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Me Sven Mary, depuis la cour d’assises du Hainaut, où il plaide actuellement, a confié à « La Libre », ce mercredi, que c’est à dessein et avec l’accord de son client, Salah Abdeslam, qu’il avait dit de celui-ci que c’était un « petit con de Molenbeek issu de la petite criminalité”, « qu’il avait l’intelligence d’un cendrier vide” et qu’il était “d’une abyssale vacuité”.
« Tout le monde, à commencer par le procureur de la République de Paris, le considère comme l’un des principaux voire le principal organisateur des attentats de Paris, alors qu’il n’en a absolument pas les moyens intellectuels », scande Me Mary . « Si j’avais dit au journaliste de Libération qui m’a interviewé il y a dix jours (l’entretien a été publié mercredi) que Salah Abdeslam n’avait ni la tête, ni les épaules pour avoir imaginé, préparé, organisé les attentats scandaleux de Paris, la formule n’aurait pas percuté. J’ai donc averti mon client, qui a marqué son accord, que j’allais utiliser une formule choc pour faire passer notre message commun. D’où ces quelques images bien senties. Aujourd’hui, on me les renvoie à la figure, on m’accuse d’avoir humilié M. Abdeslam, on laisse entendre que je le méprise et que je suis devenu plus son adversaire que son défenseur mais, je le répète, j’assume, nous assumons ce que j’ai dit dans cette interview. C’était une façon spectaculaire de dire que M. Abdeslam ne peut être le concepteur des attentats et que j’attends toujours qu’on avance des éléments montrant qu’il pouvait l’être ou qu’il l’a été. »
Pour le reste, Me Sven Mary nous a répété qu’il demeurait le conseil de Salah Abdeslam s’agissant du volet belge du dossier (la fusillade de Forest du 15 mars) et que, sans doute, le volet inculpation, en Belgique, du djihadiste présumé pour les attentats de Paris serait absorbé par la procédure française. Mais il ne peut dire aujourd’hui s’il sera aux côtés de Me Frank Berton dans la défense « française » de Salah Abdeslam. « Ce que je peux vous dire, c’est que c’est moi qui ai choisi Me Berton et que l’ai proposé à mon client comme défenseur, me basant sur ses qualités de juriste, sa rigueur, sa ténacité. M. Abdeslam a accepté et Me Berton, après que nous avons vu notre client à la prison de Beveren, a décidé d’endosser sa défense. Quant à moi, je suis à la tête d’un cabinet de six avocats, deux secrétaires et une comptable. Je dois penser à eux, je dois réfléchir aux conséquences que des absences à répétition, loin de Bruxelles qui plus est, pourraient avoir comme conséquences ».
Celui qui accepte de défendre Abdeslam doit réorganiser sa vie
Et Sven Mary d’ajouter: « Celui qui accepte de défendre quelqu’un comme Salah Abdeslam doit savoir une chose: il doit réorganiser sa vie. Moi, j’ai fait l’erreur de ne pas l’avoir fait et les conséquences ont été insupportables pour moi et surtout pour les miens, en raison des pression subies de la part de l’opinion et des médias mais pas seulement. Pour tout avocat pénaliste et même si l’horreur des attentats ne doit jamais être oubliée, un dossier comme cela est nécessairement intéressant mais il a des effets incommensurables sur la vie d’un avocat. C’est pourquoi je ne sais pas encore si je resterai aux côtés de Me Berton et du deuxième avocat qui interviendra dans les jours qui viennent. »