Étiquettes

, , , ,

Clémentine Forissier

Catherine Lemorton, qui préside la commission des Affaires sociales, ne mâche pas ses mots à l’égard de la méthode du gouvernement dans la préparation du texte, ou des organisations de jeunes, qui « méprisent » le travail des élus.

.
. All rights reserved

Si les députés avaient été impliqués dans la préparation de la loi travail, “nous n’en serions pas là”. Devant la presse parlementaire, mercredi 6 avril, la présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale parle clair, comme à son habitude.

Porte fermée

Alors que sa commission examine le projet de loi porté par Myriam El-Khomri depuis le 4 avril, Catherine Lemorton évoque une « ambiance » particulière, qui rend les travaux « amusants à observer », « un peu moins à présider ».

Le texte a beau avoir été, in extremis, remanié par le gouvernement avant d’être présenté en conseil des ministres, rien n’y fait. Nombreux sont les élus, de gauche, comme de droite, qui font « tout le temps référence à la version une ». « C’est embêtant » déplore la députée, qui comprend cependant pourquoi on en est arrivé là.

« Pour les parlementaires, la porte a été fermée », résume-t-elle.

Les élus n’ont pas du tout été consultés lors de la préparation du texte, raconte la présidente de la commission des Affaires sociales :

« Au mois de février, nous sommes allés au ministère du Travail, puis à Matignon, sans réussir à savoir où se prenaient les décisions. »

Une situation tellement incompréhensible pour les élus de sa commission, à peine sortie de l’examen du projet de loi santé, qu’ils ont soupçonné Catherine Lemorton de leur « cacher des choses ».

« Ce texte peut passer »

Ce problème de méthode a transformé une partie du débat parlementaire en théâtre d’expression de positions extrêmes : l’opposition remet la suppression des 35 heures et la libéralisation du marché du travail sur la table, quand la « gauche extrême » veut revenir à un Code du travail « qui n’est certainement plus adapté à notre économie ».

La commission a beau, malgré tout, avancer vite, l’issue du texte qui paraît incertaine. De nombreux députés de gauche et de droite sont opposés au projet. Pour obtenir une majorité, le gouvernement pourra-t-il éviter de passer en force ? Catherine Lemorton a l’air d’y croire.

« Je ne suis pas dans la logique du 49.3. Ce texte peut passer », répète-t-elle.

La pression des investitures aux législatives de 2017 pourrait ne pas laisser les socialistes indifférents.

Le « mépris » des organisations de jeune

Ce manque de considération des parlementaires ne se limite pas au gouvernement. À en croire la députée, les organisations de jeunes « méprisent » les députés. À l’exception de la Fédération nationale des associations générales étudiantes (Fage), elles ont toutes ignoré les invitations des élus à venir discuter du texte.

Ce projet ne précarise pas plus les jeunes, “c’est un slogan”, affirme-t-elle.

Et de critiquer ces organisations, qui « préfèrent se faire filmer à la sortie de Matignon » plutôt que de venir discuter avec les députés.

« À un moment donné, il faut que les jeunes comprennent qu’il y a des institutions, que le texte est entre les mains des parlementaires ».

N’est-ce pas aux élus de se déplacer place de la République pour discuter avec eux ? « On aura des caméras tout autour et on ne pourra pas rentrer dans le dur du texte », balaie-t-elle.

https://www.contexte.com/