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Par Astrid Gouzik 

Le magazine 60 millions de consommateurs a publié, ce mardi 23 février, une enquête inquiétante sur la composition des produits d’hygiène féminins. Le centre d’essais a même relevé la présence de pesticides dans des produits étiquetés « bio ».

On ne connaît pas la composition des serviettes hygiéniques et des tampons

VRAI. En juillet 2015, Mélanie Doerflinger, une jeune étudiante, interpellait le fabricant de Tampax (Procter & Gamble) afin de connaître la composition de ses tampons. Sa pétition est signée par presque 200 000 personnes à ce jour.

Interpellée par le refus catégorique des industriels de donner plus de détails sur le mode de production des protections féminines, Victoire N’Sondé, journaliste pour 60 millions de consommateurs, décide de mener l’enquête. « Il existe une rubrique dans le magazine dans laquelle on raconte la circuit de production d’un produit du quotidien. Lorsque j’ai voulu me pencher sur les serviettes hygiéniques, je me suis heurtée à un rejet des industriels. Les mêmes qui m’avaient pourtant répondu sans problème pour les mouchoirs en papier », raconte Victoire N’Sondé. De quoi éveiller la curiosité de la journaliste, attisée par l’écho inattendu recueilli par l’initiative de Mélanie Doerflinger.

Les tampons contiennent des substances toxiques

VRAI Un laboratoire indépendant, sur la demande de 60 millions de consommateurs, a analysé la composition de tampons des marques Tampax (Procter & Gamble), Net et O.B. (Johnson & Johnson). Le résultat est alarmant : des traces de dioxines (polluants industriels) ont été détectées dans des références de marques O.B et Nett et des résidus de dérivés halogénés (sous-produits liés aux traitements des matières premières) dans une référence de marque Tampax.

L’Organisation mondiale de la santé reconnaît les dioxines comme des substances toxiques pouvant provoquer des troubles divers (procréation, dysfonctionnements hormonaux, cancer). Elle est classée comme « cancérogène avéré pour l’Homme » rappelle le magazine. Toutefois, les tests ont révélé de faibles teneurs de dioxine.

Les serviettes hygiéniques sont toutes en coton

FAUX Les industriels du secteur ont fini par fournir une liste (sommaire) des composants de leurs produits d’hygiène féminins. Conclusion : le voile de surface, c’est-à-dire la partie en contact direct avec le corps, est généralement du polypropylène, une matière plastique dont l’utilisation est controversée pour les produits alimentaires notamment. « Le contact répété des parties intimes avec certaines matières, notamment plastiques, peut être à l’origine d’effets indésirables », avance le magazine.

Alors c’est quoi produire des protections hygiéniques comme un industriel ?

https://youtu.be/uRjXDixe15A

Mieux vaut acheter des protections « bio »

FAUX Une autre révélation étonnante dans ce test. Le laboratoire a détecté du glyphosate, la substance active du Roundup (le très décrié herbicide produit par Monsanto) dans des protège-slips de marque Organyc. « La 1ere gamme de protections féminines 100% coton bio » revendique pourtant la marque sur son site internet. « Quoi ? Mes serviettes et tampons ne sont pas 100% coton ? », affiche-t-elle-même, une pique bien sentie à ses concurrents qui produisent « des serviettes traditionnelles en plastique et cellulose ». Ironie du sort, les produits Organyc contiennent un herbicide non sélectif absorbé par les feuilles et ayant une action généralisée.

L’explication la plus plausible étant que le coton utilisé ait été involontairement contaminé lors de la récolte ou du stockage. « Le fabricant a été très étonné de nos résultats », explique la journaliste.

Les industriels sont légalement contraints de fournir la liste des composants

FAUX. Et c’est bien le problème soulevé à la fois par 60 millions et par la pétition signée par presque 200 000 personnes. Aucune obligation réglementaire ne contraint les fabricants à révéler les secrets de ses produits. « Mais nous avons transmis nos résultats à la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes et au cabinet du ministre de la Santé », conclut Victoire N’Sondé.

L’Usine Nouvelle a contacté Procter & Gamble ainsi que Johnson & Johnson afin de connaître leur réaction suite à la parution de cette étude. A l’heure où nous publions cet article, nous n’avons pas pu obtenir de réponse de leur part.

http://www.usinenouvelle.com