Étiquettes

, ,

Par Ludovic Dupin 

 Ségolène Royal
© Pascal Guittet

En annonçant ce dimanche 28 février que le ministère de l’Environnement est prêt à prolonger la durée de vie des réacteurs nucléaires, Ségolène Royal ne fait que confirmer une autorisation déjà donnée à EDF.

Dimanche 28 février, Ségolène Royal, Ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur le climat, lâchait une bombe sur France 3 en annonçant qu’elle était prête à autoriser la prolongation des réacteurs nucléaires pour 10 ans supplémentaires afin de porter leur durée de vie à 50 ans.

« Ces centrales exploitées par EDF sont déjà amorties, donc elles produiront une électricité meilleur marché », se justifie-t-elle. Une annonce qui n’a pas manqué de créer la polémique, jusque dans les rangs du gouvernement. Jean-Vincent Placé, le secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargé de la réforme de l’Etat et de la simplification, a ouvertement déclaré son opposition à ce projet et mis en doute la capacité d’EDF à le financer.

En réalité, cela fait déjà plus d’un an que le gouvernement a autorisé la prolongation de la durée de vie des réacteurs nucléaires. Fin 2014, le conseil d’administration d’EDF, dont l’Etat est actionnaire à 85 %, a validé le programme du grand carénage. « Une partie du grand carénage a été adoptée par le conseil d’administration d’EDF avec mon accord. Il faut maintenant programmer les investissements de sécurité des réacteurs existants« , déclarait Ségolène Royal à l’Usine Nouvelle le 13 janvier 2015.

Une prolongation non garantie

Or le grand carénage signifie pour l’essentiel la prolongation du parc nucléaire français. Ce programme d’investissements de 55 milliards d’euros d’ici 2025 vise à mettre en œuvre les mesures post-Fukushima, à changer des équipements lourds et à prolonger la durée de vie des réacteurs au-delà de 40 ans.

Mais comme le précise la ministre, cette décision est suspendue à l’autorisation de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Elle est la seule à pouvoir valider la capacité d’un réacteur à continuer de fonctionner moyennant des travaux plus ou moins lourds afin d’accroître son niveau de sûreté.

L’ASN alarmiste

Depuis que Pierre-Franck Chevet est arrivé à la tête de l’ASN fin 2012, il ne cesse de rappeler que les autorisations de prolongation sont loin d’être acquises. Lors des vœux de l’ASN, l’homme lançait même un cri d’alerte sur l’état du nucléaire français : « Nous entrons dans une phase sans précédent et les industriels, qui portent les enjeux de sûreté, sont en difficulté ».

La question de la prolongation intervient dans le débat alors que le ministère de l’Environnement s’apprête à publier son plan pluriannuel de l’énergie (PPE). Une disposition prévue par la loi de transition énergétique votée à l’été 2015. Ce plan doit indiquer la trajectoire à suivre pour réduire la part du nucléaire de 75 à 50 % dans le mix électrique en 2025. Un objectif antinomique avec la prolongation annoncée alors que la consommation électrique stagne en France, notamment en raison d’une croissance économique atone.

http://www.usinenouvelle.com