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Le 24 avril 1792, à Strasbourg, dans le salon du maire, le baron de Dietrich, l’effervescence est à son comble. Cinq jours plus tôt, la France a déclaré la guerre à l’Autriche.
Le maître de maison s’adresse au jeune Joseph Rouget de Lisle, officier de son état et violoncelliste à ses heures (32 ans): « Monsieur de Lisle, faites-nous quelque beau chant pour ce peuple soldat qui surgit de toutes parts à l’appel de la patrie en danger et vous aurez bien mérité de la nation ».
Le capitaine de garnison, de retour chez lui, s’exécute avec fougue. Le lendemain soir, de Dietrich organise un dîner au cours duquel lui-même reprend son chant, accompagné par une dame au clavecin et par Rouget de Lisle au violon.
Les paroles de la Marseillaise
REFRAIN
Aux armes, citoyens !
Formez vos bataillons !
Marchons, marchons !
Qu’un sang impur…
Abreuve nos sillons !
COUPLETS
I
Allons ! Enfants de la Patrie !
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie,
L’étendard sanglant est levé ! (Bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger vos fils, vos compagnes
REFRAIN
II
Que veut cette horde d’esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ? (Bis)
Français ! Pour nous, ah ! Quel outrage !
Quels transports il doit exciter ;
C’est nous qu’on ose méditer
De rendre à l’antique esclavage !
REFRAIN
III
Quoi ! Des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! Des phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ! (Bis)
Dieu ! Nos mains seraient enchaînées !
Nos fronts sous le joug se ploieraient !
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées !
REFRAIN
IV
Tremblez, tyrans et vous, perfides,
L’opprobre de tous les partis !
Tremblez ! Vos projets parricides
Vont enfin recevoir leur prix. (Bis)
Tout est soldat pour vous combattre.
S’ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produira de nouveaux
Contre vous tout prêt à se battre.
REFRAIN
V
Français, en guerriers magnanimes
Portons ou retenons nos coups !
Épargnons ces tristes victimes,
A regret, s’armant contre nous ! (Bis)
Mais ce despote sanguinaire !
Mais ces complices de Bouillé !
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère !
REFRAIN
VI
Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Liberté ! Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (Bis)
Sous nos drapeaux que la Victoire
Accoure à tes mâles accents !
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !
REFRAIN
***
COUPLET DES ENFANTS
Nous entrerons dans la carrière,
Quand nos aînés n’y seront plus ;
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus. (Bis)
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre.
REFRAIN
NB: le septième couplet, dont l’auteur reste à ce jour inconnu, a été ajouté en 1792.
D’abord baptisé Chant de guerre pour l’Armée du Rhin, le nouveau chant recueille un succès fulgurant. Des voyageurs colportent les paroles et l’air dans tout le pays.
A Marseille, où des volontaires se préparent à se rendre à Paris pour combattre l’invasion, on leur distribue des feuillets avec les paroles du chant patriotique.Les fédérés marseillais entonnent celui-ci tout au long de leur voyage et lors de leur entrée dans la capitale. D’où son nom définitif de Marseillaise.
Le chant scande quelques semaines plus tard la charge des soldats de Valmy. Lors des révolutions de1848 dans l’ensemble du continent européen, la Marseillaise reçoit une consécration internationale (avant d’être plus tard supplantée par l’Internationale).
De Dietrich fut fort mal récompensé car il finit sur la guillotine quelques mois plus tard. Rouget de Lisle échappa au même sort par la fuite…