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Bruno Colmant
Les taux d’intérêt deviennent négatifs dans la zone euro : bientôt, la moitié des obligations d’Etats émises par des pays de la zone euro dégageront un rendement négatif, la BCE va prêter de l’argent aux banques à un taux d’intérêt qui sera, au maximum, nul tandis qu’elle pénalise les dépôts qu’elle recueille d’un taux de -0,4 %. Les gros dépôts bancaires sont déjà érodés par les taux négatifs et si la situation récessionnaire et déflationniste persiste, les dépôts d’épargne des particuliers seront, eux aussi, probablement affectés d’un taux négatif même si la loi l’interdit actuellement pour les dépôts d’épargne réglementés.
Quel est la limite à la négativité des taux d’intérêt pour les particuliers avant qu’ils n’imaginent vider leurs comptes d’épargne réglementés ? Personne ne le sait avec précision, mais le point de rupture doit se situer entre -0,40 et -0,50 %.
J’avais, dans un premier temps, imaginé de n’appliquer des taux négatifs qu’aux gros dépôts d’épargne réglementés de plus de 100.000 €, mais cette disposition éventuelle conduirait à émietter ces mêmes dépôts en les scindant. Il faut donc imaginer une solution économiquement viable tout en évitant que des dépôts affectés d’un taux d’intérêt négatif ne quittent les grandes banques pour se déplacer vers des banques plus fragiles capables d’offrir des taux supérieur car elles recyclent elles-mêmes ces dépôts dans des actifs trop risqués. Il faut protéger les épargnants contre eux-mêmes.
Une solution serait alors de fixer un taux non pas minimum (il est de 0,11 % actuellement) mais maximum sur les dépôts d’épargne réglementés. Ce maximum serait couplé au taux de la BCE. Il pourrait, par exemple, être de -0,10 ou -0,20 %. Aucune banque ne pourrait offrir un taux supérieur sur les dépôts réglementés. Ce taux maximum éviterait la concurrence entre établissements, tout en étant supérieur au seuil qui conduirait à des retraits physiques d’épargne.