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Alep, John Kerry, la trêve, Sergueï Lavrov, Staffan de Mistura, Syrie
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’exprimait à l’issue d’une rencontre avec l’envoyé spécial de l’ONU sur la Syrie, Staffan de Mistura.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry qui tente de sauver la trêve en Syrie a reconnu lundi à Genève que la situation devenait «hors de contrôle» même si les bombardements du régime ont baissé d’intensité sur la ville d’Alep. M. Kerry, qui a rencontré l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a annoncé qu’il allait appeler son homologue russe Sergueï Lavrov pour plaider un rétablissement du cessez-le-feu.
Cependant, M. Kerry a averti qu’il ne voulait pas promettre de succès, décrivant un «conflit qui à bien des égards est hors de contrôle et qui perturbe profondément chacun dans le monde».
Tout en indiquant que le cessez-le-feu conclu sous la médiation de la Russie et des Etats-Unis en février dernier tenait dans certains parties du pays, il a particulièrement dénoncé la situation à Alep.
Pour renforcer la surveillance de la trêve
Le mécanisme pour surveiller la trêve en Syrie va être renforcé à Genève. John Kerry a annoncé lundi un accord avec Moscou. D’autres propositions pour revigorer le cessez-le-feu vont être discutées ces prochaines heures avec la Russie.
«Il y a eu des avancées» pour rétablir une trêve dans les régions touchées par des violences, notamment Alep, a indiqué devant la presse à Genève M. Kerry. Mais il est trop tôt pour dévoiler des détails.
Au terme de sa rencontre avec l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura, le secrétaire d’Etat a indiqué qu’il en parlerait plus tard par téléphone avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Pour le moment, seul du personnel supplémentaire dans le dispositif qui surveille la trêve depuis Genève a été annoncé.
A Moscou mardi
Staffan de Mistura doit pour sa part se rendre à Moscou mardi pour rencontrer le chef de la diplomatie russe, avec toujours le même sujet à l’ordre du jour : le rétablissement du cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 février mais gravement compromis ces derniers jours.
Moscou et Washington sont les initiateurs du processus de paix en Syrie, et M. de Mistura a indiqué que si les deux pays ne parviennent pas à s’entendre il n’est guère probable qu’il y ait des avancées.
Alliée du président syrien Bachar el-Assad, la Russie a fait état dimanche de pourparlers en cours pour parvenir à une suspension des combats à Alep. Les Etats-Unis avaient auparavant appelé à l’arrêt des bombardements du gouvernement sur la partie de la ville du nord de la Syrie tenue par les rebelles.
D’intenses raids aériens
Après plusieurs raids et affrontements dans la nuit entre régime syrien et rebelles dans la deuxième ville de Syrie, aucun raid ou tir n’a été entendu depuis le matin dans le secteur rebelle, selon un correspondant de l’AFP.
Des habitants se sont aventurés dans la rue, profitant du calme, et quelques échoppes ont ouvert leurs portes, mais la circulation restait faible.
D’intenses raids aériens avaient eu lieu dans la nuit selon le journaliste de l’AFP. Aucune indication n’a pu être obtenue dans l’immédiat sur d’éventuelles victimes.
Plus de 250 civils dont une cinquantaine d’enfants ont péri depuis la reprise le 22 avril des violences à Alep, la majorité dans des raids menés par l’aviation du régime, en violation de la trêve.
Se distancer à Alep du Front Al-Nosra
«Ce qui se passe à Alep est une honte. C’est une violation du droit humanitaire. C’est un crime», a affirmé lundi le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir, avant sa rencontre à Genève avec John Kerry.
Il a également accusé les Russes et le président Bachar el-Assad de violer «tous les accords conclus» pour soutenir le processus de paix.
Le secrétaire d’Etat américain a quant à lui expliqué que Washington allait demander aux rebelles modérés de se distancer à Alep du Front Al-Nosra, le plus important groupe djihadiste, en Syrie après l’Etat islamique (EI).
La Russie et le gouvernement de Bachar el-Assad ont justifié l’offensive sur Alep par la présence d’Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda, qui n’est pas englobé par l’accord de trêve du 27 février.
Moscou avait annoncé dimanche que des «négociations actives» étaient en cours pour faire terme les armes dans la province d’Alep.
Le Centre russe pour la réconciliation des parties belligérantes en Syrie, créé par l’armée russe pour superviser la trêve, a indiqué lundi que ces négociations se poursuivaient.
Paris condamne
A Paris, le ministère des Affaires étrangères a souhaité l’organisation rapide d’une réunion ministérielle du groupe international de soutien à la Syrie pour «restaurer la trêve», et a appelé les alliés russe et iranien de Damas à faire pression sur le régime syrien.
«La France condamne avec force les attaques du régime qui ont causé de nombreuses victimes» et «appelle les soutiens du régime à prendre leurs responsabilités et à user de leur influence sur Damas pour faire taire les armes», a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay Romain Nadal.
Le 3e round de négociations qui avait commencé le 13 avril s’est achevé le 27 avril à Genève. Les principaux représentants de l’opposition ont quitté la table des négociations pour protester contre la dégradation de la situation humanitaire et les violations de la trêve.
M. de Mistura a demandé à ce que le cessez-le-feu soit «revitalisé», avec l’aide de Washington et Moscou, et espère lancer un 4e round de pourparlers courant mai.
La guerre en Syrie a fait plus de 270’000 morts depuis 2011, selon l’OSDH.
Face à la tragédie à Alep, le hashtag «#AleppoIsburning» a été relayé massivement sur les réseaux sociaux, appelant à des manifestations de solidarité dans plusieurs pays du 30 avril au 7 mai. (afp/nxp)