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Dans une interview exclusive accordée à la RTBF, le secrétaire d’État américain John Kerry considère que la lutte contre le groupe terroriste État islamique avance et que des progrès notables sont réalisés. Il se refuse de blâmer qui ce soit en Europe ou en Belgique par rapport aux manquements, aux ratés ou aux erreurs commises dans les enquêtes et dans la surveillance des terroristes ou des personnes recherchées.

« Je l’ai dit, nous sommes aujourd’hui tous Bruxellois. Ce sont des événements horribles, atroces, vicieux. Nous sommes solidaires comme alliés, comme amis, comme partenaires. Je suis convaincu que l’on va vaincre Daech (l’État islamique, ndlr)mais ça va prendre un peu de temps. Cela ne va pas se faire en une semaine. »

Combien de temps cela pourrait-il prendre ?

« Je pense qu’on a déjà occasionné de très sérieuses pertes à Daech durant le courant de cette année. Daech est sous une pression énorme en Syrie et en Irak. »

Mais on a vu que, plus la coalition frappe Daech en Syrie et en Irak, plus on voit apparaître, ici, en Europe, des cellules violentes qui émergent. Comment contrer ce phénomène ?

« Avec des services de renseignement performants, avec un bon travail de police, avec un bon travail du voisinage. Les citoyens doivent ouvrir l’œil et, s’ils remarquent dans leur communauté des personnes qu’ils n’ont jamais vues auparavant, s’ils ont des raisons de croire que des gens sont impliqués dans des activités louches, ils doivent contribuer à alimenter le flux des informations. »

A-t-on échoué en Europe dans le contrôle de ces « returnees », de ces djihadistes revenus chez nous ?

« Écoutez, il y a beaucoup de jugements hâtifs qui sont avancés en ce moment et je pense que c’est une erreur. En Belgique par exemple, ce sont les autorités belges qui ont arrêté Salah Abdeslam et j’entends, je n’en sais rien, mais j’entends, que cela a pu forcer les kamikazes (de l’aéroport de Bruxelles-National et du métro Maelbeek, ndlr) à passer à l’action parce qu’ils pensaient qu’ils allaient être capturés. »

Mais, dans le passé, nous sommes passés à côté de ces individus.

« C’est vrai, mais bon, c’est un travail difficile. C’est toujours plus facile le jour d’après, ou la semaine d’après, de se retourner en disant : pourquoi a-t-on raté ceci ou raté cela? Et je ne cherche pas d’excuses, on peut tous faire mieux et on fait mieux. Et je pense qu’il y a des choses qu’on pourrait faire en Europe qui rendrait franchement la vie de tout le monde plus sûre. Comme par exemple le PNR, ‘registre des noms des passagers’, qui devrait être mis en place. »

Quel est le futur pour nos enfants ? Un monde où chacun est suspect ? Où tout le monde va être contrôlé à tout moment ?

« Non, je ne le crois pas. Nous vivrons dans un monde dans lequel nous serons tous davantage en alerte et plus vigilants, mais je crois que si nous faisons les choses correctement. Si nous faisons les bons choix. Nous avons la possibilité de mettre fin à ce fléau qu’est Daech. Personnellement, je ne m’en fais pas pour mes données privées. Bon, c’est vrai que je voyage à présent dans un avion militaire, mais, auparavant, quand j’étais sénateur, je voyageais dans des avions civils et je me moquais qu’ils sachent que j’étais dans l’avion parce que je suis droit dans mes bottes. Et je ne me soucie pas de ce qu’ils font dans la mesure où il s’agit d’éviter que des terroristes soit eux-mêmes dans cet avion. »

Avez-vous peur aujourd’hui ?

« Non ! Non, je n’ai pas peur et je n’aurai pas peur. Je le dis à tous les citoyens : il ne faut pas avoir peur. C’est exactement ce que veulent les terroristes que vous ayez peur et que vous changiez votre vie. Il faut être vigilant, mais il ne faut pas changer. »

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