Étiquettes
Dans un contexte de crise de la filière laitière, Sodiaal, le premier groupe coopératif laitier français, a annoncé un plan d’économies pour 2016 touchant les investissements et les achats. Des gels de recrutement sont prévus mais pas de restructuration industrielle. Pour Francis Declerck, professeur à l’Essec, « Sodiaal a raison de réduire ses coûts pour améliorer sa compétitivité ». Décryptage.

Sodiaal est notamment connu auprès des consommateurs pour sa marque Candia Crédits : ROUY Emilie
41 millions d’euros. C’est le montant du plan d’économies que vient de lancer le groupe coopératif laitier Sodiaal (marques Candia, Entremont…) pour l’exercice 2016. Dans le détail, il concerne la réduction des dépenses de fonctionnement et l’optimisation des achats à hauteur de 23 millions d’euros et une baisse des investissements, pour un total de 100 millions d’euros cette année, contre 118 millions prévus initialement.
« Dans cette période très difficile pour la filière laitière, il est impératif de poursuivre une gestion responsable du groupe Sodiaal. Sa situation financière est saine mais la visibilité sur les six prochains mois est très réduite compte tenu des nombreux facteurs négatifs impactant notre environnement économique », a expliqué le 22 février, dans un communiqué, Frédéric Rostand, le directeur général du groupe.
Des gels de recrutements mais pas de restructuration
Interrogé par L’Usine Nouvelle, Fréderic Chausson, le directeur du développement coopératif de Sodiaal assure que « toute la filière est dans une logique d’efforts, pas seulement les éleveurs. Nous sommes tous dans le même bateau ».
En 2012, le groupe, qui assure la collecte de 5 milliards de litres de lait auprès de 13 200 producteurs, avait déjà engagé un vaste plan de restructuration de son outil industriel dans le lait de consommation. « Aujourd’hui, nous ne sommes pas dans une logique de fermetures d’usines, ni de plan social », insiste Frédéric Chausson, qui évoque cependant des « gels de recrutements et des non remplacements de départs à la retraite », sans plus de détails.
En matière d’investissements et d’achats, « il s’agira essentiellement de report de renouvellement d’équipements industriels notamment et d’une meilleure synergie dans les achats non laitiers », détaille Frédéric Chausson.
Aller chercher de la valeur ajoutée
Pour Francis Declerck, professeur associé à l’Essec, spécialiste de l’agroalimentaire, « Sodiaal a raison de réduire ses coûts et de faire des économies. C’est essentiel si le groupe veut améliorer sa compétitivité et maintenir une rémunération pour ses éleveurs adhérents ».
Face à la conjoncture à la baisse du prix du lait, le mouvement de réduction des dépenses semble être partagé par les entreprises du secteur, particulièrement les coopératives. En raison de leur forte dépendance au marché français, à la différence des géants mondiaux privés, comme Lactalis, Savencia, Danone et Bel, elles sont en première ligne dans la gestion des difficultés de la filière française et européenne.
Engagés dans d’importants programmes d’investissements, notamment sur des tours de séchage pour de la poudre de lait, les groupes coopératifs, sont-ils pour autant en danger ? « Pour la plupart non. Des groupes comme Sodiaal ou la coopérative d’Isigny ont entrepris ces investissements avec des partenaires chinois. Ca sécurise leurs débouchés », affirme Francis Declerck.
Les coopératives laitières françaises restent cependant dans une situation très fragile. « Elles doivent apprendre à gérer la volatilité des cours et aller chercher de la valeur ajoutée », souligne le professeur de l’Essec. Cela passera par davantage de contractualisation dans la filière, une diversification des débouchés et une plus grande internationalisation. Les efforts des coopératives en la matière tardent encore à se faire réellement sentir.