Étiquettes

,

Nathalie Kosciusko-Morizet se présente à la primaire de droite. En guise de programme électoral, elle sort aussi, un livre « Nous avons changé le monde ». Entre petites phrases et grandes déclarations, que retenir de ces 250 pages ?
par Elodie Hervé l
Nathalie Kosciusko-Morizet est l’une des deux femmes candidates (avec Nadine Morano) à la primaire de la droite. Un combat « viril » (dixit François Fillon) auquel elle se prépare, en tentant d’arracher les parrainages nécessaires des élus. Mais, la primaire passe aussi par les librairies. Pour tenter de convaincre les électeurs, rien de mieux qu’un ouvrage en forme de programme de campagne et de formules (plus ou moins) bien senties.

Dans « Nous avons changé de monde » (*), NKM raconte pêle-mêle comment elle a « été écartée de remaniements ministériels à chacun de [s]es accouchements« , que « la Grèce ne sera jamais l’Allemagne » ou que sa rousseur l’a assimilée à une sorcière aux yeux de ses adversaires et rapprochée du bûcher. « Le Moyen-Âge n’est pas loin !« , jure-t-elle.

Retour sur ces « moments de grâce »

Les transports, c’est à la fois beaucoup de fatigue et beaucoup d’angoisse d’arriver en retard. NKM, « Nous avons changé de monde »

Nathalie Kosciusko-Morizet et les transports parisiens c’est un peu ‘je t’aime moi non plus‘. Dans son livre, elle insiste sur les affres des transports et semble ainsi avoir tiré les leçons de ses déclarations faites dans le magazine Elle en 2013. Elle y évoquait les « moments de grâce » dans le métro, notamment sur la ligne 13, l’une des plus fréquentées de Paris, souvent décrite par les usagers comme… la pire de la capitale.

« Le métro est pour moi un lieu de charme, à la fois anonyme et familier, disait-elle alors. Je prends souvent les lignes 13 et 8 et il m’arrive de faire des rencontres incroyables. Je ne suis pas en train d’idéaliser le métro, c’est parfois pénible, mais il y a des moments de grâce« . Une déclaration d’amour qui avait beaucoup fait rire les réseaux sociaux à l’époque.

L’ubérisation de la politique est en phase de bêta-test. NKM

Dix mots glissés au début de son ouvrage, dix mots comme une piqûre de rappel pour celle qui fut la secrétaire d’État chargé de l’économie numérique de Fraçois Fillon de 2009 à 2010. Taxe Google, loi Loppsi ou encore droit à l’oubli, son bilan laisse toutefois un goût d’inachevé, comme l’explique Le Monde.

Dans son livre, NKM multiplie les clins d’œil au monde du numérique, comme lorsqu’elle clame son amour pour Twitter, dont elle loue « la spontanéité et son caractère très plastique« . Hum…

Si Patrick Buisson a pris tant d’importance, c’est du fait de son talent, qui est certain, et de la faiblesse des analyses concurrentes. NKM

Dans son livre, NKM se pâme devant les « démonstrations époustouflantes » de Patrick Buisson, cet ancien journaliste de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute, devenu conseiller de Nicolas Sarkozy avant d’être mis en examen l’an dernier dans l’affaire des sondages de l’Elysée. Entre Nathalie Kosciusko-Morizet et lui, ça n’a pourtant pas toujours été l’amour fou…

Durant la bataille pour la mairie de Paris en 2014, Buisson avait en effet dit de NKM qu’elle « était la meilleure pour perdre ». Et NKM le lui rendait bien, n’hésitant pas à le qualifier alors de « Gestapette« .

Echanges de mots aigres-doux… mais pas seulement. En 2012, Patrick Buisson expliquait à la presse avoir été « dragué » par l’ancienne ministre, au cours d’un déjeuner en tête-à-tête. NKM aurait souhaité qu’il lui prodigue des conseils pour une éventuelle candidature à la présidentielle de 2017. Une rencontre confirmée par l’intéressée, qui avait toutefois refusé d’en confirmer la teneur.

L’injustice est plus supportable en période de croissance. NKM

Aznavour chantait « II me semble que la misère serait moins pénible au soleil« . Chez NKM, cela donne : « L’injustice est plus supportable en période de croissance« . Pour la députée LR de l’Essonne, la crise qui dure et perdure ne permet plus de « gérer les tensions » et conduit à opposer riches et pauvres mais aussi retraités et actifs.

« Normal » que les moins de 25 ans ne puissent pas se loger à Paris

Il est normal que le centre-ville de Paris ne soit pas accessible à quiconque, à vingt-cinq ans, décide qu’il voudrait s’installer là. Et on peut à cet égard s’interroger sur la pertinence d’une politique qui rachète à prix d’or des immeubles cossus pour en faire des logements sociaux, que les heureux attributaires s’empressent de mettre en location sur AirBnB, en allant eux-mêmes s’installer à 40 km de Paris. NKM, « Nous avons changé de monde »

Celle qui rêve de devenir la première femme à s’emparer de l’Elysée considère que les bénéficiaires de logements sociaux à Paris ont les moyens d’avoir un second appartement en banlieue parisienne. Voir…

NKM estime aussi « normal » que les jeunes ne puissent s’installer dans la capitale. D’ailleurs, dans son livre, la candidate n’est pas tendre avec les moins de 25 ans, une génération « dans le rejet de l’autorité, mais en recherche de coach ; dans le refus du travail aux seules fins de nécessité, et dans la quête de sens ; dans la dilution des notions de bien et de mal, mais pas dénuées d’idéal« .

« L’antique peur des familles cathos »

Dans les manifestations contre le mariage gay, il y avait l’antique peur des familles cathos – et d’ailleurs pas seulement des familles cathos !- de se découvrir un fils homos. […] En tout cas, une angoisse doit être reçue. Et écoutée. NKM, « Nous avons changé de monde »

Comment comprendre ces mots ? Une charge contre la Manif pour tous, avec qui elle n’entretient pas de bons rapports ? Une main tendue en direction de la branche traditionnelle de son électorat ? Les deux ?

Lors des débats sur le Mariage pour tous en 2013, la députée de L’Essonne avait été l’une des rares, dans son parti, à défendre l’union pour les couples de même sexe. Pour autant, elle s’était abstenue lors du vote à l’Assemblée nationale en raison de son opposition à la PMA et à la GPA. Depuis, elle a semble-t-il changé d’avis : dans son livre, elle se déclare désormais favorable à la PMA pour les couples lesbiens. « Je ne vois pas très bien au nom de quoi on refuserait aux couples de femmes le droit à la PMA« , écrit-elle.

(*) « Nous avons changé de monde« , de Nathalie Kosciusko-Morizet (Albin Michel, 15 euros).

http://www.lcp.fr/