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Marie Vastel
Le ministre Harjit Sajjan
Photo: Adrian Wyld La Presse canadienne Le ministre Harjit Sajjan

La menace que pose le groupe armé État islamique est tentaculaire et ne se limite pas aux frontières de l’Irak et de la Syrie. La lutte militaire que mène le Canada avec ses alliés pourrait donc elle aussi se déplacer ailleurs, comme en Libye, a consenti le ministre de la Défense.

Pour l’instant, le ministre Harjit Sajjan est au stade des pourparlers avec les pays alliés membres de la coalition contre le groupe armé État islamique. « Notre implication en Libye est que nous sommes aux premiers stades de la discussion quant à ce qui a trait à comprendre la menace actuelle », a confirmé le ministre Sajjan, qui était invité à une période des questions ministérielle au Sénat mercredi.Mais l’enjeu ne semblait plus tant de savoir si le Canada interviendrait avec ses partenaires en Libye, mais plutôt comment. Citant la campagne de bombardements menée par le Canada au sein de l’OTAN contre le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, le ministre Sajjan a expliqué que ces frappes aériennes avaient laissé un vacuum faute d’une « gouvernance crédible » capable de prendre la place du dictateur. « Il faut qu’il y ait une structure politique en place. Donc, nous en sommes aux premiers stades de notre implication en Libye », a-t-il tranché sur le plancher du Sénat.

Frappes américainesLa coalition internationale n’a pas officiellement élargi son offensive jusqu’en Libye, mais les États-Unis y ont mené des bombardements. La semaine dernière, le chef d’état-major de la Défense, le général Jonathan Vance, n’excluait pas lui non plus de prêter main-forte aux alliés si ceux-ci décident d’aller y combattre le groupe EI. « Je ne sais pas si on sera impliqués militairement, mais on sera certainement impliqués d’une quelconque façon », avait-il avoué. Mercredi, à sa sortie de la Chambre haute, le ministre Sajjan n’a jamais fermé la porte à l’idée d’y élargir la mission canadienne. « Quand on aura un plan, des décisions seront prises à ce moment-là. […] Si on a besoin d’une certaine capacité militaire de la part du Canada, nous l’évaluerons à ce moment-là et l’annoncerons aux Canadiens. »

Une non-réponse qui a convaincu les conservateurs. « Le bras est dans l’engrenage pour aller en Libye », a constaté le leader conservateur au Sénat, Claude Carignan, qui n’a cependant pas d’objection à ce que le Canada revoie sa mission si tel est le consensus parmi les alliés.Le gouvernement de Justin Trudeau a annoncé il y a deux semaines le rapatriement des six CF-18 qui bombardaient le groupe EI en Irak et en Syrie, et qu’Ottawa triplerait le nombre de soldats canadiens déployés en Irak pour entraîner les forces locales. Une prochaine étape nécessaire, selon le ministre Sajjan, pour s’assurer que les Irakiens parviennent à conserver les régions libérées et éviter que le groupe EI n’en reprenne contrôle.

Le Canada en guerre ?Le ministre de la Défense a en outre été sommé par le sénateur Carignan de reconnaître que le Canada est en guerre. Mais M. Sajjan a refusé d’associer ce terme au combat actuel contre le groupe EI. « “Guerre” n’est pas un terme facile à utiliser, et il ne devrait pas l’être non plus », a répondu le ministre. La guerre, à ses yeux, était ces combats menés par des nations lors de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale. Le ministre, lui, se refuse à parler de guerre contre le groupe EI, car c’est sa « façon d’honorer ce souvenir », a-t-il fait valoir. « Il n’y a pas de différence avec ce qu’on fait maintenant. Nous répondons à une menace qui doit être battue et qui doit être battue vigoureusement », a-t-il toutefois insisté tout en évitant de prononcer le dangereux mot.

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