
Image vidéo de personnes en train de s’en prendre violemment au commissariat du XIXe arrondissements de Paris, le 25 mars 2016 / AFP
Les commissariats du Xe et du XIXe arrondissements de Paris ont été vendredi la cible de jets de pierres et de dégradations par des lycéens, qui dénonçaient le traitement subi la veille par un camarade, frappé par un policier.
Une vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux, montre un policier assénant un violent coup de poing à un jeune élève du lycée Bergson, maîtrisé par un autre fonctionnaire, en marge des manifestations contre le projet de loi sur le travail, qui ont rassemblé jeudi plusieurs dizaines de milliers de jeunes et salariés.
Vendredi, plusieurs dizaines de jeunes ont jeté des pierres contre le commissariat du XIXe et tenté de briser ses vitres blindées en utilisant des planches en bois comme un bélier, alors que les policiers étaient retranchés à l’intérieur, a constaté un journaliste de l’AFP.
Au bout d’une dizaine de minutes, les jeunes sont partis, et une trentaine de policiers en tenue anti-émeute ont pris place devant le bâtiment, dont plusieurs vitres sont fendillées, et sur la façade duquel a été tagué « Mort aux flics ». Le sol était jonché de débris et d’amas de barrières métalliques et de planches en bois.
Le commissariat a fermé après ces incidents, a-t-on appris de source policière.
Peu avant, un groupe de plusieurs dizaines de jeunes s’était rendu devant le commissariat central du Xe arrondissement, brûlant des fumigènes, renversant des poubelles et des barrières et jetant des projectiles contre la façade.
Les manifestants étaient partis du lycée Bergson dans le XIXe arrondissement, où une centaine de lycéens s’étaient auparavant réunis dans le calme dès 8H00, se disant « choqués » par l’image de leur camarade frappé la veille par un policier, alors que les jeunes tentaient de bloquer leur établissement pour contester la loi travail.
« Des casseurs sont venus et ont motivé un peu des jeunes qui n’ont plus d’espoir et c’est parti en vrille », selon Belhassen, un élève.
– ‘Aucun écart’ policier toléré –
« Beaucoup des lycéens de Bergson ne cautionnaient pas l’aspect violent, que des gens puissent récupérer leur mouvement, qu’il y ait des gens cagoulés », a dit aussi un représentant de l’organisation lycéenne Fidl.
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a condamné ces « violences » de « quelques casseurs opportunistes ».
« Les policiers qui protègent au quotidien notre sécurité ne sauraient pas davantage être réduits au geste inacceptable commis par l’un d’entre eux hier », a-t-il ajouté, rappelant l’ouverture par le parquet de Paris d’une enquête confiée à l’IGPN, la « police des polices », sur le lycéen frappé par un policier, et promettant que les conséquences seraient tirées « sans faiblesse ». « Je ne tolérerai jamais aucun écart », a-t-il dit à Marseille.
Le préfet de police de Paris, Michel Cadot, s’est dit vendredi « choqué ». « S’il y a eu une faute, elle sera sanctionnée. »
« Il y a eu sans doute de la part de ces lycéens des provocations mais qui ne justifient pas que les forces de l’ordre ne contrôlent pas leur comportement dans l’action. » Le fonctionnaire de police sera auditionné vendredi après-midi.
Auditionné jeudi, le lycéen âgé de 15 ans, a témoigné vendredi sur différents médias, disant ressentir « un sentiment d’injustice ».
« On était en train de manifester et on a jeté des œufs. Il y a un policier qui s’en est pris un dans la tête. (…) Il y en a un, il m’a foncé dessus. Il m’a frappé à terre, après il m’a dit +lève-toi, lève-toi+ et il m’a mis un poing. Je l’ai senti passer, j’avais la tête qui tournait », a-t-il raconté.
Des lycéens disposent d’images d’autres élèves victimes de violences policières, qu’ils vont transmettre à l’IGPN, a assuré de son côté Belhassen.
Une délégation d’élèves du lycée, des représentants de la Fidl, du rectorat de Paris, de la préfecture et le proviseur se sont réunis en matinée pour évoquer les évènements de jeudi