Pierre Gattaz, le nouveau Big Brother capitaliste ?

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 Pierre Gattaz, exploiteur avéré, certes. Mais humaniste incompris, c’est un comble.
Nicolas Gauthier  Journaliste, écrivain
 Certes, les cégétistes en particulier et les syndicalistes en général, dans leurs revendications plus ou moins légitimes et leurs manifestations parfois exubérantes, ont souvent confondu carte de Tendre et traditionnel parcours Bastille-République. Aujourd’hui, on constate que d’autres de leurs homologues, ceux du MEDEF, sont, à eux comparés, des enfants aux pudeurs de violette.

Bref, après le chantage à la grève, le chantage tout court ; la preuve par Pierre Gattaz, rentier en chef du MEDEF, et Carole Couvert, simple présidente de la CFE-CGC (Confédération française de l’encadrement-Confédération générale des cadres). Carole Couvert, au même titre que ses 160.000 adhérents, est plus que rétive quant au projet de loi défendu par Myriam El Khomri, pour diverses raisons techniques pouvant ou non se défendre. Que n’avait-elle osé ?

Ainsi, Pierre Gattaz, dans un louable souci de dialogue avec les partenaires sociaux, surtout ceux qui lui sont les moins défavorables, aurait pu au moins discuter de ce qui était discutable ou de ce qui l’était moins. En lieu et place, il a préféré user du SMS de menaces ; menaces à peines voilées tel qu’il se doit.

Florilège : « L’attitude de la CGC est incompréhensible et nuisible. Vous avez déjà planté la loi MDS [Modernisation du dialogue social]. Vous n’allez pas nous planter la loi MEK [Myriam El Khomri]. » Puis, un cran au-dessus : « Si vous persistez dans cette attitude “cgtiste” sur cette loi, le MEDEF en tirera toutes les conséquences sur nos discussions en cours. » Et l’estocade à la Corleone, ambiance « une proposition que l’on va te faire et que tu ne peux pas refuser » : « Ce que je veux dire, c’est que nous ne vous soutiendrons plus dans votre combat pour les cadres si vous plantez la loi MEK… »

Réponse immédiate de cette dame, relayée par le très peu bolchevique quotidien Les Échos : « Je ne fonctionne pas à la menace. » Fils d’Yvon Gattaz, jadis fondateur du CNPF, Pierre Gattaz, emblématique fils à papa, qui est entrepreneur comme François Hollande est danseuse étoile, s’indigne, façon rosière du temps jadis : « On ne dévoile pas une conversation privée entre gens de bonne compagnie. »« Gens de bonne compagnie », vraiment ?

On voit bien le côté sale flic du bonhomme. Pour finir de s’en convaincre, sa fiche Wikipédia suffit : « Élu président du Syndicat des industries de composants électroniques passifs (SYCEP) en 1999. […] C’est dans ce cadre que Pierre Gattaz mène une réflexion [donnant] lieu à plusieurs rapports dont Le Livre bleu, qui “préconise le développement des technologies liées à la biométrie, la vidéosurveillance”. »

Ouvrage dont il ressort surtout ceci : « La sécurité est très souvent vécue dans nos sociétés démocratiques comme une atteinte aux libertés individuelles. Il faut donc faire accepter par la population ces technologies. […] Plusieurs méthodes devront être développées par les pouvoirs publics et les industriels pour faire accepter la biométrie. Elles devront être accompagnées d’un effort de convivialité par une reconnaissance de la personne et par l’apport de fonctionnalités attrayantes. »

De ce charabia ressort surtout que ce conditionnement sécuritaire puisse être recommandé lors de « l’éducation des enfants dès l’école maternelle afin de favoriser l’acceptation de ces technologies ».

À côté, on notera que les entreprises du CAC 40 captent la majorité des aides d’État, qu’en échange de ces dernières, ce turlupin promettait un million d’emplois, pin’s à la boutonnière faisant foi, et que de ce million on ne vit pas la queue d’un fifrelin. Et pendant ce temps, les cadres sont condamnés à la paupérisation tandis que les artisans, les travailleurs, les petites et moyennes entreprises crèvent à petit feu.

Pierre Gattaz, exploiteur avéré, certes. Mais humaniste incompris, c’est un comble.

Boulevard Voltaire – La liberté guide nos pas

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