Étiquettes

Primaire de la droite et du centre. L’ancien Premier ministre, parti très tôt en campagne, a élaboré un programme très fouillé… dans lequel piochent ses concurrents.
EN DÉCOUVRANT mercredi dernier dans nos colonnes les propositions de Nicolas Sarkozy pour sortir l’agriculture de la crise, le sang de François Fillon n’a fait qu’un tour. Le président des Républicains y propose l’allégement des contraintes sociales et des normes pour les agriculteurs, mais aussi la levée de l’embargo russe. Des propositions formulées par Fillon lui-même… il y a un mois dans une interview à « Ouest-France ». « Ça devient une habitude, on se fait piller de tous les côtés ! », enrage l’un de ses soutiens.
Premier candidat déclaré à la primaire, en campagne depuis déjà plus de deux ans, le député de Paris ne ménage pas ses efforts pour élaborer son programme « de rupture ». Déjà 200 déplacements réalisés, une équipe de vingt porte-parole, un site Internet participatif, un livre écoulé à plus de 87 000 exemplaires (« Faire », Ed. Albin Michel) et neuf conventions thématiques organisées depuis avril 2014, pour aboutir à 223 propositions sur l’éducation, la dépense publique, l’immigration, le logement ou encore la santé.
« A ce stade, il faut être honnête, c’est de loin celui qui a le plus bossé sur les sujets de fond », reconnaît un député proche de Bruno Le Maire. « On me dit souvent que je suis parti en campagne trop tôt. Je pense le contraire : il faut bien tout ce temps pour élaborer un projet sérieux », confie François Fillon à notre journal. Revers de la médaille : ses concurrents s’inspirent parfois de ses idées, en allant même jusqu’à les reprendre à leur propre compte…
« Nicolas Sarkozy ironisait il y a deux ans sur ma proposition de sortir des 35 heures et de mettre la retraite à 65 ans. Je vois qu’aujourd’hui tout le monde s’engage dans cette voie », note Fillon, convaincu que, au bout du compte, les électeurs de la primaire préféreront « l’original à la copie ». « Mais en même temps, on reste dans une compétition interne de la droite et du centre. Qu’il y ait des similitudes dans les projets n’a rien de surprenant. Le contraire serait même étonnant ! », justifie l’entourage d’Alain Juppé. « Il y a une différence entre faire des propositions et les travailler. Moi, j’étudie chacune d’entre elles, en pesant à chaque fois les avantages et les inconvénients, renvoie Fillon. C’est plus que des idées, c’est une méthode pour les mettre en oeuvre. » Ce qui ne l’empêche pas, à ce stade, d’être encore à la traîne dans les sondages d’intention de vote pour la primaire, oscillant entre la troisième et la quatrième place.
Ce soir, devant un millier de supporteurs rassemblés à Boulogne (Hauts-de-Seine), l’ancien locataire de Matignon va donc poursuivre sa campagne, à son rythme, en égrenant cette fois-ci ses propositions sur la sécurité. L’un des thèmes majeurs de cette campagne.
Ces derniers jours, il a rencontré les syndicats de policiers et a même passé une journée au centre d’entraînement du GIGN, à Versailles. Dans sa réflexion, l’idée d’un grand ministère de la sécurité intérieure, avec le rattachement de l’administration pénitentiaire, fait son chemin. Tout comme l’affirmation de « l’impunité zéro » en matière de justice, le renforcement de moyens matériels pour les policiers, « contrairement aux renforts en effectifs qui ne servent à rien », estime-t-il.