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Entre propagande, désinformation, ignorance, et préjudice, ou tout simplement manque de temps pour une analyse plus complète, les causes possibles du biais qui règne concernant la Chine sont nombreuses.

Marie Owens Thomsen*

Le drame, c’est que toutes ces idées reçues rentrent dans nos esprits d’une manière subliminale, et nourrissent la pensée unique dont on ne s’en sort que difficilement. Nous sommes tellement plus confortables dans un groupe où tout le monde partage les mêmes opinions, c’est rassurant. Malheureusement, ce n’est que rarement très édifiant. Un très grand économiste, John Kenneth Galbraith, disait que « la pensée unique sert à nous protéger contre le travail pénible de penser ». Essayons de faire mieux.

Vous avez certainement entendu dire que la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la Chine est en berne. Les anxiétés concernant ce ralentissement ont contribué à des secousses importantes, pour ne pas dire séismiques, des marchés boursiers dans le monde dans son ensemble. Or, en termes de niveau absolu, la croissance chinoise n’a jamais été aussi élevée qu’en 2015. Certes, le ratio qu’est le taux de croissance, a diminué. Mais il faut quand même retenir que quand le dénominateur gonfle, le ratio diminue. Je divise 1 par 2 et j’obtiens 0.5 (50%). Je divise 1 par 4 et j’obtiens 0.25 (25%). Si je suis un pays, je préfère être le quel  ? Le 2 ou le 4 ? OK, je vous aide – le 4…

La taille de l’économie chinoise a plus que doublé entre les années 1990 et aujourd’hui, passant de 7% à 17% de l’économie mondiale (base parité de pouvoir d’achat). En même temps, le taux de croissance du PIB chinois est lui passé de 15% à 7%. Du coup, la contribution que fait la Chine à la croissance mondiale est passée de 1 point de pourcentage à 1.2 points de pourcentage malgré ce fameux recul du taux de croissance chinois, et cela grâce à l’augmentation en taille de l’économie. Je ne suis pas physicienne, mais j’ai retenu que pour calculer la force il faut prendre la vitesse et la masse en considération. Pour l’analyse de l’économie chinoise, si l’on ne regarde que la vitesse (taux de croissance du PIB) sans prendre la masse (niveau du PIB) en considération, on va obligatoirement se tromper sur la force.

L’injustice que je perçois concernant l’opinion sur la Chine est que l’on omet de mettre en relief les points discutés. Sans points de référence, il est toujours difficile de juger n’importe quelle performance. Par exemple, quand la Chine a publié son PIB pour 2015, les titres dans les grand médias internationaux disaient : « La Chine enregistre la plus faible taux de croissance depuis 2009 », ce qui est vrai, mais notre perception de cette nouvelle serait autre si la phrase disant en outre « tout en battant le record historique en termes de niveau de PIB ». Pour relativiser les choses, , On utilise dans les marchés financiers ce que l’on appelle un « benchmark » pour juger la performance d’un gérant de fonds.

Utilisons l’économie la plus admirée au monde comme benchmark un instant et nous constatons que la Chine ne s’en sort pas si mal : la Chine a un taux de croissance du PIB de 7% alors qu’aux Etats-Unis il ne s’élève qu’à 2% ; le niveaux de dette totale (ménages, sociétés, état) est de 280% du PIB en Chine mais les Etats-Unis ont un taux d’endettement pratiquement tout aussi élevé à 270% de leur PIB ; le chômage en Chine est de 4% contre 5% aux Etats-Unis, l’inflation est de 1% outre-Atlantique contre 2.3% en Chine, mais la Chine affiche un surplus sur son compte courant (où apparait le commerce des biens et des services entre un pays et tous ces partenaires, ainsi que les rapatriements des profits et d’autres envois de fonds) de 3% tandis que les américains ont un déficit de 2.7% – le plus grand déficit au monde en US dollars.

* Chief economist

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