 1 jour cotisé donne droit à 0,9 jour indemnisé », contre 1 pour 1 actuellement et éventuellement en ramenant de quatre à six mois la durée minimale d’affiliation à l’Unédic.
Sécuriser les modalités de rupture du CDI
Reste que de telles mesures seront impossibles à faire accepter aux syndicats sans contrepartie, en particulier sur la surtaxation des contrats courts. L’Afep entrouvre ainsi la porte à une « modulation des cotisations », non pas selon le type des contrats, mais en « fonction du coût effectivement transféré par l’entreprise à l’Unédic ». A condition, point clef, que cette logique de « pollueur-payeur » s’installe « à coût constant », les malus des entreprises recourant massivement à l’emploi précaire étant compensé par les bonus des plus vertueuses. L’Afep précise bien en outre qu’« une telle réflexion doit être articulée avec une réforme visant à sécuriser les modalités de rupture du CDI ». Un message a priori reçu par le gouvernement, en pleine réflexion en ce sens.
Les propositions de l’Afep