Étiquettes
Thomas Piketty
Sur la question des primaires, il devient de plus en plus difficile de comprendre ce que souhaite vraiment Jean-Christophe Cambadélis. Après avoir déclaré qu’il soutenait l’organisation de primaires, comme d’ailleurs les statuts du PS l’y obligent, il a mis une série de conditions visant à torpiller le processus.
Il a commencé par annoncer qu’il faudrait une candidature unique issue du PS, sans réaliser apparemment qu’il n’était pas facile de débattre tout seul, et que les électeurs resteront chez eux face à une telle mascarade. De nombreux responsables PS ont protesté, mais on ne sait toujours pas si la direction du parti a finalement renoncé à cette exigence.
Puis il a déclaré que la primaire devrait se faire très tard, en décembre-janvier, « pendant l’hiver » (qui a priori commence le 21 décembre, ce qui nous repousse en janvier ou plus tard). En gros, son objectif est de repousser les choses le plus tard possible, pour pouvoir constater au bout du compte qu’il est trop tard pour organiser un véritable débat, et donc qu’il faut ratifier en quelques semaines la candidature Hollande (ou bien la candidature Valls si Hollande choisit finalement de passer la main).
Dernière trouvaille de Cambadélis: il vient de déclarer qu’il allait demander virilement à chaque responsable socialiste s’il était oui ou non favorable à la candidature du président en place, avec l’espoir semble-t-il que ces face-à-faces mano a mano allaient intimider tout le monde et clore le processus.
Cambadélis se trompe d’époque: ce n’est pas ainsi que l’on organise un scrutin démocratique. Il faut au plus vite fixer un cadre, des dates de dépôt de candidature, des dates de débats et des dates de scrutin, et ensuite tous ceux qui pensent pouvoir représenter la gauche se porteront candidats, tout simplement.
La primaire de la droite a au moins le mérite de suivre un calendrier clair permettant une discussion approfondie: la date limite de dépôt des candidatures a été fixée au 9 septembre, et le vote aura lieu les 20 et 27 novembre. La gauche doit suivre approximativement le même calendrier. On ne peut pas passer le plus clair de l’automne à attendre que le président ou son premier ministre daignent se déclarer, et laisser la droite occuper le débat.
Et contrairement à ce qui est affirmé ici et là, rien n’empêche un président en place de participer à trois ou quatre débats télévisés au cours de l’automne: il vient d’ailleurs de passer deux heures sur France inter en plein Conseil européen. On a besoin d’une grande explication à gauche. Un débat dans la clarté et la durée est la seule façon d’espérer l’emporter en 2017. Cela vaut aussi bien pour les candidats putatifs Hollande-Valls que pour ceux qui veulent changer de ligne, et il serait temps que Cambadélis le comprenne.