En grande section de maternelle (vers 4 ou 5 ans), un enfant sur dix a au moins une dent cariée non soignée selon les données 2013 du ministère des Affaires sociales [1]. Mais c’est le cas de 23,6 % des enfants d’ouvriers et de seulement 3,5 % de ceux de cadres supérieurs. Les écarts persistent au fil de la scolarité. En CM2 [2] (données 2008), 53,3 % des enfants d’ouvriers ont des dents cariées (soignées ou non), deux fois plus que ceux de cadres ; en troisième [3], concernant les élèves avec au moins deux dents cariées non soignées, l’écart est assez similaire qu’en grande section de maternelle (10 % des enfants d’ouvriers et seulement 1,7 % des enfants de cadres, données 2009). Comme pour l’état de santé en général, l’origine sociale joue donc un rôle très net en matière de santé bucco-dentaire.

Ces écarts tiennent à deux grands types de facteurs. Le niveau de vie tout d’abord : les soins dentaires sont parmi les plus coûteux, les moins bien remboursés. La qualité de la couverture complémentaire est en partie liée au revenu des individus. Pour ceux qui demeurent non couverts, la visite chez le dentiste peut avoir un coût rédhibitoire.
Les habitudes de vie jouent aussi. L’attention au corps n’est pas la même selon les milieux. Les parents des classes sociales les plus favorisées, eux-mêmes habitués à des visites régulières, sont davantage à l’écoute des messages de prévention (importance du brossage par exemple) et associent plus souvent alimentation et santé. En grande section de maternelle, 60,2 % des enfants d’ouvriers n’ont pas encore vu de dentiste [4], contre 44,4 % des enfants de cadres supérieurs. Ces derniers, plus diplômés, résistent davantage à la communication de masse des producteurs d’aliments, de bonbons et de boissons à très haut contenu en sucres dont on connaît l’impact sur la santé bucco-dentaire.